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ANALYSE |
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L’iconographie nostradamique
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La recherche des sources a généralement pour effet de faire prendre conscience de ce qu’un texte ou une image ont été sortis de leur contexte et qu’ils n’en retiennent qu’une partie. On le sait assez à propos des sources textuelles, on le sait moins quant aux sources iconographiques pour lesquelles la recherche se limite souvent à localiser l’état le plus ancien du document sous la forme qu’on lui connaît - c’est particulièrement le cas des 12 signes du Zodiaque - alors qu’il conviendrait de poursuivre jusques à parvenir à un ensemble plus vaste dont les images étudiées auraient été extraites, c’est-à-dire dont elles ne seraient que des éléments.
Nous présentons ici la suite d’une étude (n° 85) du même nom, parue sur Espace Nostradamus. En fait, sur certains points, nous avons approndi notre réflexion et mieux su exploiter les matériaux disponibles. Nous avons, dans un précédent article1, montré comment tel almanach nostradamique anglais pour 1563 avait attiré notre attention, en raison de sa vignette, ce qui nous avait permis de montrer qu’il s’agissait de la traduction de l’almanach Barbe Regnault pour 1563, ce qui n’avait jamais, à notre connaissance, été signalé.
On peur parler, en l’occurrence, de déviances, en ce que notre représentation du cours des choses s’en trouve biaisé, que cela tienne à des contrefaçons délibérées ou à des corruptions dues surtout à l’incompréhension de ce qui est transmis. Les deux aspects se recoupant souvent, dès lors que l’incompréhension conduit à valider les contrefaçons.
Un des derniers arguments soulevés, en désespoir de cause, par certains nostradamologues, face à nos résultats de recherche, consiste à affirmer que l’on ne pouvait pas fabriquer aux XVIe et XVIIe siècles d’éditions antidatées aussi parfaites, c’est-à-dire aussi conformes à la période d’édition supposée. L’on sortirait ainsi du terrain de la critique interne, un peu trop complexe pour l’entendement et la formation de certains, pour se réfugier dans le bastion de la critique matérielle. Il faudrait d’ailleurs se demander sur quoi se base la réalisation de bibliographies, quelle en est l’épistémologie. Il serait bon qu’un de nos bibliographes s’explique un jour sur ses méthodes de travail, ce ne serait pas triste.
En réalité, le problème des faux antidatés ne se distingue guère de la question des rééditions. La seule différence, c’est qu’au lieu de rééditer un texte déjà paru chez l’éditeur annoncé, on se sert de son matériel éditorial pour publier un texte qui n’est pas paru chez lui ou en tout cas pas avec le même contenu, si le titre a été conservé. Le cas de Macé Bonhomme, signalé par Patrice Guinard2 est caractéristique : visiblement on s’est servi pour fabriquer la fausse édition 1555 des Centuries d’autres ouvrages mis en lumière par ce libraire. Or, est-il beaucoup plus difficile de rééditer le même ouvrage d’un libraire donné, à trente ans de distance, que d’éditer un ouvrage inconnu de ce libraire, mais avec les éléments propres au dit libraire ? Un autre cas de figure peut être celui d’un libraire qui n’a pas publié à la date indiquée l’ouvrage en question mais qui l’a publié ultérieurement en faisant croire qu’il l’avait publié antérieurement ; il sera bien placé pour fabriquer un parfait vrai faux. Ou encore, un libraire ayant bien publié le dit ouvrage épuisé et prétendant trente ans après qu’il lui en reste en stock et en faisant alors un retirage, comme si de rien n’était, sans annoncer qu’il s’agit d’une nouvelle édition.
Renversons plutôt le problème : face à toutes ces manipulations matérielles possibles et réalisables qui peuvent tenter le monde des libraires - ce qui leur confère un certain pouvoir - la seule issue n’est-elle pas précisément la critique interne dans la mesure où de telles contrefaçons comportent, quant à leur contenu intellectuel, des aberrations chronologiques, au vu de l’histoire du texte concerné ? On est un peu dans l’opposition entre Science et Technique, certains nostradamologue préférant se situer sur le plan technique et d’autres sur le plan scientifique, à ce détail près que les considérations proprement techniques sont assez rudimentaires.
Dans la présente étude, nous étudierons l’influence et la fortune d’un ouvrage majeur pour l’histoire des Almanachs, à savoir le Kalendrier et Compost des Bergers, dont les premières éditions imprimées datent des années 1490 et peut-être un peu avant.3
Nous avions déjà évoqué ce que doit la production nostradamique à cet ouvrage maintes fois réédité tout au long du XVIe siècle et qui fit également carrière Outre Manche, dès sa première décennie, sous le titre de Shepherd’s Kalendar. Nous présentons ici un dossier plus conséquent.
Rappelons déjà nos observations antérieures, concernant les quatrains et la vignette M. De Nostradame figurant sur les éditions des Prophéties de Michel Nostradamus 1555, 1557, 1588, 1589 ainsi que sur la pronostication pour 1562 et sur un certain almanach pour 1563, - ainsi que sur tel almanach anglais pour la même année 1563 - les deux dernières productions françaises portant référence à Barbe Regnault.4 Cette série se distingue en effet très nettement de celle placée sur les Pronostications annuelles pour 1555, 1557, 1558 et sur les Significations de l’Eclipse pour 1559. Nous avons montré que c’est cette seconde série qui relève de la gravure du Berger de la Montagne et non pas la première qui dérive, elle, de la vignette représentant Galien, dans l’édition Antoine du Rosne 1557 ou 1558 de la traduction par Michel de Nostredame de la version latine de la Paraphrase sur l’exortation de Ménodote de Galien.5
Les gravures sont souvent issues de peintures en couleurs, c’est ainsi que le Kalendrier des Bergers tient des Livres d’heures. Même la vignette campant un personnage écrivant dans son cabinet pourrait bien venir d’une fresque de 1480 due à Domenico Ghirlandaio, se trouvant à Florence, à l’Eglise des Ognisanti (Toussaint). Elle représente Saint Jérôme (Ve siècle) commentateur et surtout traducteur de la Bible en latin, bien connue sous le nom de Vulgate.
Saint Jérôme, traducteur de la Bible en latin (Vulgate) dans son cabinet d’étude, par Domenico Ghirlandaio :
une fresque peut être à l’origine de la vignette du Kalendrier des Bergers,
reprise dans les Pronostications annuelles de Nostradamus (1557-1558)
Nous fournissons ci-dessous toute une série de vignettes ou gravures issues de diverses éditions du Kalendrier des Bergers (KB). Le rapprochement avec la vignette des Pronostications de Nostradamus nous semble assez frappant et l’on peut même considérer que c’est celle qui figure dans l’édition de Nicolas Bonfons du Grand Kalendrier et Compost des Bergiers qui a pu servir pour ce faire, car il convient de rechercher les sources les plus proches, celles qui ont été transposées quasiment telles quelles.
Un autre aspect bien connu du dossier6 concerne le recours aux quatrains dans les almanachs de Nostradamus, plus précisément dans les calendriers qui s’y trouvent car alors la comparaison est assez saisissante. Une seule exception, on le sait, est celle de l’année 1555, où les quatrains, étrangement, se trouvent dans la Pronostication et point dans le cadre d’un calendrier. On ne saurait passer sur cette anomalie.
