Jaume de Nostredame,
père de Nostradamus


   A fin de connaître le milieu dans lequel Michel Nostradamus est né et a vécut son adolescence, il faut maintenant nous pencher sur son père, Jaume de Nostredame.

   Jaume est l'équivalent provençal de Jacques.

   Jaume est né en Avignon, vers 1470, à l’époque où son père Pierre de Nostredame vient d’hériter de sa mère Venguessonne et achète l’usufruit d’une maison au plateau Saint-Didier. Il exerce d’abord la profession paternelle puisqu’on le nomme Jaume de Nostredame, « marchand, habitant d’Avignon », dans un acte qui précède de peu son mariage avec Reynière, fille de Reynier de Saint-Rémy, au diocèse d’Avignon.

   On trouve dans les archives de Vaucluse diverses dispositions prises par devant notaire entre le négociant d’Avignon et Jean de Saint-Rémy, au nom de Reynière, sa petite-fille, juste avant la célébration de leur mariage.

   Le 14 mai 1495, Jean de St-Rémy donne au jeune ménage :

     1° Une maison avec ciel ouvert à Saint-Rémy dans la rue du Viguier.

     2° Un mas avec ses près, ses terres incultes, sa vigne, située au quartier de Garanton à Saint-Rémy.

     3° Un pré d’une demi-sechoyrade, au même lieu-dit de Garanton.

     4° Une terre de cinq sestérées, toujours à Garanton.

     5° Une autre terre aussi de cinq sestérées, chemin de Beauchamps, confrontée du levant avec la terre de Me Girard Michot, du couchant avec le chemin de Saint-Nicolas.

     6° Un pré d’une sexteyrée à Pat-Cros.

     7° Un autre pré à Pat-Cros également, d’une sexteyrée.

     8° Une vigne de six journaux, lieu-dit au Vas.

     9° Une autre vigne de deux journaux à Servières.

   10° Une vigne et un verger d’oliviers, contigus, de six sexteyrées au lieu-dit le Rogadour.

 11° Une scobille avec un verger, dans un cul-de-sac.

    Le scobilium était l’endroit où l’on mettait les ordures.

   12° Une tuilerie avec une maison au lieu-dit à Jos.

   Sa vie durant, Jean de St-Rémy reste usufruitier de tout ce qu’il donne ci-dessus à sa petite-fille. Le jeune ménage habitera avec le grand-père et sa femme Silleta.

   A Saint-Rémy-de-Provence, Jaume et Reynière s’installent dans la maison de la rue des Barri où naîtra Michel, « confrontée à l’est avec ladite rue, à l’ouest avec les remparts, au midi avec la maison de Claude Millet et au nord avec la maison de Pierre Bagagnac ».

   Jaume de Nostredame commença par être marchand comme son père l’avait été en Avignon en 1474, et comme son frère Pierre devait l’être en Arles, une dizaine d’années plus tard.

   Mais, bientôt, Jaume de Nostredame, qui vient d’avoir un fils, à la fin de 1503, Michel, le futur Nostradamus, ajoute à son métier de marchand l’exercice de la profession de notaire. Quelques années plus tard, il n'exerce pratiquement que cette dernière profession.

   Du 17 octobre 1511, nous avons un acte intéressant dans les archives de Vaucluse concernant Jacques de Nostredame, habitant de Saint-Rémy. Les affaires prospèrent et Jaume de Nostredame se commande un mobilier :

    Le petit Michel a déjà huit ans et aussi quelques petits frères.

     1° Deux châlits, en bois de noyer de 8 palmes de large, 9 de long, 3 de haut.

     2° Deux autres châlits de noyer de 8 palmes de long, 7 de large, 3 de haut.

     3° Un autre châlit de noyer de 7 palmes de long, 5 ½ de large et 3 de haut.

   Tous ces châlits en façon lit de camps, excepté les châlits à panonceaux, drapés avec les bords dessus et au-dessous, seront en noyer, de même que les portants.

