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ANALYSE |
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La chronicité des événements
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La Lettre à Henry, Roy de France second peut-elle livrer un message crédible sur le passé, le présent et l’avenir ? Pour répondre affirmativement à cette question, il faudrait voir apparaître des événements selon un ordre chronologique, ce qui constituerait un noyau dur, une preuve inscrite dans le temps et l’espace assurant ainsi plus de crédibilité à l’interprétation que nous pouvons donner à cette épître. Nous tenterons de montrer qu’il existe dans ce texte une cohérence, une chronicité des événements en faisant un survol de son contenu. Mais cela ne sera certainement pas suffisant pour créer un doute raisonnable dans l’esprit d’un J. Halbronn bien rapide à identifier chez ces interlocuteurs du nostradamisme apologétique et à déplorer la pratique du verrouillage dans l’argumentation. Nous laissons ouvertes toutes les options sur le caractère composite, collectif ou unique de la lettre. Sauf que, jusqu’à présent, les arguments utilisés pour mettre en doute la paternité de Nostradamus sur cette lettre ne tiennent pas la route, lorsqu’ils sont confrontés à la connaissance que nous avons acquise du caractère hautement structuré de la lettre, des méthodes d’occultation et des stratégies de diversion de l’auteur. N’en déplaise aux âmes sensibles, il est élémentaire de comprendre que, par nature, un texte codé vise à confondre les uns, forcément à les tromper, tout en éclairant les autres. C’est ce que l’auteur réussit admirablement. Notre propos n’est pas de défendre à tout prix cette lettre comme partie prenante et indissociable du troisième volet du canon nostradamique, ou de croire que chaque mot du texte dont nous disposons aujourd’hui vient de la plume de Nostradamus, mais de défendre le contenu du texte tel que nous le comprenons. La seule chose dont nous sommes actuellement convaincu, c’est l’importance et la pertinence du contenu et non les polémiques qui se rattachent au contenant. Chaque cas d’interpolation possible doit se juger au mérite. Et à l’instar du droit anglo-saxon, nous pensons que le fardeau de la preuve revient aux contestataires du droit d’auteur. Si Michel de Nostredame doit être dépouillé, en tout ou en partie, de sa paternité sur la Lettre à Henry que cela se fasse pour les bonnes raisons et non pas par défaut.
Une fois terminée la mise en contexte et les considérations générales, la Lettre à Henry se compose de deux parties identiques ayant une structure bien arrêtée :
Introduction et considérations générales
L’introduction aborde des thèmes généraux relatifs au rôle spirituel qui incombera au chef de la France seconde. L’auteur affirme devoir se retrancher derrière une obscurité dictée par l’Inquisition, l’utilisation d’un style pompeux emprunté à Plutarque et se réclamer d’une inspiration naturelle absente de tromperie. Il occulte des faits historiques liés à l’échec de la France en Amérique et il annonce une supputation précise du passé, du présent et du futur. Il affirme que rien ne se joue d’avance et qu’il partage avec d’autres la paternité de ce qu’il offre à la postérité. Il se prédit à lui et à ses écrits une gloire posthume tout en faisant une profession de foi religieuse qu’il faut replacer dans le contexte de son temps. Cette profession de foi est un peut-être d’une origine douteuse, mais elle ne change en rien le sens des propos tenus par ailleurs dans la lettre.
L’introduction de la lettre demeure l’endroit le plus susceptible de contenir des éléments étrangers, des interpolations et des ajouts faites au cours des décennies suivants la mort de Nostradamus. Mais le noyau dur constitué par la nomenclature des événements, les chronologies et le solutionnaire aux chronologies (l’énoncé de positions astrales) ne peuvent pas avoir été impunément soumis à ce régime sans que nous puissions y en déceler la trace. L’exemple du 24-27 février de l’énoncé de positions astrales en est un exemple, que nous n’avions pas soumis aux lecteurs en toute innocence de cause comme semble le croire J. Halbronn. Il nous semble plus important de chercher à comprendre les choses plutôt que de chercher à avoir raison à tout prix. Cette coquille du 24-27 février que nous avions présentée comme une hypothèse, une possibilité, s’est transformée en affirmation de Barrois sous la plume de Halbronn : Mais contrairement à Mathieu Barrois, le 27 au lieu du 24 ne serait nullement, selon nous, l’indication d’une édition réalisée à partir d’un manuscrit mais bien un avatar tardif... Nous appelons cela se faire verrouiller par quelqu’un d’autre.