On connaît des almanachs de Nostradamus qui comporte les quatrains en dehors du calendrier. C’est notamment le cas de l’almanach pour 1565, Lyon, Benoist Odo, le seul cas où un almanach de Nostradamus comporte une vignette représentant un personnage, en dehors de l’almanach Barbe Regnault 1563 et de sa version anglaise, dont nous avons qu’il s’y trouvait une vignette de type Galien, laquelle se caractérise notamment par un personnage assis dans un fauteuil et non sur un petit banc comme dans la vignette M. De Nostredame.
Cet almanach pour 1565 ne comporte plus de quatrains dans le calendrier mais les dits quatrains se retrouvent bel et bien dans le corps de l’ouvrage, dans une présentation qui nous semble très proche de celle de la Pronostication pour 1555, supposée parue dix ans plus tôt.7
Tout se passe donc comme si les faussaires avaient pris exemple sur l’almanach pour 1565 ou un autre du même genre dont ils disposaient pour élaborer cette Pronostication pour 1555. Nous reproduisons la transcription de Chevignard avec le passage correspondant, malheureusement très peu lisible, du quatrain pour décembre 1555, du Manuscrit de la Bibliothèque de Lyon La Part Dieu ainsi que des pages de l’almanach susmentionné pour 1565. On notera l’assez médiocre description des almanachs de Nostradamus tant par M. Chomarat que par R. Benazra, lesquels, par exemple, ne précisent, ni l’un ni l’autre, que le calendrier de l’almanach pour 1565 ne comporte pas de quatrains tant et si bien que l’on peut avoir l’impression que les almanachs de Nostradamus suivent tous un seul et même agencement. A noter que cet almanach pour 1565 semble constituer une exception du moins par rapport almanachs conservés et c’est précisément une telle présentation qui semble avoir été adoptée par la Pronostication pour 1555 bien plutôt que l’inverse.
Ce qui nous paraît, en tout cas, fort improbable, contrairement à ce que nous a soutenu dans une récente réunion, à Toulouse, Patrice Guinard, c’est que l’on ait commencé par une formule hors calendrier pour passer ensuite à une formule quatrain calendrier. C’est bien plutôt l’inverse qui est susceptible de s’être passé, dès lors que l’on dispose de la source, à savoir le KB. On a là un argument qui n’est pas lié au contenu, ni à l’étude du papier ou des caractères mais qui relève de l’étude de la présentation des données de l’ouvrage considéré. Nous apprécions spécialement ce type d’approche même si nous ne négligeons pas les problèmes de contenu qui sont parfois plus difficiles à mettre en évidence. En fait, c’est la combinaison de ces deux approches qui nous semble la meilleure formule.8
Ce qui peut surprendre, c’est que ce soit la Pronostication et non l’almanach, qui, dans la production nostradamique, comporte une vignette *M. De Nostredame, de type KB, ce qui semble indiquer que Pronostication et almanach étaient intimement associés et peut-être à l’origine ne faisaient qu’un, étant donné que l’on n’a pas conservé les exemplaires des premières années de la décennie 1550, alors que l’on sait, notamment par Videl, qu’ils ont existé, sans parler du manuscrit du Recueil des Présages Prosaïques (RPP). On a là un contenu mais pas sa forme. Cela dit, si notre mise en question de la Pronostication pour 1555 se révèle correcte, le dit RPP, édité par Jean Aimé de Chavigny, mais apparemment resté au stade du manuscrit, à la différence du Janus Gallicus qui en est en partie le commentaire, deviendrait assez suspect. On a d’ailleurs du mal à croire que le JG de 1594 ait pu commenter des présages alors que ceux-ci n’avaient fait l’objet d’aucune édition globale et dataient d’une quarantaine d’années pour les plus anciens. On n’exclura donc pas qu’une édition imprimée du RPP ait eu lieu, sachant que de toute façon elle était prévue et devait paraître à Grenoble en 1589. Pour quelque raison, il semble en tout cas que l’on ait publié le JG sans le RPP. Rappelons en outre que l’on ignore quelle édition des Centuries VIII-X, le JG se sert étant donné que les dites centuries ne sont pas éditées à Paris, Rouen ou Anvers, dans les années 1580. Là encore, de quoi disposait le lecteur du JG, en 1594 (deux éditions) ou en 1596, quant à la réédition parisienne partielle ? On ne reviendra pas ici sur la question des éditions de ce que l’on appelle généralement le second volet qui seraient parues selon Benazra et Chomarat, dans les années 1590, à commencer par l’édition Cahors, Jacques Rousseau, 1590 et en poursuivant par les éditions rigaldiennes, à partir, précisément, de 1594.
Laissons, pour l’heure, de côté bien entendu les quatrains des Centuries qui correspondent à un état bien plus tardif mais qui dérivent, selon toute probabilité, de ce même phénomène des quatrains, mais cette fois sans lien avec une quelconque mention des mois et des années, ce qui ne semble pas faire problème pour le JG qui redate les Présages. Venons-en au passage des quatrains mensuels du KB à leur présence dans l’almanach de Nostradamus des années 1550. La différence principale tient au fait que les quatrains des almanachs sont renouvelés chaque année alors que ceux du KB ne bougent pas, étant donné que nous avons affaire à une sorte de calendrier perpétue, ce qui fait écho aux vaticinations perpétuelles de la toute première Epître à César, protocenturique. De surcroît les quatrains du KB sont en latin et non pas en français, si ce n’est le chapeau. En revanche, dans le Compost et Kalendrier des Bergères (Guy Marchant, 1499, BNF Réserve V 1266 et Jehan ¨Petit, s.d. V 275), les quatrains mensuels sont bien en français, on les appelle des dits. On trouvera au demeurant dans la littérature nostradamique des quatrains également en latin en exergue de prédictions mensuelles, mais hors du cadre du calendrier où le français est de rigueur pour les quatrains.
Benoist Rigaud et le Kalendrier des Bergers
Nous avons retrouvé une édition datée de 1597, soit la dernière année d’activité de Benoist Rigaud, du Grand Calendrier et Compost des Bergers.9 Or, nous notons que le dit Rigaud ou les Rigaud qui suivirent (Héritiers, Pierre etc), se sont servi des vignettes mythologico-planétaires pour certaines éditions des Centuries.
Vignettes mythologico-planétaires
Il s’agit d’une série de 7 écussons, entourés d’une devise spécifique, portant le nom de l’astre, entouré des vignettes des signes qu’il régit, et associé à un jour de la semaine différent et dans laquelle l’iconographie nostradamique a puisé.
Jupiter10, entouré des Poissons et du Sagittaire, est la vignette qui revient le plus souvent : elle illustre notamment une édition Benoist Rigaud, datée de 1568 : les Prophéties de M. Michel Nostradamus etc. Anatole Le Pelletier la reprendra en 1867, en frontispice de ses Oracles.
L’écusson Soleil se retrouve dans une édition des Prophéties Perpétuelles de Moult, dont on sait qu’une édition paraîtra en 1866, aux côté des Centuries Chevillot.
L’écusson Mercure, comportant les Gémeaux et la Vierge, figure au XIXe siècle en frontispice des Nouveaux Pronostics de Maître Michel Nostradamus, Avignon, 1856/1857.
L’écusson Saturne11 figure, quant à lui, en frontispice d’une édition salonaise des Prophéties de M. Michel Nostradamus divisées en dix Centuries.
