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ANALYSE

157

La Préface à César :
des Vaticinations Perpétuelles aux Quatrains astronomiques

par Jacques Halbronn

“J’ay composé livres de prophéties contenant chascun cent quatrains astronomiques de prophéties
lesquelles j’ay voulu raboter obscurément
& sont perpétuelles vaticinations pour d’icy à l’an 3797”.
(Préface à César, Ier mars 1555)

Lettre à César

    Le texte que nous mettons en exergue pose deux problèmes : qu’est-ce qu’un quatrain astronomique, que sont des perpétuelles vaticinations ? On a pensé un peu vite que cela ne pouvait que désigner les quatrains des Prophéties, tels qu’ils faisaient suite au dit texte. Mais, pour notre part, nous avions mis en garde contre une telle façon de voir, considérant que le dit texte pouvait avoir initialement introduit autre chose que ce qui se trouve dans le canon centurique. A l’appui de la présente étude, des éléments nouveaux ou du moins inexploités : d’une part l’existence, notamment, aux Archives départementales du Lot et Garonne, à Agen, de Prophéties perpétuelles attribuées à Nostradamus, de l’autre, la prise en compte d’un auteur négligé du début du XVIIe siècle, Jean Belot, curé astrologue, grand amateur de quatrains que nous pourrions qualifier d’astronomiques.

Sommaire :

1 - Les Prophéties Perpétuelles “vérifiées” par Nostradamus
2 - Les quatrains astronomiques de Jean Belot


1

Les Prophéties Perpétuelles “vérifiées” par Nostradamus

    Nous avons reçu quelques pages d’un imprimé nostradamique, qui appartient à une personne qui se désigne sous le nom de Indy et qui appartient au genre des Prophéties Perpétuelles. Cette personne nous demandait de dater l’ouvrage en question et elle nous en a fourni copie de quelques pages. Cette pièce apparaît comme faisant partie d’un recueil (peut-être de colportage) puisque suivie de “Recettes sur différents sujets”.

   Il nous a semblé intéressant de comparer cet ouvrage avec une édition parue à Nice, en 1941, en zone libre, aux Editions des Cahiers Astrologiques - il y a eu depuis une réédition - précédée d’une étude d’Alexandre Volguine “sur ce livre nostradamique” : Prophéties Perpétuelles de Thomas-Joseph Moult 1608 (sic) dont nous avons, à la Bibliotheca Astrologica, un exemplaire dédicacé par Volguine à Maurice Privat désigné comme “créateur du mouvement astrologique de France”.1 Une réédition en fut faite en 1977 par les mêmes éditions.

Volguine

Volguine
Reprint Voguine (1941) d'une édition fin XVIIIe-début XIXe siècle des “Prophéties Perpétuelles“

   Si l’on se réfère aux tableaux chronologiques et aux prédictions contenues dans l’ouvrage réédité par Volguine et à ceux communiqués par Indy, la similitude est frappante, mot pour mot, année pour année.

Volguine - Indy
L'exemplaire Volguine est très proche du document Indy,
laquelle pièce est plus brève dans sa présentation de la série des années.

   L’ouvrage des Editions des Cahiers Astrologiques, comporte une page consacrée à Nostradamus présenté comme “vérificateur des prédictions de Thomas-Joseph Moult”. Il y est question de l’ouverture du tombeau du “fameux Michel Nostradamus” qui eut lieu sous la Révolution.

   Que dit Volguine (1904-1976), dans son étude ? Celui-ci note (p. X) que l’an 1608 qui figure au titre, se retrouve dans les sixains 24 et 29. Par ailleurs, il compare à juste titre cette édition datée du XVIIe siècle avec celle de 1740 : “Comment, demande Volguine, comprendre la dernière phrase (p. 65) datant ce livre de 1608 et présentant Thomas Moult - rappelons que le nom même de Moult est une mauvaise leçon de “Joseph, moult (très). grand clerc.” - comme contemporain de Louis XIII et non IX, ce qui nous ramène de nouveau au XIIIe siècle ? Dans l’édition de 1740, cette formule finale est la même, mais le millésime 1268 remplace celui de 1608 - ce qui s’accorde évidemment avec l’affirmation qu’il s’agit de la 42e année du règne de Louis IX, qui fut sacré à Reims le 29 novembre 1226.”

