Catherine de Médicis à Salon-de-Provence
(1563 - 1564)

   Nous n’avons retrouvé aucun exemplaire de l’Almanach et de la Pronostication pour 1564. Cependant, Chavigny a reproduit les treize quatrains-présages de cette année.

   Par ailleurs, nous possédons l’exemplaire d’un almanach anglais, dont le frontispice, le début de l’almanach et la fin de la pronostication manquent : A prognostication for the yeare of our Lorde God. 1564..., mais les quatrains ne correspondent pas à ceux de l'année 1564. Nous disposons également d’une pronostication italienne : Pronostico et Lunario de l’Eccellentiss. Filosofo, Medico, et Astrologo M. Michele Nostrodamo..., imprimée à Padoue en 1563.

   En 1563, Jean de Marcouville, gentilhomme percheron résidant à Montgoubert, écrit un livre intéressant intitulé : Recueil memorable des cas merveilleux... On trouve dans cet ouvrage une des rares indications d’une lecture attentive, de son vivant, d’un almanach de Nostradamus ou plus exactement supposé de lui. En effet, ce que Marcouville a lu, c’est le faux almanach Barbe Régnault pour 1563 !

   La rançon de la gloire, dit Brind’Amour, est d’être jugé non seulement sur ses propres écrits, mais sur les contrefaçons qui inondent le marché.

   Dans un de ses chapitres, Marcouville paraphrase la célèbre description de la peste d’Aix (1546) donnée par Nostradamus dans l’Excellent et Moult Utile Opuscule, sans toutefois indiquer sa source. L’auteur a donc lu au moins une oeuvre authentique de Nostradamus.

   En 1563 parurent les Palinodies de Pierre de Ronsard... sur ses discours des misères de ce temps. Il s’agit d’une parodie anonyme, dont nous avons cité un extrait précédemment à la louange de Nostradamus. L’auteur va reprendre quasi mot pour mot le poème de Ronsard, en le modifiant de manière subtile.

   Si, pour Ronsard, Dieu emprunte la voix de Nostradamus, pour le pamphlétiste, c’est le Malin qui agite son esprit. La même année 1563, parut encore à Lyon une Remontrance à la Royne mère du Roy sur le discours de Pierre de Ronsard des misères de ce temps. Nostradamus y est à nouveau pris à partie et dénoncé ici en tant qu’astrologue.

   La risposte ne se fit pas attendre, puisque toujours la même année 1563, on imprime à Paris chez Gabriel Buon : Responce de P. de Ronsard... aux injure et calomnies... sur son discours & continuation des misères de ce temps.

   Nostradamus a souvent été cité à cette époque, notamment dans toute cette polémique protestante.

   En février 1563, il s’en fallut de peu à Toulouse qu’une simple lettre de Nostradamus à des particuliers ne provoquât une émeute. Le récit, teinté de réprobation, vient du réformé Théodore de Bèze, dans son Histoire ecclésiastique des églises réformées au royaume de France :

   « Le quinziesme de Février audit an, peu s’en fallut que la ville ne fust entierement ruinée par une autre sedition, & le tout à l’occasion d’unes letres envoyées à Toulouse par ce bel Astrologue Nostradamus, ayant escrit à quelques uns qu’on se tinst sur ses gardes, comme estant la ville en danger d’estre prise ce jour-là. Sur ces letres donques de ce beau prophete, ayant esté renforcées les sentinelles & autres gardes parmi la ville, la populace se voyant les armes en main par l’authorité mesme de justice, s’esmeut tellement ceste nuit là, qu’il tint à peu que la ville ne fust saccagée, sans espargner Cardinal, President ni Conseiller, ni les autres plus opulens de la ville. Voilà que c’est d’adjouster foy à telle canaille de pronostiqueurs & devins, punissables par tout droit divins & humain, & notamment par un article des Estats tenus à Orléans. Mais ce n’est pas de maintenant que telles ordures, par un juste jugement de Dieu, ruinent les Royaumes & Republiques & qu’au Royaume de France, plus qu’en Royaume du Monde les bonnes & sainctes ordonnances ne consistent qu’en papier. »

   Nostradamus rédige son Almanach pour l’an 1565, imprimé à Lyon, par Benoit Odo. L’épître dédicatoire est au roi Charles IX. Quand Nostradamus compose son Almanach, au printemps 1564, on a attiré son attention sur des critiques provenant des milieux réformés. Il revient sur ses détracteurs genevois et se fait plus précis dans ses allusions.