Jupiter et Saturne dans les Prophéties
Jupiter dans les Pronostications
Mercure dans les Nouveaux pronostics
Soleil dans les Prophéties perpétuelles
Nous n’avons pas retrouvé à ce jour, dans le corpus nostradamique, les écussons de la Lune, de Vénus, de Mars, mais la présence de quatre écussons planétaires figurant dans le KB est suffisamment concluante.
Par ailleurs, il existe des variantes des vignettes en question, c’est ainsi qu’un écusson Jupiter mais sensiblement redessiné, et dans un cadre carré et non plus ovale, sans devise latine, figure au frontispice de la Prognostication pour 1567 de Mi. De Nostradamus, Paris, Guillaume de Nyverd. On doit tout de même se demander à quelle époque l’on a commencé à utiliser les blasons planétaires du Kalendrier des Bergers. Autant que l’on puisse en juger : assez tard, l’édition Benoist Rigaud 1568 concernée étant antidatée. Il semble bien que dans les années 1566-1568, on recourut à des transpositions comme l’atteste précisément la vignette Jupiter de la Prognostication pour 1567 et non des écussons du KB, peut-être du fait que le KB continuait à paraître. Par la suite, l’écusson Jupiter du KB put être utilisé dans le corpus nostradamique.
La présence de ces écussons qu’il faut bien qualifier d’astrologiques, puisque se référant à la théorie des Dignités planétaires, a probablement contribué à indiquer une certaine dimension cosmique.
Le Kalendrier des Bergers, lui-même compilation de diverses sources iconographiques et autres, dont notamment les Très Riches Heures du Duc de Berry ( manuscrit conservé au Musée Condé de Chantilly), qui datent du début du XVe siècle, nous apparaît12 comme une source iconographique commune aux Centuries, au Tarot, au Zodiaque, aux Maisons astrologiques ce qui signifie moins des interférences entre ces différents corpus que le fait de puiser dans le même réservoir. La notion de source commune, comme nous nous en sommes déjà expliqué, à propos des points communs entre la production Crespin et celle des Centuries, nous semble épistémologiquement essentielle pour l’historien des textes et des images. On sait que cette idée de source commune a permis notamment, au XIXe siècle, en linguistique, de supposer l’existence d’une langue indo-européenne, étant bien entendu que chacun n’emprunte pas exactement la même chose et que ce n’est que la somme des emprunts qui permet de reconstituer la dite source commune, souvent disparue alors que les corpus qui en dérivent ont survécu.
La voie iconographique nous apparaît comme tout à fait déterminante et ce serait une grave erreur que de la négliger. C’est ainsi que tout nostradamologue doit s’interroger sur la possibilité que deux vignettes différentes cohabitent concernant la production d’un seul et même auteur. Or, c’est ce qui se passe, en 1555 et en 1557, avec d’une part une vignette Pronostication M. de Nostre Dame différente de la vignette Centuries. On ne voit pas, de toute façon, pourquoi la vignette Centuries, si tant est qu’elles aient existé alors, aurait servi à la Paraphrase de Galien, d’autant que toutes les productions nostradamiques de cette année là ne comportèrent pas du tout de vignette13, ainsi pour l’Almanach pour 1557, ainsi pour les Présages Merveilleux pour 1557, pourtant dédiés au Roi de France. Il faut souligner le fait que la vraie vignette comporte le nom M. De Nostredame, en bas, à gauche, et non la fausse, tout simplement parce que la fausse, au départ, ne prétendait pas représenter Nostradamus. Ainsi aucune des vignettes des éditions 1555 et 1557 des Centuries ne comporte cette appellation. Cela dit, la ressemblance entre les deux vignettes fut certainement cause de confusion et d’ailleurs nous n’excluons pas que la vignette Galien ait été reprise et adaptée de la vignette M. De Nostredame, tant il est probable que cette dernière vignette a du circuler avant 1557. Il serait en effet étonnant que les deux vignettes fussent apparues la même année.
Rapprochement entre la vignette Crespin et celle des Pronostications annuelles
(visage de la lune et mention du nom au sein de la vignette)
Nous-même, n’avons pas été toujours assez vigilants et nous en excusons car cela a retardé d’autant la production d’un argument déterminant; nourrissant ainsi de vains espoirs chez certains nostradamologues croyant pouvoir encore sauver les éditions 1555 et 1557. Nous avons longtemps cru que l’on pouvait placer au sein d’un même ensemble toutes les vignettes présentant un personnage dans son bureau sans nous rendre compte que nous avions affaire à deux familles différentes, l’une dérivée du KB et l’autre de l’imagerie galénienne à telle enseigne que nous n’avions pas pris garde notamment à ce que la vignette de la Pronostication Barbe Regnault pour 1562 différait de celle des Pronostications pour 1557 et 1558.14 Nous n’avions pas non plus relevé que la vignette des éditions 1555-1557 était de la même famille que celle des éditions parisiennes Veuve Nicolas Roffet et Pierre Ménier.15 L’ironie du sort a voulu que la vignette que nous avions choisie avec Robert Benazra, pour le RCN, fût précisément la vignette Galien. Cela dit, qui saurait négliger parmi les nostradamologues sérieux le fait que Crespin16 ne mentionne que les quatrains de certaines centuries et qu’il n’en donne jamais des références chiffrées (comme IV, 46, VIII, 32 etc), sans parler du fait qu’il n’emploie pas le mot centurie avant la fin des années 1570 ?
Bien entendu, une fois l’argument iconologique bien développé, tous les autres arguments viennent le renforcer. Non pas que la présence de la vignette M. De Nostre Dame soit la preuve irrécusable de l’authenticité d’un document - la Pronostication pour 1555 et les Significations de l’Eclipse de 1559 en témoignent - mais l’on peut, en revanche, affirmer que la vignette Galien, hormis bien entendu dans le cas de la Paraphrase elle-même, concerne toujours des faux, c’est-à-dire des publications qui ne sont pas de Nostradamus, dès lors qu’elle s’applique aux Prophéties, aux almanachs ou aux Pronostications. Mais là encore, il y a aussi des faux, comme dans le cas des éditions Benoist Rigaud 1568 qui ne comportent pas pour autant la vignette Galien.
La vignette Galien au fauteuil utilisée sur une fausse Pronostication. Pas de marque M. de Nostredame.
Même vignette que pour les éditions des Centuries 1555 et 1557, toutes aussi fausses.
Dans les Significations, vignette authentique au banc avec la marque M. de Nostredame,
à rapprocher de celle du Kalendrier des Bergers.
On notera la place de la sphère : dans un cas, sur la table et dans l'autre, à côté de l’écritoire,
comme dans la vignette du Kalendrier des Bergers.
Avouons, en tout cas, que les faussaires n’ont pas été bien prudents dans le cas Antoine du Rosne 1557.17 Jamais, ils n’auraient du domicilier deux éditions des Centuries chez l’éditeur de la Paraphrase de Galien car c’était ainsi fournir, un peu trop facilement, une clef de leurs procédés, à savoir l’utilisation d’un même type de vignette. Certes, ce faisant, comme pour le cas Macé Bonhomme, ils s’appuyaient sur un matériel typographique bien défini et repérable, n’attendant plus que des experts nostradamologues zélés pour conclure que tout était bien authentique et d’époque. On sait, cependant, que cette imprudence n’a guère nui à la réception des dites éditions Antoine du Rosne jusqu’en notre début de XXIe siècle.