   Cette dernière phrase dans l’exemplaire Volguine se présente en effet ainsi :

   “Fait à Saint Denis en France l’an de nostre Seigneur 1608 et du règne de Louis IX, notre très pacifique Roi, le quarante-deuxième, par moi Thomas Joseph Moult, Astronome et Philosophe, natif de Naples.”

   Or, dans l’exemplaire Indy, on lit (p. 134) :

   “Fait à Saint Remy en Provence l’an de Notre Seigneur 1560, par moi Michel Nostradamus.”

Volguine - Delarue
L'exemplaire Volguine est un mélange des documents Delarue-Prault et Indy.

   La mention de l’an 1560 ne saurait surprendre puisque de fait les Prophéties commencent en cette année là. C’est la formule de l’exemplaire Volguine qui est plus étonnante et qui mentionne l’an 1608, ce qui ne correspond ni à une année de la vie de Nostradamus, mort en 1566 ni évidemment au règne de Saint Louis (qui régna de 1226 à 1270).

   Texte d’ailleurs corrompu que celui de l’exemplaire Volguine puisque il n’y est pas précisé à quoi correspond “quarante-deuxième”. Volguine nous explique qu’il faut en effet “lire”, “l’an quarante deuxième” : initialement il devait y avoir en effet : “et du règne de Louis IX (...) l’an quarante deuxième”.

   Quant au texte “Indy” s’il est vrai qu’en 1560, Michel de Nostredame était encore en vie , en revanche le lieu indiqué “de Saint Rémy de Provence” semble assez peu probable pour 1560, alors que le dit Nostradamus était installé, depuis déjà quelque temps, à Salon de Crau.

   Autre anomalie de l’exemplaire Volguine : on nous dit que Nostradamus avait pu vérifier les dites Prophéties Perpétuelles, “d’après l’expérience qu’il avait fait lui-même de la vérité de celles qui avaient eu lieu depuis 1599 (sic) tems où vivoit le dit Moult jusqu’au sien”. Or, en 1599, Nostradamus était décédé depuis 33 ans et ce n’était donc évidemment pas le temps de Moult, qui est supposé être le XIIIe siècle : il faudrait éventuellement lire 1299 à moins que l’on n’entende 1555, date de la Préface à César.

   En tout état de cause, l’exemplaire “Indy” qui est certainement à dater du XVIIIe siècle, nous parait reprendre une édition sensiblement plus ancienne. En tout cas, c’est la première fois que nous voyons un tel ouvrage carrément signé à la fin de Nostradamus.

   Il y a eu deux versions des Prophéties Perpétuelles, l’une commençant en 1269, l’autre en 1560.2 Les éditions parues chez Prault en 1740 - et réédités, en un seul volume, par Delarue, en 1866 avec les Centuries et le Recueil des Prophéties et Révélations, commencent leur calendrier en 1269, comme cela figure sur les pages de titre des éditions Prault : “Prophéties perpétuelles très curieuses et très certaines de Thomas Joseph Moult (...) qui auront cours pour l’an 1269 & qui dureront jusques à la fin des siècles. Faictes à Saint Denis en France, l’An de Notre Seigneur 1268, du règne de Louis IX”. On notera que Delarue a changé la vignette du dit Recueil des Prophéties et Révélations pour celle des Prophéties de Nostradamus, de façon à laisser croire que ces deux documents sont jumeaux. En effet, la vignette du Recueil ne comporte pas à l’origine de devise.3 Ajoutons que le Recueil en question porte la date de 1611 alors que l’édition Chevillot des Prophéties n’est pas datée, ce qui a conduit à la dater également de 1611.

Delarue
Recueil triptyque Delarue.
La vignette a été modifiée par Delarue qui a repris celle de Nostradamus.
Celle d'origine ne comporte pas de devise.
L'édition Prault des “Prophéties Perpétuelles“est celle de 1740.