   En 1564, Nostradamus a muni l’éditeur de son Almanach pour l’an 1565 d’une lettre autographe, pour qu’il s’en aide advenant des poursuites contre des fraudeurs ; la lettres est publiée à la fin de l’almanach.

   Nous allons tenter une reconstitution historique de la venue du roi de France, Charles IX, dans Salon-de-Provence, en 1564.

Catherine de Médicis à la rencontre de Nostradamus

   Après la paix d'Amboise, le 19 mars 1562, qui promulgua un édit permettant aux protestants le libre exercice de leur culte, la reine-mère, Catherine de Médicis, organisa un véritable « tour de France «, à la fin du mois de février 1564, accompagnée du jeune roi Charles, alors âgé de quatorze ans, du duc d'Anjou (le futur Henri III), du duc d'Alençon, et également du petit cousin Henri de Navarre (le futur Henri IV).

   Catherine de Médicis voulait réconcilier les Français autour de la royauté. Car quelques années auparavant, de nombreux troubles avaient eu lieu, notamment en Provence, entre Papistes et Huguenots, c'est-à-dire entre les catholiques traditionalistes et les partisans de la Réforme.

   La grande tournée du royaume que firent Catherine de Médicis et Charles IX passa par les villes de Troyes, Bar-le-Duc, Mâcon, Lyon et Valence. Le « train royal » les conduisit, le 23 septembre, aux portes d’Avignon où eut lieu, le lendemain, leur entrée solennelle. La caravane royale quitta Avignon le 16 octobre 1564.

   Il avait été prévu que la Cour passerait la Durance sur un pont de bois et de bateaux construit exprès pour l’occasion, après sa visite dans la ville, et prit le chemin de Marseille.

   Le cortège royal alla dîner à Château-Renard et coucher dans la ville natale de Nostradamus, à Saint-Rémy-de-Provence. Le lendemain, 17 octobre, le cortège royale s’arrêta à Salon. Nostradamus avait composé, au nom des habitants de la ville, des inscriptions latines de bienvenue, que nous retrouvons dans l'Almanach pour 1565. La caravane royale fit son entrée dans la ville, par le portail Saint-Lazare, escorté par de nombreux seigneurs de la Cour.

   César de Nostredame nous a laissé, dans sa volumineuse Histoire et Chronique de Provence, un récit pittoresque, à la fois imagé et naïf, sur la visite royale à Salon-de-Provence.

   Depuis un mois, les Consuls avaient préparé la réception du roi. A cause de la peste, épidémie provoquée semble-t-il, par la putréfaction des cadavres que l'on avait laissés pendus aux arbres, et qui avait éclaté pendant l'été, la ville était en partie déserte. Des émissaires furent envoyés dans les petits bourgs voisins pour obliger les habitants qui avaient déserté, à réintégrer leurs foyers. Les salonnais furent ainsi contraints de retourner chez eux, et de préparer leurs maisons pour le logement de toute la cour.

   Sur le parcours du cortège royal, depuis la porte d'Avignon jusqu'au Château de l'Empéri, on orna les rues de banderoles, et on avait dressé quelques simples arcades, revêtues de branches de buis. Les chemins avaient été empierrés ; de la lavande et de la branche odorante du romarin, jonchaient sur le sol. Quant aux bourgeois salonnais, ils avaient drapé les façades de leurs maisons de leurs plus belles tapisseries.

   Puis les cloches se mirent à sonner à l'entrée du jeune monarque. En tête du cortège, Charles IX apparut, revêtu d'un manteau de velours violet, cousu et parfilé d'argent, la tête coiffée d'une sorte de béret également violet, empanaché de blanc et entouré d'une rivière de diamants de toutes tailles disposés par ordre alterné. Il avait autour du cou une collerette à deux rangs de dentelles, sur laquelle se balançaient deux gros diamants suspendus aux oreilles par des chaînettes d’or. Il avançait, chevauchant un cheval, somptueusement habillé de manteau gris, harnaché de velours noir à franges d'or.