En ce sens, désormais, c’est l’édition 1568 qui échappe au critère iconographique, ayant la chance de ne pas être affublée de la vignette Galien. Mais nous avons vu qu’il y avait tout de même un problème vignette concernant l’édition 1568 avec écusson Jupiter. Curieusement, en dépit de nombreuses éditions portant la date de 1568, aucune ne recourt à l’une ou l’autre des vignettes bureau, qu’elle soit KB ou Galien, évitant ainsi le piège. Pour les éditions 1568, l’argumentation est plus complexe et c’est à une telle édition posthume, au demeurant signalée par Du Verdier, sans fournir le titre correspondant à celui que l’on connaît, dans sa Bibliothèque de 1585 - comme l’a heureusement rappelé Patrice Guinard - mais 1584 est un terminus bien tardif même pour nous ! - que les nostradamologues persuadés que Michel de Nostredame est bien l’auteur des Centuries - car il a fort bien pu, comme l’a montré Gérard Morisse publié quelque chose sous le nom de Prophéties - peuvent encore s’accrocher. La légende d’une publication de prophéties centuriques du vivant de Nostradamus a en tout cas fait long feu, ce qui n’est déjà pas si mal. Mais comment ne pas être interloqué par la multiplicité même des éditions Benoist Rigaud 1568, comportant toutes sortes de vignettes, notamment pour le second volet : un Atlas portant le monde sur ses épaules18, un personnage debout sur une sphère et brandissant un livre dans sa main gauche19, outre l’édition comportant la vignette Jupiter reprise, on l’a vu, du Kalendrier des Bergers, ces vignettes planétaires n’étant apparues dans le corpus nostradamique qu’au XVIIe siècle ?
Les emprunts au compost pastorien, à savoir tant les calendriers des bergers que des bergères nous semblent assez patents. C’est ainsi que le nom des saints, pour chaque jour du calendrier est placé dans les almanachs de Nostradamus vis à vis de présages lapidaires qui semblent avoir fait en partie leur succès. Or, il n’est nullement certain que ces quatrains présages soient l’oeuvre de Michel Nostradamus. On peut supposer qu’ils furent composés par quelque collaborateur de l’auteur ou du libraire, transposant ainsi en vers certains éléments du pronostic en prose de l’almanach ou de la pronostication.
Soleil et lune dans les vignettes
La sphère au zodiaque tenue par un bras habillé,
dans une édition anglaise du Kalendrier des Bergers (XVIe siècle) et dans l’édition des Prophéties (1590)
De surcroît, l’autre type de vignette ne comportant qu’une main sortant d’un vêtement bouffant tenant une sphère à motifs zodiacaux, si fréquente dans le corpus nostradamique, est également attesté sinon dans le Kalendrier des Bergers du moins dans le Compost et Kalendrier des Bergères et ce avant même la naissance (1503) de Michel de Nostredame, puisque datant de la fin du XVe siècle. On trouve aussi un Homme Zodiaque tant dans le KB que dans les Très Riches Heures, dont la version est bien connue. Dans le cas du Zodiaque, lequel, on l’a vu, constitue la frise du frontispice des Pronostications de 1555, 1557, 1558 mais non les vignettes des éditions 1555-1557 des Prophéties centuriques, on trouve bel et bien dans le dit corpus un cercle comportant les 12 signes et qui a fort bien pu servir à constituer la dite frise. Dans le KB, le dessin a pour centre un château, possible référence aux Très Riches Heures du Duc de Berry. On notera que sur les vignettes des mois, on trouve en général à l’arrière plan l’esquisse d’un château différent. Or, chaque vignette des Très Riches Heures en comporte un. Un autre cas remarquable est celui de la présence du soleil, de la lune et des étoiles sur la vignette bureau. Il se trouve que cela correspond, de façon frappante, notamment dans le dessin assez naïf des luminaires, auxquels on confère un visage expressif, au ciel du frontispice du Kalendrier des Bergers. Mais ces luminaires figurent déjà dans la vignette du Berger. On ne retrouve pas, en tout cas, ce même pittoresque dans la vignette Galien laquelle pourrait, d’ailleurs, être dérivée de la vignette M. De Nostredame. Il y a là un paradoxe que nous avons déjà souligné, à savoir que les imitateurs passent parfois, par la suite, pour des sources. Ajoutons que cette vignette Galien a un air de famille avec d’autres vignettes représentant un Sage de l’Antiquité. On pense ainsi à un frontispice d’une édition allemande de Die Sieben Weisen Meister20 antérieure à la parution du Kalendrier des Bergers et en ce sens, la vignette Galien de la paraphrase pourrait avoir une origine commune, sur le plan iconographique, avec le KB et non pas dériver de lui. Sur cette vignette, on voit un personnage barbu et portant chapeau, debout, au chevet d’une malade, dans une chambre. Mais point question ici de sphère.
Frise zodiacale dans le Kalendrier des Bergers
et autour de la vignette Nostradamus des Pronostication 1557-1558.
On remarquera, dans la première, au milieu, un château, probable référence aux Très Riches Heures du Duc de Berry.
Les Riches Heures de Jean de France, duc de Berry font se dérouler les mois du calendrier dans un grand nombre de lieux, tant dans la région parisienne (comme Dourdan, Vincennes, Etampes) qu’en province. En outre, y sont campés nombre de grands personnages évoquant par leurs noms toutes sortes de lieux21 ; une telle profusion géographique n’est pas sans évoquer les quatrains centuriques.22
Si, pour l’astrologie, nous avons affaire à des problèmes largement antérieurs à l’ère chrétienne, en revanche, pour ce qui est du corpus nostradamique, il ne remonte guère au delà d’un demi-siècle et les éléments de recoupement sont bien plus nombreux. Mais peut-être justement croit-on un peu naïvement qu’un phénomène aussi récent ne saurait comporter les mêmes ombres que, par exemple, ce qui tourne autour d’un autre personnage emblématique, à savoir Jésus dit de Nazareth.