   C’est dire que l’exemplaire Volguine est des plus défectueux puisqu’il semble être un mélange entre l’édition Prault et l’exemplaire Indy. Il emprunte à Prault la référence à Louis IX mais il ne débute sa chronologie qu’en 1560, tout en présentant Nostradamus comme vérificateur de Moult, alors qu’il ne donne pas les dates antérieures à 1560 et - qui plus est - il introduit l’année 1608. Ajoutons que la chronologie Moult diffère totalement de la chronologie Indy-Volguine, que les années ne correspondent pas dans les deux versions aux mêmes prédictions. L’un se termine en 2024 (ex. Prault, 1740), l’autre en 2063 (ex. Tours- Volguine).

   Autrement dit, l’exemplaire Indy nous restituerait une des sources de l’exemplaire Volguine, reprenant une édition imprimée à Tours, chez Mame et Peschard. Volguine ne fournit pas le reprint de l’ouvrage en question. Nous fournirons la page de titre d’origine d’une édition comportant exactement le même titre, avec en vis à vis une très pittoreque représentation d’un colporteur d’almanachs du début du XIXe siècle.

   Mais laquelle de ces deux sources est la plus authentique ? Est-ce que l’édition “1560” est issue de l’édition “1269” ? Bien des éléments semblent plaider en faveur d’une contrefaçon nostradamique. Mais, pour les études nostradamiques, la principale question est de savoir si Nostradamus n’aurait point remanié une ancienne édition des Vaticinations Perpétuelles - terme employé dans la Préface à César - et si cela ne correspond pas à ce qui se vendit sous son nom en tant que Prophéties, comme l’attestent certains registres de libraires4, publication qui aurait été conservée et reprise dans l’exemplaire Indy. Rappelons que l’échéance de 3797, figurant dans la Préface à César, pourrait fort bien relever de ce genre de vaticinations perpétuelles.

Prophéties Perpétuelles
Edition “1560” des Prophéties Perpétuelles

   Que conclure du fait que le dit exemplaire Indy - dont nous n’avons reçu que très peu de pages mais qui doit, selon nous, correspondre à l’exemplaire Volguine, sauf en sa conclusion - se termine, comme on l’a vu, par “Fait à Saint Rémy, en Provence, l’an de Notre Seigneur 1560 par moi Michel Nostradamus” (au lieu de “par moi Thomas etc”), Saint Rémy en Provence ayant ainsi pu faire pendant à “Saint Denis en (Ile de) France”. Aurait-on, dès lors, choisi Saint Rémy pour faire pendant à Saint Denis ? Il y a là semble-t-il comme une sorte de calque. En tout cas, avec l’exemplaire Indy - dont nous n’avons pas la page de titre ni même le titre - on comble une lacune : alors que nous avions recensé tout une série de Prophéties Perpétuelles au XVIe siècle, nous n’avions trouvé aucune édition, jusqu’à ce jour, qui se présentât comme étant de Nostradamus, même si à plusieurs reprises, le nom de Nostradamus était associé à celui de Moult. Or, ici, Nostradamus n’est pas associé à un quelconque autre auteur (Moult, Joseph le Juste) mais apparaît bien comme le seul maître d’oeuvre, avec une chronologie qui commence en 1560 et ne remonte pas plus haut. Le problème, c’est qu’il nous semble invraisemblable que Nostradamus ait pu publier en 1560 des prophéties commençant en 1560 et qu’il aurait vérifiées. Ne faut-il pas plutôt supposer que la chronologie “vérifiée” par Nostradamus aurait commencé en 1521, année qui débute dans l’exemplaire Prault le deuxième volet des Prophéties Perpétuelles ? Cela donne ainsi un recul d’une quarantaine d’années assez concevable. L’exemplaire Indy, dans ce cas, qui commence à 1560 et qui est signé de... 1560 nous apparaît comme une contrefaçon du type de la série Prault, confectionnée pour correspondre aux événements révolutionnaires.5 Mais une contrefaçon qui pourrait fort bien reprendre, par certaines mentions, un modèle débutant en 1521 et qui serait paru en 1560 sous le nom de Nostradamus. C’est dire à quel point le travail de l’Historien est de reconstituer le passé à partir de bribes, s’efforçant de séparer le bon grain de l’ivraie, sans craindre, donc, d’explorer des pièces en bien piètre état pour en extraire éventuellement quelque perle.