   Par sa grâce et sa jeunesse, le roi devait certainement plaire aux Salonnais, lesquels l'acclamaient, rangés de chaque côté de la rue.

   Ce furent les autorités consulaires de Salon, qui l'accueillirent à la porte principale, sous un poile de damas violet & blanc.

   Le premier Consul, Antoine de Cordes, avait prié Michel de Nostredame de se joindre à la délégation municipale, puisque ce dernier avait le grand honneur d'être connu et estimé de la reine-mère ; mais l'astrologue salonnais avait modestement refusé de faire partie du comité d’accueil et auprès du premier Consul, « son singulier & intime ami », nous confie César. Il avait préféré se mêler à la foule et assister comme elle à l'auguste cérémonie.

   Lorsque le cortège passa devant la maison de Nostradamus (aujourd'hui, au n° 11 de la rue Nostradamus), Antoine de Cordes et les consuls de la ville, montrèrent l' astrologue du doigt à Sa Majesté. Le roi s’arrêta pour le saluer, et Michel, tout en s’inclinant, prononça subitement cette astucieuse expression vraisemblablement empruntée d'un poète latin :

Vir magnus bello, nulli pietate secundus

   On pourrait traduire la première partie de ce vers par : « Homme grand à la guerre ». Mais on peut aussi bien traduire la seconde partie par « que nul ne peut dépasser par la piété » ou, plus subtilement : « que sa piété ne rend agréable pour personne ».

   Puis, Michel se retourna vers la foule et ne pût s'empêcher de proférer assez haut, en latin, ce reproche proverbial :

O ingrata patria, veluti Abdera Democrito !

    « Ô patrie qui est ingrate pour moi, comme Abdère le fut pour Démocrite ! »

   Nous savons que le philosophe grec Démocrite avait été banni par les Abdéritains, mais les Salonais ne se sont quand même pas comportés comme eux ; aujourd'hui, la ville de Salon-de-Provence ne possède pas moins de trois statues de Nostradamus !

   Charles IX et Catherine de Médicis ont certainement voulu connaître la raison de cette pique faite aux habitants de Salon, car il voulait certainement dire : « Ô terre ingrate, à quoi je donne quelque renom, vois l’état que le Roi daigne encore de moi ». Nostradamus n'avait pas oublié que peu d'années auparavant, il fut traité d'hérétique et de sorcier par des Salonnais fanatiques.

   L'auteur de la Chronique de Provence, que nous suivons pas à pas nous offre un commentaire, à ce propos, nous expliquant que son père reprochait aux habitants de Salon, par ces mots, et leur ingratitude et les vexations subies récemment de la part des Cabans :

   « Ce qu'il disait sans doute assez ouvertement en ce peu de mots, contre le rude & incivil traitement que certains séditieux mutins, gens de sac & de corde, bouchers sanguinaires & vilains Cabans avaient fait à lui, qui donnait tant de gloire à son pays. »

   Alors que le peuple restait papiste partout, les bourgeois et les humanistes se reconnaissaient volontiers dans le Calvinisme ; ainsi, Nostradamus était regardé comme suspect par la plupart des Salonnais, et ceci explique pourquoi il se plaint amèrement de ses concitoyens dès 1552, dans son Traité des Fardements les appelant « bêtes brutes, et gens barbares, ennemis mortels de bonnes lettres, & de mémorable érudition ».

   Nous avons vu prédemment que les « Cabans », ces paysans de la campagne salonnaise, fanatiquement attachés à la foi catholique, s'étaient mis en tête de maltraiter, vers le mois de mai 1560, tous les suspects de luthéranisme. Et Nostradamus fut inquiété, à tel point qu'il songea quitter Salon pour s'établir à Avignon.

   On trouve confirmation de l'appartenance de Michel de Nostredame à la religion réformée, dans une lettre datée du 15 juillet 1561, et adressée à son ami intime Laurent Tubbe Pomeran.