L’on aura compris en tout cas que de telles recherches peuvent avoir des incidences sur nos représentations. Dans le cas des Centuries, il ne s’agit pas tant de laisser certains quatrains hors du champ exégétique, comme on l’a pourtant fait pour les sixains, mais avant tout de reconsidérer leur histoire. Dans le cas de l’astrologie, il en est autrement, le fait de repenser le Zodiaque est-il susceptible de changer à terme la pratique sur ce sujet ? Peut-on imaginer une nouvelle zodiacologie, sur de nouvelles bases comme l’astrologie prétend le faire en intégrant de nouvelles données astronomiques qui n’étaient pas prises en compte auparavant ou en tenant compte de la précession des équinoxes ? Il reste que notre étude démystifie sensiblement le Zodiaque dont il semble bien que nous ne connaissions qu’un état dégénéré et en tout état de cause parcellaire. En fait, le Zodiaque ne fait que symboliser les 12 mois de l’année, ni plus ni moins. Le signe du verseau représente le mois de janvier et ainsi de suite. De nos jours, l’astrologue n’est plus en mesure de justifier un tel ensemble, dont un des cas les plus insolites est probablement celui des Gémeaux qui ont perdu leur dimension de couple, pour des raisons qu’il conviendrait d’élucider. Dans le KB, en tout cas, il s’agit bien d’un homme et d’une femme. Pourquoi en effet aurait-on à symboliser le mois de mai par des jumeaux ? On va nous parler de signes doubles mais il y en a quatre, pourquoi celui-là précisément au printemps. Le Zodiaque, on le sait, est encadré par tout un dispositif d’Eléments, de planètes maîtresses, de nombres, de maisons, qui contribuent à masquer son incongruité. On est donc surpris de voir des astrologues réputés sérieux ne pas savoir résister à se référer au symbolisme zodiacal au lieu - ce qui est plus prudent - de s’en tenir à leur dispositif structurel. De la même façon, les nostradamologues seraient-ils mieux avisés de se contenter de parler de quatrains et de Centuries sans chercher à tout prix à se référer à Michel de Nostredame. Nous savons que cela tient essentiellement à une dialectique entre l’approche populaire et l’approche savante des savoirs et que nombreux sont ceux, parmi les chercheurs, qui relèvent des deux à la fois, c’est ce que l’on appelle des dissonances culturelles. Il est vrai que le public a ses représentations avec lesquelles il faut transiger, puisque les dites représentations ont été le point de départ de la démarche du lecteur ou du client. Pour la culture populaire, le nom fait toujours sens, on y part du principe que le nom d’un objet en est la clef. Le signe du lion, d’un tel point de vue, ne peut échapper au fait qu’il s’appelle ainsi et que cela soit porteur d’une certaine vérité, d’une étymologie. De même, si une oeuvre porte le nom de Nostradamus, cela signifie ipso facto que cela a un rapport avec lui. S’il n’en était ainsi, le peuple serait à la merci des clercs et de leur prétendue supériorité intellectuelle mais la Providence a voulu - c’est du moins ce que l’on veut que l’on croie - que le nom des choses dévoile ce qu’elles sont sans que l’on ait à passer par le jugement des dits clercs. La littérature populaire, de colportage, dite Bibliothèque Bleue en raison de la couleur des couvertures, véhicule un savoir corrompu, incohérent, même au niveau iconographique, comme on peut l’observer justement à propos des éditions successives du Kalendrier des Bergers. A ce sujet, on ne peut que constater à quel point les vignettes - et pas seulement elles - se perpétuent d’une génération à l’autre, ce qui rend tout à fait vraisemblable la récupération d’impressions anciennes en vue soit de rééditions, soit de contrefaçons.
Une cohabitation étonnante
La fortune des éditions de 1557 est assez remarquable : voilà donc deux vignettes qui cohabitent, l’une dans la Pronostication pour 1557, l’autre dans la Paraphrase de Galien. Seule la première concerne alors Michel de Nostredame, celle précisément qui porte son nom dans un coin, M. De Nostredame alors qu’au titre il est question de Maistre Michel de nostre (sic) Dame. Dans la Pronostication pour 1558, on passera à maistre Michel Nostradamus. Chose curieuse la Pronostication pour 1555 comporte de maistre Michel Nostradamus, qui aurait laissé la place pour 1557 à Michel de nostre Dame pour revenir l’année suivante à maistre Michel Nostradamus. Tout se passe en fait, selon nous, comme si la Pronostication pour 1555 avait pris modèle sur la Pronostication pour 1558. L’autre (Galien), certes, mentionne son nom en son titre sous la forme Michel Nostradamus sans le Maistre ni même une simple initiale comme dans ces Prophéties, signées M. Michel Nostradamus, supposées également parues en 1557, avec la vignette Galien. Ainsi Antoine du Rosne aurait-il ajouté un M. (pour Maistre) devant Michel Nostradamus quand il s’agissait des Centuries. C’est dire qu’au cours des années 1555-1558, Nostradamus serait apparu sous pas moins de cinq intitulés différents (Michel Nostradamus, maistre Michel Nostradamus, M. Michel Nostradamus, M. De Nostre Dame, Michel de nostre Dame) et sous trois vignettes différentes : celle des Pronostications, celle de la Paraphrase Galien que l’on retrouve dans version Utrecht 1557 et Macé Bonhomme 1555 et celle des Prophéties version Budapest, qui est une variante de la précédente Autant d’observations qui nous interpellent avant même d’ouvrir les ouvrages en question et dont on voudrait nous faire croire que ces différentes formes écrites et graphiques ont réellement toutes cohabité ou alterné au cours de ces quatre années.
Nous terminerons en répondant à un courrier de Gérard Morisse, qu’il nous fait parvenir sans avoir lu la présente étude :
Je ne cesse de réfléchir sur vos études, toujours si passionnantes et indispensables. Je sais que pour (v)ous, il n’y a pas d’argument typographique. Mais, si aucune discipline ne permet à elle seule de résoudre les questions en suspens - cela se saurait -, chacune d’elles a son intérêt propre et concourt ainsi aux progrès de la connaissance. Personnellement, je souffre en voyant balayé d’une phrase la remarquable étude de Patrice Guinard sur le matériel de Macé Bonhomme. J’ai réuni de mon côté à peu près la même chose sur Antoine du Rosne. Mon fichier sur les livres de Lyon au XVIe siècle comporte plus de 15.000 fiches, et j’ai examiné des milliers de ces ouvrages. Comment à cette époque pouvait-on fabriquer des faux ? - en éditant un livre sous plusieurs dates ; par exemple en 1560, publier à la fois des titres avec 1560, mais aussi avec 1561 et 1562. Cette méthode était très fréquente à Lyon. On s’aperçoit, statistiquement, que les ouvrages de 1561 et 1562 se trouvent plutôt dans les bibliothèques étrangères : les acheteurs voulaient toujours des livres récents. A la relecture de l’ouvrage de Roger Prévost, j’ai eu la tentation de me dire : et si les premières éditions étaient parues en fait en 1563 ou 1564 ? Mais aucune justification ne prévaut, à cette époque du moins ; - en retrouvant dix, vingt ou trente (ce n’est pas rare) ans plus tard avec un stock ancien (mauvaises ventes, rachat ou héritage de fonds d’anciens collègues, etc). La solution fréquente dans les années 1580 : on ré-imprime un premier cahier en changeant le nom de l’éditeur et la date. Malheureusement, la bibliographie matérielle permet assez aisément de découvrir la supercherie ; - en mettant sur un nouveau livre une date ancienne. Là il s’agit vraiment d’un faux. C’est le cas des éditions Pierre Rigaud. Son matériel n’étant pas typique du XVIe siècle, la tromperie ne surprend que peu de lecteurs. Votre hypothèse : il suffit de reprendre du matériel ancien. Les lettrines ont effectivement une longue durée de vie; mais alors elles sont utilisées avec d’autres lettrines ou bandeaux plus récents ou d’autres imprimeurs. Bien sûr, on peut regraver en 1580 du matériel comme celui utilisé par Bonhomme ou Du Rosne, mais le faire avec une perfection telle qu’il n’y ait pas la moindre différence d’avec l’original, cela relève quasiment de l’impossible. Le relatif succès des Prophéties à cette époque justifiait-il un tel investissement ? Les acheteurs de 1590 étaient-ils si doués pour s’assurer avec succès avant d’acheter que ce n’était pas un faux ? Par contre, lettres, lettrines et décors étaient remis dans la casse dès qu’ils avaient servi à imprimer une forme. Ceci rend impossible une ré-utilisation ultérieure. Pardon pour ce long discours, mais l’étude matérielle peut aussi servir. Quant à l’iconologie, merci de l’aborder à nouveau. Les images appartenaient en général au libraire-éditeur, à la différence des lettres, lettrines, etc, propriété de l’imprimeur (ce qui rend délicate l’étude sur Benoît Rigaud). Leur étude doit donc, aussi, tenir compte de ces libraires, ce qui implique de les étudier par libraire ou groupe de libraires (privilèges conjoints, comme Kerver et Brotot-Volant). Il peut être utile de se souvenir qu’Antoine Volant était qualifié de faiseur d’images à la fin de sa vie. Une précision : aux USA, les almanachs parus en Angleterre semblent n’être que des copies. Il y a une petite collection d’originaux à l’Université de Birmingham. Sans Internet, je ne peux vous en donner les cotes. Mais vous pouvez les retrouver sur le site : http://copac.ac.uk/, à Nostradamus. Autre réflexion. Les contemporains de Nostradamus semblent utiliser un peu l’un pour l’autre les mots de présage, almanach, prophétie ou pronostication. En septembre 1557, Brotot adresse à Nostradamus un ou des exemplaires de l’almanach imprimé par Lyserot (cf. La Correspondance). Du Rosne (dit Lyserot) ne semble pas avoir imprimé d’almanach ; par contre en septembre 1557, selon la version officielle, il venait d’imprimer les Prophéties. N’est-ce pas ce que Brotot a voulu dire en parlant d’almanach ?