Chevillot - Volguine
Les documents Chevillot (reprint Delarue 1866) et Volguine (et Indy).
Le document Indy est plus court et s'arrête aux 4 saisons, sans les Prédictions Particulières.

   Le toulousain Henri Vystrecil a fourni récemment une étude assez développée consacrée à un ouvrage conservé aux Archives départementales d’Agen, paru, sans date, chez Offray Ainé, à Avignon : Prophéties perpétuelles très anciennes et très certaines de Nostradamus, astronome, prophète et philosophe (qui) ont commencé en 1540 (sic) et dureront jusqu’à la fin des siècles.

   On y trouve le même schème chronologique que pour les éditions se référant à 1560. “Les Prophéties perpétuelles de Nostradamus à partir de 1812 et continues jusqu’en 2063”.6 On comprend mieux ainsi pourquoi en 1866, pour le deux centième anniversaire de la mort de Michel de Nostredame, on publia des Prophéties Perpétuelles à la suite des Centuries. Force est de constater que ce genre appartient au corpus nostradamique et selon nous c’est en raison de la parution de telles Prophéties que parurent par la suite, sous ce même nom, les Centuries.

   Changement total de contenu ou en tout cas de mode d’emploi. On passait alors de textes associés à des séries de dates, espacées selon des intervalles bien précis à ce qu’avec Anatole Le Pelletier (1867) nous appellerons des Oracles, c’est-à-dire des “bouts” de textes, qu’il revient au praticien d’interpréter à la façon de quelque tirage de cartomancie. Que pour produire ces textes, on soit allé chercher dans tel ou tel ouvrage, cela se conçoit tout à fait. Que l’on se mette à la place de quelqu’un qui doit aligner des centaines de quatrains, il ne va pas trop se casser la tête, il ouvre quelques ouvrages d’histoire ou de géographie qui traînent dans sa bibliothèque et recopie en mettant cette matière en vers. La numérotation des quatrains permettra de sortir, de tirer, le quatrain de circonstance au moyen d’un mode de “tirage” quelconque : on peut se servir de dés ou demander un chiffre. De là à croire, comme chez un Peter Lemesurier, qu’il faille accorder la moindre importance à la source ainsi exploitée, il n’y a qu’un pas que certains se hâtent de franchir. Or, ici, la source ne nous renseigne que sur le signifiant et non sur le signifié. Il nous importe donc peu au niveau de l’interprétation d’un quatrain à quel événement passé il renvoie et d’ailleurs l’utilisateur moyen de ces quatrains en aurait été parfaitement incapable ! Autant, il appartient à l’historien des textes de repérer les sources d’un texte, autant il ne faudrait pas qu’il en vint jusqu’à affirmer que le dit texte exigeait pour qu’on puisse s’en servir la connaissance des dites sources. Le quatrain est avant tout une série de mots et à celui qui veut y trouver un oracle de les interpréter à sa guise, en tant que réponse à une question qu’il se pose ou qu’on lui pose.

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2

Les quatrains astronomiques de Jean Belot

    Un Jean Belot, présenté comme curé de Milmonts, au début du XVIIe siècle ne s’y est pas trompé. Un autre curé nostradamique se fera connaître dans les années 1639, recourant à des vignettes typiques, ce sera Eustache Noël, curé de Saincte Marthe, également auteur de prédictions “théurgiques”. Eustache Noël sera d’ailleurs souvent représenté avec le même portrait que Belot. Signalons que le principal disciple du curé de Milmonts se nommera L. Colluche.