Première partie de la Lettre à Henry
Cette partie de la lettre commence par la déclinaison des intervalles de temps de la première chronologie, suivie de quelques précisions sur les sources d’inspiration de l’auteur, sur l’absence d’ambiguïté dans l’interprétation à donner au texte de la présente lettre, sur la méthode que l’auteur affirme tenir d’une inspiration naturelle et enfin des considérations d’ordre philosophique faisant dire à l’auteur qu’il ne se prend pas pour un prophète, ni pour un tenant de la fatalité. On arrive ensuite au coeur même de la lettre avec un enchaînement d’événements que nous pouvons associer à des faits historiques en suivant parfaitement l’ordre chronologique à quelques exceptions près.
De la Révolution française à nos jours
01 - La chute du régime monarchique en France
02 - Le Consulat et le premier empire
03 - La terreur et la guerre sous la République et l’Empire
04 - La naissance des mouvements ouvriers et du marxisme
05 - La montée des régimes militaristes
06 - Les puissances de l’axe (suite en 07) et l’expansionnisme russe (suite en 08)
07 - La chute des puissances de l’axe
08 - Les mouvements révolutionnaires en Russie
09 - Le climat de peur à l’aube de la Révolution de 1917
10 - La Révolution d’octobre et les 73 ans et 7 mois du régime communiste
11 - L’opposition de l’Église polonaise au régime communiste
12 - La fin de la guerre froide et la réunification allemande
Avec la réunification allemande se termine les événements touchant presque exactement 200 ans d’histoire en Europe, des années 1790 à 1990. La suite des événements se transporte dans un autre lieu, au Moyen-Orient à partir de la fin du XIXe et au début du XXe siècle.
L’Occident dans le monde arabe
14 - La reconquête de la dignité musulmane
15 - Les méfaits du colonialisme au Moyen-Orient
L’auteur ne se contente pas d’enchaîner platement les événements les uns après les autres. Il lui arrive, nous semble-t-il, de porter un jugement sur l’histoire en inversant l’ordre des faits pour remonter à la cause d’une tragédie. De plus, en modifiant légèrement l’ordre chronologique des événements l’auteur fait d’une pierre deux coups, parce que ce procédé s’avère aussi une bonne tactique d’occultation du sujet traité. Nous avons un exemple avec l’Irak qui, pendant un temps, a servi de rempart aux monarchies du Moyen-orient et à l’Occident contre la menace venant du pouvoir intégriste iranien. Par la suite, le régime irakien a été lâché par l’Arabie Saoudite avant d’être neutralisé par la coalition lors de la guerre du Golfe en 1991.
L’effet à 16
- La destruction de la puissance militaire irakienne en 1991
La cause à 17, 18 et 19
- Une Arabie Saoudite servile envers l’Occident
18 - La chute du chah en 1979
19 - L’arrivée au pouvoir des intégristes en Iran
20 - Des guerres entre groupes religieux (en Yougoslavie et en Afghanistan)
L’avenir
L’avenir proche, partant du possible en allant au probable jusqu’à l’inéluctable, se dessine plus ou moins précisément sans que nous ayons besoin de référer aux prédictions d’un Nostradamus. Le terrorisme à l’arme chimique, bactériologique et nucléaire est désormais une menace réelle. Mais le contenu d’un texte écrit depuis plus de quatre cents ans aborde avec un synchronisme troublant des faits qui sont d’une actualité criante et qui n’ont pas leur équivalent dans les sujets précédemment traités dans la lettre. Une pestilence si grande, que des trois pars du monde plus que deux defaudront, qui suivrait une nouvelle incursion par les martimes plages dans des territoires victime d’une premiere reprise mahumetane (événements présentement en cours en Irak), pourrait entraîner une désolation telle que les plus grandes citez seront depeuplees, & ceux qui entreront dedans, seront comprins à la vengeance de l’yre de Dieu. Et se produirait une calamiteuse affliction sur les femmes enceintes et un dialogue de sourds entre (les Occidentaux) des latins & des Arabes à la grande societé (des nations à l’ONU) jusqu’à la provocation d’un si grand bruict & tumulte bellique en Orient.