Editions de luxe, éditions tout venant
On reviendra sur certains points de cette lettre. Gérard Morisse a raison de se demander s’il était vraiment nécessaire que les faussaires prissent tant de précautions, se documentent à ce point : le jeu en valait-il la chandelle se demande-t-il pour conclure que cela plaide en faveur de l’authenticité de ces faux. Il faudrait dans ce cas considérer comme authentiques tout ce qui n’est pas d’un anachronisme grossier comme le Pierre Rigaud 1566 : voilà un faux en bonne et due forme, bien maladroit, comme il se doit. Il est vrai qu’au XVIIIe siècle, période où les fausses éditions 1566 furent produites, on était vraiment très loin des années 1550, ce qui n’était pas le cas des années 1570-1580. Gérard Morisse semble oublier que ces faux antidatés étaient précisément destinés à une clientèle de bibliophiles, de connaisseurs, le lectorat ordinaire pouvant se contenter d’éditions plus récentes. N’oublions pas que les éditions des Centuries ont du souvent comporter deux versions la moderne, authentique quant à la date d’édition et l’ancienne, contrefaite, antidatée et donc exigeant plus de travail. Dans ce cas de figure, le faux coûte plus cher à fabriquer que le vrai. On n’est pas ici à un paradoxe près : quand M. Morisse nous propose de comparer les différentes éditions entre elles et d’observer qu’elles ne sont pas différentes, d’un point de vue matériel, il est clair qu’il faudrait d’abord s’assurer que l’édition authentique le soit vraiment car si elle est de la même époque que la contrefaçon, l’argument de la similitude peut se retourner et alors c’est le faux ancien qui n’arrive pas à se distinguer du vrai moderne, ce qui est normal puisqu’ils ont été fabriqués à peu près en même temps, le faux ancien étant postérieur à son modèle moderne et non l’inverse.
Si on revient sur les éditions Macé Bonhomme, on ne peut comparer le modèle et sa copie puisqu’il n’y a pas d’original. C’est pourquoi nous avions proposé d’appeler contrefaçon ce qui imite un document ayant existé et faux ce qui introduit un texte n’ayant jamais existé. Si Macé Bonhomme n’a jamais publié les Centuries de Nostradamus, on ne peut donc parlé de contrefaçon mais de faux et donc on ne peut comparer telle édition des Centuries qu’à d’autres productions de ce libraire lyonnais, ce qui empêche toute mise en évidence de certaines différences et pour cause.
Nous ferons, en outre, remarquer à Gérard Morisse que ce qui est vraiment surprenant, c’est justement la similitude extrême entre éditions pourtant fort éloignées dans le temps, similitude frappante dans le cas des éditions Benoist Rigaud 1568 et Pierre Chevillot, dans les années 1630 et ce tant sur le plan typographique, mise en page que sur celui du contenu. Le texte centurique serait ainsi né tel quel et les raccords, étrangement, apparaîtraient dans les années 1588-1590 et non... en 1557 ! Mais si les dites éditions 1588-90 sont, comme semble le penser Robert Benazra, la réemergence d’éditions plus anciennes, cela impliquerait alors que les originaux anciens aient existé. A moins de se contenter de dire qu’il y a eu à un certain moment une sorte de dégradation et qu’ensuite on est revenu aux versions complètes. Mais une telle hypothèse de dégradation expliquerait mal pourquoi après le 53e quatrain de la IVe Centurie, on prend la peine, en 1588, d’indiquer qu’il y a eu addition, ce qui se fait pas... en 1557. A propos des éditions Antoine du Rosne, on aimerait bien que M. Morisse nous expliquât pourquoi ce n’est pas la même vignette qui sert pour les Centuries de 1555 et 1557 et pour les Pronostications de 1557 et 1558 - et qu’en outre la vignette centurique ne porte pas le nom M. De Nostredame à la différence des dites Pronostications. Quelle coïncidence, vraiment, que la vignette Antoine du Rosne se retrouve en 1588 chez la Veuve Nicolas Roffet mais surtout que le même Antoine du Rosne ait utilisé cette même vignette pour un autre auteur que Nostradamus. Non, cher Monsieur Morisse, nous ne serons pas d’accord avec vous pour nous extasier sur la perfection des faux mais reconnaissons que ce sont des gens assez consciencieux, si l’on peut dire et qui devaient vieillir, des productions récentes. Qui sait s’ils ne les détérioraient point, ne les tachaient délibérément afin de leur conférer quelque patine ? Un ouvrage supposé daté de trente ans ne devait pas avoir l’air d’être tout juste sorti des presses. Ce sont donc ces éditions de luxe qui auront été conservées tandis que les éditions plus populaires étant moins précieuses, on était moins incité à les garder. D’où ce paradoxe selon lequel les faux se conservent mieux que les ouvrages ne se prétendant pas parus antérieurement à leur date de fabrication réelle. Un peu comme un film à costumes coûte plus cher à la production, demandant un travail important de documentation, de nombreuses reconstitutions, qu’un film censé se dérouler au temps de la dite production. Un film comme Ben Hur a plus frappé les esprits qu’un film nous parlant de nos contemporains et de nos voisins. Il nous semble, en tout cas, que nos faussaires auraient du prendre le risque de modifier quelque peu le texte, son orthographe, voire changer quelques mots, notamment quand un verset est incompréhensible, de façon à créer un effet de perspective. Certes, on peut aussi se demander avec P. Guinard, pourquoi il y a des variantes entre les différents exemplaires des éditions Macé Bonhomme 1555, comme l’avait déjà noté en 1983 Robert Benazra, alors que pour les éditions Antoine du Rosne, il s’agit bien d’éditions différentes, avec un nombre différent de quatrains. Ces variantes 1555 (entre exemplaires Albi et Vienne) furent-elles produites délibérément ou non ? Il nous semble qu’il a pu s’agir d’un retirage et éventuellement par un autre libraire que pour le premier, étant bien entendu que dans un cas comme dans l’autre, il ne s’agissait pas de Macé Bonhomme.