   Belot, dans son Traité de la Physionomie, figurant dans les nombreuses éditions de ses Œuvres qui paraîtront jusqu’au début du XVIIIe siècle, mais dont la première édition date de 1624, à Paris, chez Nicolas Bourdin (Bibl. Mazarine 30302) écrit : “Ma question fut faite qui fut le 18. Jour de Mars à 7 heures du matin en l’an 1623. (...) Ma question était de savoir quelle serait la longueur de la vie de ce Prince, ses actions, ses fortunes, ses infortunes, bref tout ce qui se passerait pendant ses jours, je fis cette figure donc ; après icelle faite, je fis ces quatrains pour faire entendre (...) les significations de cette figure & les choses promises à ce jeune Prince, lesquels quatrains nous nommons centuriels pour lesquels séparer par cette nomination de familiers quatrains faits par les Poètes communément ; bien que cette diction (acception) Centurie se décrive de cent, cette figure t’instruira de faire le semblable, amy lecteur (... ) Méditez, lecteurs, les Centuries & recognoistrez les affaires futures les plus principales” (pp. 296-300). On notera que les 13 quatrains sont ici appelés centuries et que bien qu’associés aux seules années 1620, ils seront réédités tels quels avec l’indication des mêmes années jusqu’en 1702, à Liége. R. Benazra cite partiellement ce passage7 mais sans le resituer dans le cadre d’un consultation spécifique. Il encourage son lecteur à composer des quatrains pour faire passer le contenu d’une figure astrologique, dressée selon des méthodes que l’on ne développera pas ici et qui n’ont pas grand chose à voir avec la réalité astronomique.8 Ce qui ressort de l’usage que Belot fait du genre du quatrain, c’est que le quatrain serait une sorte d’oracle que le praticien confierait à son client et que celui-ci emporterait avec lui, un peu à la façon dont la Sibylle procédait. D’où notre conviction que les Centuries seraient des collections, des recueils d’oracles que les gens avaient appris à interpréter et à méditer. Il est possible que cette pratique de composer des quatrains ait été de longue date répandue chez les praticiens mais que cela ne faisait pas l’objet de publications puisque ces quatrains devaient être composés au vu d’une certaine figure. Par la suite, il semble que quelqu’un ait eu l’idée d’en publier des tout faits à l’intention de ceux qui n’avaient pas de talent pour en composer, d’où les compilations pour y parvenir. Par la suite, mais pas avant la fin du XVIe siècle - dans les années 1580 - l’on recourut au terme de Prophéties pour désigner de tels recueils, se souvenant que Michel de Nostredame, en son temps, avait publié sous ce titre mais avec un contenu complètement différent.

Almanach Belot
Frontispice de l'Almanach Belot

   Si nous examinons l’Almanach ou Ephémérides pour l’an MSCCXXII dans lequel on verra les émerveillables événements de la présente année, du même Belot, mis en lumière par le Sieur de la Chabinière, son Disciple, et ouvert par une épître à Louis XIII, Paris, Fleury Bourriquant9, on observe que les quatrains font partie de “Prédictions sur le thème céleste des quatre saisons de la présente année 1622”. Autrement dit, les quatrains sont censés être l’expression d’une certaine configuration astrologique que l’on nous dresse et Belot de s’en expliquer : “Mais pour abréger le tout, je donneray (en) quatre Centuries, le compris (la synthèse) de toutes ces Prédictions”. Belot d’ailleurs renvoie à d’autres quatrains : “Vois encore, lecteur, la 2 & 3 centurie de mon discours sur la Comette”. Il faut bien entendu comprendre par “centurie”, quatrain. Il s’agit de la comète de 1618.10 En 1619, Belot avait publié une Instruction familière et très facile pour apprendre les sciences de chiromance et phisiognomie... Plus un Discours astrologique... du comette qui apparut sur notre hémisphère l’année dernière 1618, Paris, N. Rouset et Nicolas Bourdin.11 Dans ce Discours, Belot, qui n’hésite pas, par ailleurs, à reprendre des quatrains qu’il a pu trouver, nous semble-t-il, dans le Janus Gallicus (1594-1596) - il remanie, au début des années 1620, non sans le retoucher, le quatrain 69 de la Centurie XII - expose l’usage pédagogique qu’il fait du quatrain : “Les effets sont si grands & espouventables que (...) je n’ay voulu les déclarer que par ces quatrains (...) Ceux qui ont l’esprit d’intelligence les entendront” (p. 93). Tel semble avoir été le véritable usage des “quatrains astronomiques”, à savoir la traduction d’une configuration astrale en vers et non pas la versification de chroniques historiques. Le fait que l’on ait trouvé des sources historiques aux quatrains des Prophéties centuriques montre bien, a contrario, que l’on a affaire à de pseudo-quatrains astronomiques. Or, dans l’Epître à César telle qu’elle nous a été transmise, dans le canon centurique et préservant bel et bien selon nous l’esprit de la mouture d’origine, étudiée par Couillard en 1556, il est question, dans une seule et même phrase, de “quatrains astronomiques” et de “perpétuelles vaticinations”.