   Cette adhésion de Nostradamus au parti des Huguenots n'est pas aussi récente qu'on a voulu le faire croire. Lorsqu'il demeurait à Agen, dès 1534, des religieux du couvent des Franciscains de la ville déposèrent contre lui, lors d'une enquête menées dans cette ville par l'Inquisiteur de Toulouse, du 6 mars au 30 avril 1538. Nostradamus aurait prononcé, en leurs présences, des propos franchement luthériens.

   Poursuivons notre description de la visite royale.

   Charles IX, en assurant Nostradamus de son estime particulière, lui exprima le plaisir qu'il aurait s'il l'accompagnait jusqu'au Château. Le cortège se remit alors en route et Michel, sous les regards des Salonnais, marcha à côté du cheval du roi, la tête découverte, avec son bonnet de velours d'une main, et s'appuyant de l'autre sur une canne d'un « gros & très beau jonc marin d'Indie emmanché d'argent ... parce qu'il était quelquefois tourmenté de ceste fâcheuse douleur de pieds que le vulgaire appelle gouttes », conduisit Charles IX au Château, que l'archevêque d'Arles avait mis à la disposition de la Cour.

   Le cortège parvint jusqu'aux portes du Château, et, dans la propre chambre royale, Nostradamus s'est entretenu assez longuement avec ce jeune Roi et sa mère.

   L'ambassadeur d'Espagne, don Francès de Alava, qui accompagnait la suite royale lors de ce voyage à Salon rapporte que la reine-mère, lorsqu'elle parlait du prophète provençal, « avait l'air aussi pénétrée que si on lui avait cité Saint Jean ou Saint Luc. »

   Le même jour, Catherine de Médicis profita de la présence de Nostradamus pour l'interroger sur la destinée de son plus jeune fils, Alexandre, duc d'Anjou. Le prophète, après avoir regardé le prince, annonça à la reine que son enfant succéderait un jour à son frère sur le trône de France, ce qu'il advint sous le nom d'Henri III. La prédiction ne semble pas aussi évidente qu'à priori, étant donné le jeune âge de Charles IX.

   Cependant, Nostradamus avait remarqué la présence du jeune Henri de Béarn, tout juste âgé de 11 ans, qui était accompagné de son précepteur. Rappelons que c'est à la mère de ce prince, Jeanne d'Albret, que Nostradamus avait dédicacé vers 1545 son Interprétation des hiéroglyphes de Horapollo.

   Nous pouvons admirer au Musée de la Crau, à Salon-de-Provence, une peinture de Denis-Valverane (1870-1943) représentant la scène « historique » de la consultation horoscopique du jeune Henri de Navarre en présence de la reine Catherine de Médicis. Ce tableau rapporte-t-il un événement authentique ?

   Sur cette peinture, un enfant nu se tient debout au centre de la toile ; il s'agit du futur Henry IV. Le personnage à la longue barbe, qui pose sa main droite sur la tête de l'enfant, est sans doute notre médecin-astrologue.

   A gauche, c'est la reine-mère, assise, qui observe la scène avec une attention soutenue. Derrière Catherine de Médicis, le roi Charles IX, entouré de quelques sujets, contemple avec le même intérêt son cousin. Au fond, la cheminée Renaissance nous permet de reconnaître la salle du Château de l'Empéri, où Charles IX et sa mère accordèrent leurs audiences, en y recevant notamment Nostradamus. Mais il semble que ce soit là le seul aspect vraisemblable de l'événement peint.

   En effet, il est douteux que Nostradamus, très prudent dans tous ses textes destinés à la publication, ait prédit, en présence de la reine-mère, le couronnement prochain du jeune prince de Béarn ! Alors, doit-on attribuer, une fois de plus, à la légende dorée de Nostradamus cette consultation du futur Henri IV ? Il est probable qu'il y ait eu confusion avec l'examen d'un autre enfant, le duc d'Anjou, frère du roi Charles IX.