Un autre problème est celui de la prétendue perfection d’unité de style sinon de contenu de l’ensemble des Centuries, ce qui viendrait démontrer qu’elles sont bien toutes d’un seul et même auteur. Là encore, la question se pose : est-on en mesure de pasticher avec un tel brio les Centuries si certaines sont des contrefaçons ? Or, un tel questionnement ne fait sens que si l’on peut circonscrire des quatrains authentiques de Michel de Nostredame, mais est-ce vraiment le cas ? Il serait, en effet, assez cocasse d’ignorer la possibilité qu’aucun quatrain centurique ne fût du Mage de Salon. En ce sens, il nous semble très problématique de se référer à une quelconque preuve stylistique - le style étant imitable pas plus qu’à une quelconque preuve matérielle : il faudrait alors nous prouver que - ne serait-ce qu’en cas de réédition d’un ouvrage - les imprimeurs ne soient pas capables de retrouver les impressions d’origine et de les utiliser. Avouons que lorsqu’il n’y a pas de première édition d’origine, les faussaires jouent sur du velours, ne risquant pas de se voir confronter à la vraie édition mais tout au plus à des productions par le même libraire d’autres ouvrages, comme dans le cas de Macé Bonhomme, ce qui n’est pas très concluant dès lors qu’une telle confrontation ne fait point appel à une comparaison mot par mot des éditions. Comparer les Centuries de Nostradamus dans une prétendue édition Macé Bonhomme à tel ouvrage de Guillaume de La Peyrière, parue chez le même libraire, n’a qu’un intérêt bien limité car c’est bien dans la mise en évidence de différences sur un arrière plan, par ailleurs, extrêmement proche sinon carrément identique, que l’on peut percevoir des évolutions. Or, les seules pièces qui permettent une telle comparaison concernent le rapport des quatrains des almanachs avec les mêmes quatrains repris dans le Janus Gallicus et force est de constater que les différences ne manquent pas, ce qui nous amène à penser que de telles différences devraient également exister entre éditions des Centuries autour de 1590 et entre éditions antidatées aux années 1550-1560 et l’on verra qu’elles sont moins patentes, n’en étant que des éditions de luxe à l’instar de cet exemplaire unique du Kalendrier des Bergers offert par le libraire Antoine Vérard à Charles VIII (BNF, Réserve) et enluminé de telle sorte qu’on dirait qu’il s’agit d’un manuscrit.
Le visage de la Lune
Le visage de la Lune
Pour notre part, nous pensons que la comparaison entre des éditions des Centuries et d’autres productions astrologiques de Nostradamus, et ce, sans tenir compte du libraire de l’édition conservée - car une certaine concertation existait entre libraires parisiens et lyonnais qui se partageaient le marché - est la plus significative et là force est de constater que les vignettes des deux groupes se ressemblent mais n’en différent pas moins sensiblement - à la seule exception de la Paraphrase de Galien qui n’appartient pas stricto sensu au corpus nostradamique - comme on l’a montré, tout au long de la présente étude et point n’est nécessaire d’essayer de créer une diversion en nous engageant dans des recherches et propositions aléatoires faisant appel à des paramètres mal maîtrisés. En fait, l’on perçoit toute l’importance stratégique de cette Paraphrase, seule capable de légitimer les vignettes des éditions !555-1557 et pour cause puisqu’elle leur a servi de modèle, au point que l’on n’a point hésité, pendant qu’on y était, à situer les éditions de 1557 - et ce à deux reprises ! - chez le libraire même ayant édité la dite Paraphrase. Et à partir du moment où les vignettes 1557 étaient validées, l’était également la vignette 1555, la réciproque étant tout aussi vraie: si les vignettes 1557 sont des faux, celle de 1555 l’est également, avec tout son contenu. Pourquoi, en effet, aurait-on recouru à des vignettes différentes dans les éditions 1557 des Centuries et dans les Pronostications 1557 chez Jacques Kerver et 1558 chez Guillaume le Noir, tous deux libraires parisiens ? Serait-ce là un trait parisien ? Pas vraiment, puisque l’amanach pour 1566, quant à lui, comporte la même vignette, bien que paru à Lyon, chez Antoine Volant et Pierre Brotot. C’est d’ailleurs grâce à cette vignette que l’on dispose de la seule édition rigaldienne des Centuries avec Lune visagée. On imagine mal que la production nostradamique, telle que l’a replacée Gérard Morisse, à partir de certains registres manuscrits, ait comporté deux vignettes différentes, l’une avec et l’autre sans la mention de M. De Nostredame. Ajoutons que chez les imitateurs de Nostradamus, un Antoine Crespin reprendra, dès le début des années 1570, la formule pour sa propre vignette quelque peu remaniée, en faisant figurer à l’intérieur de son cadre AC Nostradamus Astrologue du Roy. La façon dont les luminaires sont représentés est tout à fait instructive, comme on l’a déjà noté : si l’on compare ces trois vignettes: la vignette Crespin, la vignette Galien et la vignette Nostredame23, la lune dans les vignettes Crespin et Nostredame est dessinée pareillement avec un visage24 - à l’instar des vignettes en frontispice du Kalendrier des Bergers alors qu’elle n’en comporte pas à la vignette Galien et ses dérivés des éditions 1555 et 1557. L’exemplaire de la Bibliothèque d’Utrecht, inconnu des bibliographes jusqu’à il y a peu, vient confirmer la démonstration: alors que la Lune ne figure pas sur l’exemplaire de Budapest, elle se trouve bel et bien sur celui d’Utrecht, et c’est une Lune de type Galien, sans visage, seul le Soleil ayant un visage sur l’ensemble des vignettes considérées. Ce détail lunaire qui avait échappé au dessinateur de la vignette Galien, s’inspirant vraisemblablement également; mais plus librement, du KB, marque, à l’évidence, toute une série de contrefaçons. On déplorera que les Editions Michel Chomarat aient choisi, en 1993, la vignette Nostredame pour frontispice du reprint de l’édition 1557-Budapest.
Lune avec visage dans l'almanach pour 1566
et lune avec visage dans l’édition (antidatée) Benoist Rigaud 1568
Il est bien dommage, pour les tenants de la bonne date de 1555 et 1557, qu’aucune des éditions authentiques des imitateurs de Nostradamus n’ait témoigné de l’existence de la vignette Galien dans le corpus nostradamique ! Heureusement pour eux, il reste le cas des almanachs pour 1563, l’almanach Barbe Regnault et la version anglaise, la première vignette Galien se retrouvant en 1588 chez la veuve Nicolas Roffet et la seconde chez Pierre Ménier, en 1589.25 On sait que ces almanachs comportent des quatrains des almanachs pour 1555 et 1562 mais de quand datent-ils vraiment ? On sait aussi que la Pronostication Barbe Regnault 1562 (cf. frontispice du RCN), comporte, elle aussi, une vignette Galien. On a donc là trois cas de publications pseudo-nostradamiques non centuriques comportant la dite vignette. C’est dire que le problème de la datation des publications antidatées est important et qu’il importe de développer une méthodologie adéquate pour ce faire. Il ne faut pas en effet oublier que derrière une fausse date, il y a nécessairement une vraie date à découvrir. On notera aussi que les bibliographies nostradamiques existantes fournissent des éléments qui, pour diverses raisons, n’ont pas encore été bien exploités.
Exemplaire de la Bibl. d'Utrecht chez le même libraire que celui de la Paraphrase
et faux almanach B. Regnault pour 1563.