     4° Un buffet de noyer ouvragé, de 6 palmes de long.

     5° Une table de noyer d’une porte, de 12 palmes de long, 3 palmes de large, avec ses tréteaux, en potence de noyer.

     6° Une étagère en noyer, de 12 palmes de long.

     7° Une table ronde avec sa cathèdre de noyer.

     8° Une douzaine d’escabeaux de noyer.

     9° Un coffre à fermoir de sapin avec ses membrures et ses ferrures, d’une capacité de huit petites saumées.

   C’est à cette époque que nous trouvons aux archives départementales des Bouches-du-Rhône un document qui confirmerait, s’il en était encore besoin, l’origine juive de la famille des Nostredame :

   « En 1512 et le vingt unième jour du moys de décembre, Louis Douze roi de France, se trouvant en disette et besoin d’argent pour survenir aux frais de la guerre et aux grandes affaires touchant au royaume, fit imposer cinquante mille livres sur les nouveaux chrétiens descendus de vraye tige et race judaïque et hébraïque... ainsi qu’il appert par les lettres pattentes dudit Roy, du dernier décembre 1512, données à Blois. »

   Douze répartiteurs furent nommés pour la Provence dans la juridiction d’Aix. Parmi les trois cotisants désignés pour Saint-Rémy-de-Provence, on trouve Jaume de Nostredame, imposé pour vingt-cinq livres. Son frère Pierre est sur la liste d’Arles pour une somme de trente livres.

   Comme son arrière-grand-père Vital, fils d’Astrugue, de Carcassonne, il s’y reprend au moins à trois fois pour dicter ses dernières volontés. Chacun de ses testaments traite de façon différente ses enfants qui peuvent prétendre à des legs : Michel, médecin (le futur astrologue naît en 1503) ; Hector ; Bertrand (qui sera commerçant, naît en 1518) ; Louis, clerc et notaire ; Pierre, épicier ; Jean, notaire (par la suite procureur au Parlement de Provence, naît en 1522) ; Antoine (1523) ; Delphine.

   Michel aura seulement 5 florins seulement parce que son père a dépensé plus de 500 pièces d’or pour lui faire obtenir une situation élevée.

   Le vieux notaire demande à être enterré au grand cimetière paroissial, dans le tombeau où furent ensevelis ses enfants. Ils doivent s’y trouver en assez grand nombre, car Reynière lui en a donné dix-huit, s’il faut en croire une lettre de son fils Jean, à Scipion Cibo, en janvier 1570.

   Dans le registre de la Cour de Comptes d’Aix-en-Provence, se trouve des lettres de « naturalité », en date du 22 octobre 1540, en faveur de Jacques de Nostredame, ainsi que pour son frère Pierre :

   « Nous avons reçu, disait le roi François I°, l’humble supplication de nostre bien-aimé Jacques de Nostredame, habitant de nostre ville de Sainct-Rémy en nostre dict pays de Provence, contenant qu’il est natif de la ville d’Avignon, membre deppendant de nostre dict pays de Provence, et que depuis quarante ans sa [de ça] ou environ il est habitué en nostre pays de Provence et de ladite ville de Sainct-Rémy en laquelle il a fame et enfans. »

   Comme cela ressort de ces lettres de naturalité, Jaume, à l’instar de son frère Pierre, a du quitter la ville d’Avignon tout au début du XVIe siècle.

   Il semble que le père de Nostradamus dut mourir vers la fin de 1546 ou au début de 1547, puisque, le 6 février 1547, une transaction était passée à Saint-Rémy, entre Jean de Nostredame, habitant de ladite ville, et ses frères Bertrand, Hector et Antoine, tous enfants et cohéritiers de Jaume de Nostredame.

   Voir ci-après notre Tableau généalogique n° 6 :

Généalogie de Jaume de Nostredame

 

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