   Il nous apparaît donc que Belot aurait maintenu cette tradition des quatrains astronomiques parallèlement à la publication qui se poursuivait par ailleurs de quatrains qui n’avaient plus aucun fondement astronomique. Si Belot continue à pratiquer le quatrain de façon artisanale, Il semble, en effet, que d’autres se soient demandé pourquoi se charger d’une telle besogne que de dresser un thème, selon telle ou telle méthode fastidieuse, pour en arriver à composer quelque quatrain au lieu de disposer immédiatement d’un quatrain en le tirant au sort. On n’arrête pas le “progrès” et ainsi on gagnait du temps. On ne saurait aucunement exclure que Michel de Nostredame ne se soit essayé à la production de quatrains astronomiques s’articulant sur une chronologie explicite, ce qui n’est nullement le cas des quatrains figurant dans les Prophéties centuriques que nous connaissons et dont l’origine est purement compilatoire, encore que le choix de chroniques ait été judicieux et ait été susceptible de ressembler formellement à celui des quatrains astronomiques. Ceux qui ont découvert les sources des quatrains du canon centurique auront beaucoup fait, sans apparemment toujours s’en rendre compte, pour leur démystification. Il est assez piquant en effet de constater que plus un Peter Lemesurier parvient à montrer que les quatrains centuriques sont repris de documents d’une autre époque et qu’ils ne sont pas la traduction poétique de configurations astronomiques de la seconde moitié du XVIe siècle, et plus il nous apporte la preuve que nous avons affaire à de pseudo-quatrains astronomiques.