   Selon plusieurs recoupements, il semble qu'un rendez-vous fut pris secrètement avec le précepteur du jeune Henri de Navarre dans la maison de l'ami et neveu par alliance de Michel, Pierre Tronc de Coudoulet, afin de ne pas éveiller les soupçons de Catherine de Médicis. Après avoir examiné l'enfant, le docteur Nostradamus dit au gouverneur : « Si Dieu vous fait grâce de vivre jusque là, vous aurez pour maître un Roi de France et de Navarre. » Cette anecdote est rapportée par le chroniqueur Pierre de l'Estoile dans ses précieux Mémoires-Journaux, précisant : « Laquelle histoire prophétique le Roi a depuis raconté fort souvent même à la Reine : y ajoutant par gausserie qu'à cause qu'on tardait trop à lui bailler la chemise, afin que Nostradamus pût le contempler à l'aise, il eût peur qu'on voulait lui donner le fouet. » L’enfant fut-il effrayé par la barde de Nostradamus ?

   Charles IX n'avait que quatorze ans, et personne ne pouvait prévoir qu'il mourrait sans enfant, dix après, comme aussi, plus tard, le duc d'Anjou, son frère, et la branche des Bourbons allait remplacer celle des Valois, en 1589.

   Une autre anecdote, rapportée par plusieurs chroniqueurs, met en scène le même futur Henri IV. Un peu avant d'arriver à Salon-de-Provence, la caravane royale s'était arrêtée à Marseille et la Cour s'était rendue à la Cathédrale de la Major. Bien évidemment, le jeune Henri de Navarre, élevé dans la religion réformée n'y entra pas. Par jeu, son cousin (le futur Henri III) lui prit son bonnet et le jeta à l'intérieur de la basilique pour obliger l'enfant à franchir le seuil de la Cathédrale ; le jeune prince alla ainsi le ramasser. Comme on racontait cette plaisanterie à Nostradamus, il aurait dit que cela présageait le retour du prince dans l'Eglise romaine. Et, de fait, Henri IV devait y entrer par l'abjuration, le 25 juillet 1593.

   Le jour suivant, mercredi 18 octobre, dans l'après-midi, après avoir conféré à la ville de Salon des armoiries nouvelles et lui avoir accordé l'autorisation de nommer un troisième consul, le roi gagna Lambesc.

   Sur le chemin du retour, la caravane royale fut immobilisée dans Arles par une crue du Rhône. Le roi envoya quérir Nostradamus, sans doute pour lui demander combien de temps les eaux du fleuve mettraient pour rentrer dans leur lit.

   A l’occasion de cette visite, le roi, satisfait du prophète, lui fit donner un présent de deux cents écus d'or et la reine-mère ajouta, pour sa part, cents autres écus d'or. Le roi lui expédia par la suite « des Lettres patentes de Conseiller & de Medecin ordinaire ». Nostradamus devait être naturellement fier de ce titre de « Conseiller & Medecin ordinaire » de la personne royale, avec les appointements attachés à cette charge. L’Almanach pour l’an 1565, déjà dédié à Charles IX en avril 1564 par un heureux concours de circonstances en fait déjà état.

   La cour prit ensuite le chemin de Marignane, Aix, Saint-Maximin, Brignoles, Hyères, Toulon, Marseille, Marignane encore, Martigue ; puis elle demeura assez longtemps à Arles (du 16 novembre au 7 décembre) ; Nostradamus y fut mandé pour de nouvelles consultations : 

   « Pendant son séjour (le roi) fut desireux de voir plus amplement mon pere, qu’il envoya querir expres, auquel apres plusieurs discours, sçachant fort bien que le feu Roy Henry second de tresheroïque memoire son pere, en avoit cas particulier, & l’avoit beaucoup honoré à son voyage de France, il fit despecher avec un present de deux cents escus d’or, & de la moytié autant que la Reyne luy donna, ses patentes de Conseiller & Medecin ordinaire, aux gages, prérogatives & honneurs accoustumez. »

   A Arles, Nostradamus annonça à Catherine de Médicis que sa fille, la reine d’Espagne, était enceinte.

   A cette époque, des crises de goutte commenceront à tourmenter plus souvent et plus régulièrement Michel Nostradamus, et sa santé s'affaiblira rapidement. Mais il vivra encore deux ans entouré de la considération de ses concitoyens, lui, le petit-fils d'un marchand juif de céréales.

 

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