Deuxième partie de la Lettre à Henry
Cette partie de la lettre annonce que la deuxième chronologie est bien peu conforme à la première (ce qui nous semble assez évident), et qu’il faudra encore bien du temps pour l’interpréter jusqu’à ce que vostre majesté m’aye octroyé ample puissance pour ce faire, pour ne donner cause aux calomniateurs de me mordre. Et avant un retour à la Révolution française, indiqué par la date de 1792, le texte enchaîne sur la deuxième chronologie et l’énoncé de positions astrales.
De la Révolution française à nos jours
21 - L’an 1792, prélude à de continuels changements
22 - Chute de la république de Venise
23 - Le déclin de l’Empire ottoman
24 - La fin de l’Empire ottoman d’Europe
25 - Adolf Hitler, la face visible de l’Antéchrist
26 - La fin du règne d’Hitler et de Mussolini
27 - L’armée du général De Gaulle et les alliés en Italie
28 - La destruction de documents dans le bombardement de Berlin
29 - Le conflit israélo-arabe
30 - L’immigration juive à partir de Russie
31 - Les persécutions en Pologne
32 - Les persécutions en Irak
33 - Les persécutions en Iran
34 - La maladie et la famine suite à la guerre du Golfe
L’avenir
Il reste peu d’espace dans le texte pour des événements à venir. Mais l’essentiel tient à trois choses : l’avènement d’une si grandes tribulations ... par toutes les regions Latines, le retour en force de l’antechrist et son renvoi dans la profonde fosse qui amènera une paix universelle dans le monde.
Conclusion de la Lettre à Henry
La lettre conclut sur la nécessité d’une retenue dictée par la censure, sur l’annonce de la venue de l’humanissime Henry, que nous supposons porteur d’une mission humanitaire. Pour finir, les dernières lignes sont consacrées aux salamalecs d’usage.
Un travail à poursuivre
Nous avons ainsi recensé environ trente-quatre événements attribuables au passé sur un peu plus d’une quarantaine contenus dans la lettre. Ce constat serait en accord avec les conclusions à tirer des chronologies qui indiquerait une durée de 484 ans sur l’ensemble du calendrier des événements. Nous sommes à environ 92 % du temps passé à partir de 1555 (2003-1555 = 448 / 484) avec à peu près 85 % des événements déjà derrière nous. Nous sommes bien conscient qu’il reste à faire des analyses plus pointues et des recoupements pour parfaire la mise en concordance du texte avec les faits historiques. Mais nous pensons que cette mise en ligne d’une trentaine d’événements en ordre chronologique pendant deux cents ans d’histoire, mérite de la part de quiconque ayant l’esprit ouvert une considération qui devrait ébranler les plus sceptiques.
Mirage et illusion
Mais ce futur qui semble déjà inscrit sur le papier depuis plus de quatre siècles tient-il du prophétisme ou provient-il d’avenues tout à fait conforme à une loi de la nature non encore connue ou découverte ? Quelle serait cette condition de passage non linéaire du passé vers un futur non soumis à un quelconque déterminisme historique ? Que faut-il répondre à J. Halbronn lorsqu’il dit : Ainsi; affirmer que le futur se retrouve dans ce qui a déjà été écrit et qui, quelque part est mort, c’est soutenir que la mort est vie, qu’au fond la vie est un mirage, une illusion.1 N’est-ce pas notre perception linéaire du temps qui est un mirage, une illusion plutôt que la vie elle-même ? Les chercheurs en physique quantique nous apprennent à revoir notre compréhension des limites temporelles en remettant en question la conception linéaire du temps. Ce qui nous semble banal aujourd’hui était inconcevable encore hier. Comment expliquer à un homme du Moyen-âge que l’image de sa personne et sa voix puissent se transmettre instantanément partout sur notre planète, une planète ronde de surcroît ? Il ne faudrait pas en ce début de XXIe siècle répéter l’erreur de certains scientifiques du début du XXe siècle qui considéraient alors que la science avait désormais tout découvert et tout expliqué sur les lois de la nature.
Mathieu Barrois
Québec, le 6 décembre 2003
Note
1 Cf. son étude Le nostradamisme, du mimétisme du passé à celui du futur. Retour
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