Deux critères : Lunes sans visage et pas de mention du nom dans la vignette,
à partir de la vignette Galien
On notera le cas assez remarquable des vignettes compas, notamment dans le cas de l’almanach pour 156626 lesquelles comportent toutes une lune à visage.27 Une seule exception, l’édition rouennaise, bien tardive de 1649 qui comporte une Lune sans visage dans le cadre d’une vignette compas.28 En revanche, les vignettes des seconds volets des éditions rigaldiennes des Centuries représentant un personnage ont une Lune sans visage.29 Cette Lune visagée, nous la retrouvons hors du champ nostradamique, du fait précisément, de l’influence du Kalendrier des Bergers, dont le corpus nostradamique ne constitue qu’une branche. C’est le cas de la Grande Prophétie et Pronostication des Laboureurs pour les années 1615-1619 etc parue chez Pierre Chevillot, libraire troyen qui publiera par la suite les Centuries. C’est le cas des Prophéties generales pour neuf années (...) par le bon Hermite Solitaire, Troyes, Veuve P. Garnier ou encore, en Angleterre, du Compost of Ptholomeus.30 Ajoutons qu’une telle Lune visagée constitue le motif unique du frontispice de la Pronostication Perpétuelle recueillie de plusieurs autheurs par Maistre Michel Nostradamus etc, parue à Paris, chez Jean Bonfons, également éditeur du Kalendrier des Bergers. Il est bien possible, somme toute, que l’iconographie ait le dernier mot en matière d’études nostradamiennes, tant les discussions sur l’interprétation des quatrains, sur le style, semblent parfois vaines. En tout état de cause, le trafic des vignettes, quant à lui, témoigne de la pérennité d’un certain matériel iconographique, sur plusieurs siècles.
Editions des Centuries avec et sans lune à visage
Les visages de la lune
Il convient - une fois pour toutes - que l’on comprenne bien qu’aucune recherche sérieuse ne saurait se contenter de justifier, du moins dans le domaine de l’Histoire des textes, un certain état de conservation d’un corpus mais bien d’en souligner les manques : les présences nous renvoient nécessairement aux absences, dont elles portent la trace. C’est ainsi que l’on ne dispose pas de toutes les éditions du Kalendrier des Bergers / Bergères : le lien avec les Très Riches Heures du Duc de Berry est souligné par le fait que sur chaque vignette que sur 11 des 12 vignettes, on trouve à l’arrière-plan, très rapidement esquissé, le profil d’un édifice assez imposant - celui de quelque château - ce qui peut quand même sembler incongru dans ce contexte champêtre. La vignette de janvier, en revanche, la plus fréquemment reprise, ne comporte pas dans les éditions connues un tel arrière-plan. En revanche, dans certaines éditions anglaises, même la vignette de janvier introduit une telle construction. Comme il est hautement improbable que ce soit le fait d’une initiative locale, c’est-à-dire anglaise, il nous semble bien qu’il s’agisse de la trace d’une telle présentation dans une édition française disparue du Kalendrier. Il va de soi qu’une telle méthodologie vaut également pour le corpus nostradamique. D’où le clivage existant, parmi les nostradamologues, entre ceux qui ne connaissent que le corpus nostradamique stricto sensu, et ceux qui ont l’expérience d’une pratique comparative appliquée à d’autres corpus, sans parler du fait que les corpus s’éclairent mutuellement de par leur contenu même.
Jacques Halbronn
Paris, le 6 mars 2005
Notes
1 Cf. les deux vignettes centuriques les plus célèbres, Espace Nostradamus. Retour
2 Cf. son étude sur Espace Nostradamus. Retour
3 Cf. notre article sur le site CURA.free.fr et nos Etudes autour des éditions ptolémaïques, en postface au Commentaire du Centiloque de Nicolas Bourdin, Paris, Trédaniel-La Grande Conjonction, 1993. Retour
4 Cf. notre étude sur la fortune des deux plus célèbres vignettes nostradamiques, Espace Nostradamus. Retour
5 Cf. RCN, pp. 25-27. Retour
6 Cf. notre chapitre dans Le Texte prophétique en France. Formation et fortune, Université Paris X, 1999. Retour
7 Cf. la version de la dite Pronostication telle qu’elle est reprise du Recueil des Présages Prosaïques par B. Chevignard, Présages de Nostradamus, Paris, Ed. Seuil, 1999. Retour
8 Sur la question des quatrains de la Pronostication pour 1555, voir une étude parue sur Espace Nostradamus. Retour
9 Cf. reproduction de la page de titre dans une étude sur l’édition genevoise de 1497 du Kalendrier des Bergers, Ed. Boeschl, Berne, 1920. Retour
10 Cf. RCN, A 78, p. 644. Retour
11 Cf. RCN, A 79, p. 644. Retour
12 Cf. notre précédente étude. Retour
13 Cf. Documents Inexploités sur le phénomène Nostradamus, Feyzin, Ed. Ramkat, 2002. Retour
14 Cf. Erik Dal, The ages of Man and the months of the Year. Poetry, Prose and Pictures outlining to Douze Mois figures. Motif Mainly found in the Shepherds’ Calendar and in Livres d’Heures (14th Century to 17th Centuries), Copenhague 1980, pp. 26-27. Retour
15 Cf. M. Chomarat, Bibliographie Nostradamus, planches 8 et 9. Retour
16 Cf. nos Documents inexploités sur le phénoméne Nostradamus, Feyzin, Ed. Ramkat, 2002. Retour
17 Cf. notre étude Nostradamus face à la critique sur le site du CURA.free.fr. Retour
18 Cf. RCN, vignette A 24. Retour
19 Cf. RCN, A 23. Retour
20 Augsbourg, 1473, Badische Landesbibliothek, Karlsruhe, cote 2 an Kc 42, reprint G. Olms, Hildesheim, 1974. Retour
21 Cf. Saint Jean Bourdin, Analyse des Très Riches Heures du Duc de Berry, 1982. Retour
22 Cf. notre étude sur L’évaluation de la géographie des Centuries, sur Espace Nostradamus. Retour
23 Cf. M. Chomarat, Bibliographie Nostradamus, Baden-Baden, Koerner, 1989, pp. 10, 14, 22, 25, 28, 31, 39, et 71 et B. Chevignard, Présages de Nostradamus, Paris, Seuil, 1999, pp. 394, 419, 445, et J. Halbronn, Documents Inexploités sur le phénomène Nostradamus, Feyzin, Ed. Ramkat, 2002, pp. 81 et 204. Retour
24 Pour d’autres éditions, voir RCN, p. 638 : A 17, A 18, A 19, A 20, A 22. Retour
25 Cf. notre étude sur ce sujet, sur Espace Nostradamus. Retour
26 Reprint in Cahiers Michel Nostradamus, cf. notre étude sur les vignettes les plus célèbres du corpus nostradamique, Espace Nostradamus. Retour
27 Cf. Chomarat, Bibliographie Nostradamus, op. cit., pp. 46 et 58. Retour
28 Cf. Chomarat, Bibliographie Nostradamus, op. cit., p. 116. Retour
29 Pierre Rigaud, s. d., cf. Chomarat, Biblographie Nostradamus, op. cit., p. 92. Retour
30 Cf. nos Etudes sur les éditions ptolémaïques de Bourdin, op. cit. Retour
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