   On ne se sera donc pas assez intéressé à la formule “quatrain astronomique” qui semble correspondre à un genre particulier s’articulant de façon expresse sur un substrat astronomique ou pseudo-astronomique, nécessairement daté. Il importe d’insister sur le fait que le lecteur de ces quatrains astronomiques attendait explicitement des dates et non pas des dates que l’on pouvait obtenir en décryptant tel ou tel quatrain mais des dates indiquées noir sur blanc. Or, ce qui caractérise les quatrains centuriques, c’est l’absence de toute chronologie, à la différence de ce qui s’observe pour les quatrains des almanachs. La question qui se pose est donc: comment est-on passé de quatrains astronomiques placés en vis à vis de dates à des quatrains centuriques sans dates ? Comment se présentaient les premières éditions des Centuries, s’y trouvait-il, au départ, un appareil chronologique précisément indiqué et pourquoi et quand, dans ce cas, celui-ci fut-il abandonné ? On notera que l’addition figurant dans les éditions parisiennes de la Ligue n’est pas dénuée de datation : “Les Prophéties (....) Reveues & additionnées par l’Autheur, pour l’an mil cinq cens soyxante & un de trente-neuf articles à la dernière Centurie”, autrement dit des articles valant pour 1561 et pour 1561 seulement. Or, si l’on nous parle de quatrains valant pour une certaine date, est-ce que cela n’est pas vrai également pour les précédents quatrains valant pour des dates que l’on peut raisonnablement supposer antérieures ? Non pas, certes, que les éditions parisienne en question correspondent à un tel schéma mais elles s’y référent, ce qui ne semble pas avoir autrement troublé les esprits. On ne peut exclure qu’avant 1588, les éditions des Centuries aient pu comporter quelque forme de calendrier mais en même temps, on peut se dire que vu que les dates annoncées étaient probablement révolues, dépassées, on a pu préférer s’en émanciper tout comme d’ailleurs le Janus Gallicus a voulu le faire en “redatant” ou en “dé-datant” les quatrains des almanachs, bien au delà de leur échéance normale. On comprend ainsi pourquoi l’on a pu vouloir introduire un premier lot de Présages dans les éditions parisiennes de 1588-1589, en prolongement de la VIe centurie, en recyclant les quatrains de l’almanach pour 1561, c’est-à-dire précisément l’année censée avoir été couverte par l’addition de 39 articles (cf. supra). L’apport principal du Janus Gallicus - point que n’a pas signalé Jean Céard dans son étude12 - serait bien de conférer la responsabilité de la datation des quatrains à une caste de commentateurs, privant désormais le lecteur d’un accès direct à la datation. Désormais, le texte centurique ne sera plus accessible sans une grille exégétique, ce qui permet un meilleur contrôle par le politique. Ainsi, non seulement, les Centuries sont-elle dépourvues d’images susceptibles d’exciter l’imagination des lecteurs français13 mais en plus elles le sont de dates évitant ainsi tout processus populaire spontané. Une problématique que l’on retrouve à une époque où l’on cherche encore à protéger le public d’un accès direct à certains textes, à commencer par les Saintes Ecritures, en milieu catholique. Rappelons qu’avec l’invention de l’imprimerie, dans la seconde moitié du XVe siècle, la diffusion des ouvrages avait pris des proportions assez inouïes. Au total, nous pensons que la disparition des dates dans les éditions des Centuries aura correspondu à un phénomène de censure et rappelons que les Etats Généraux d’Orléans (1560) et de Blois produisirent des ordonnances dans ce sens. Tout se passe comme si une tradition s’était mise en place avec le Janus Gallicus de n’accéder aux quatrains que dès lors qu’ils étaient commentés, et il nous semble probable que pendant une certaine période on ne publia plus des éditions “nues” des Centurie, contrairement à ce que laissent entendre des bibliographies fournissant des dates fantaisistes. Cette pratique est encore confirmée, outre avec les Pléiades du même “éditeur”, plusieurs fois rééditées, Jean Aimé de Chavigny, par la parution en 1620 d’un Petit Discours et Commentaire. Sur les Centuries.14 Période qui durera environ une quarantaine d’années (1590-1630). Rappelons l’échec du projet du dominicain Giffré de Rechac visant à publier un énorme commentaire dont seul le début sera imprimé (Eclaircissement des véritables quatrains, 1656), faisant suite aux débordements nostradamiques sous la Fronde.15 Ce n’est peut-être pas par hasard que diverses éditions des Centuries paraitront dans la Hollande protestante, à Leyde en 1650, à Amsterdam, en 1667 et 1668, non sans toutefois être accompagnées par un commentaire succinct de quelques quatrains. Plus tard, le champ ne sera pas entièrement laissé aux éditions “nues” puisque, outre les publiications du chevalier de Jant, au début des années 167016, paraitront, en 1693, la Concordance de Balthazar Guynaud, qui allait connaitre plusieurs éditions puis en 1710 la Clef de Nostradamus, Isagoge ou introduction au véritable sens des Prophéties (...) Avec la critique touchant les sentimens & interprétations de ceux qui ont ci-devant écrit sur cette matière. Ouvrage très curieux & très utile à toutes les personnes qui veulent lire ou étudier avec progrés ces sortes de prophéties, par Jean Le Roux, curé de Louvicamp.17 Le récent succès, dans les années 1980, d’un Jean-Charles de Fontbrune vient confirmer que le grand public n’accède au canon centurique qu’au travers de commentaires lesquels opérent nécessairement une sélection des quatrains, sans parler des traductions propres aux éditions étrangères. Le même phénoméne s’observe en astrologie où l’on attend de l’astrologue, qui est en fait avant tout un interprète - on parle de “cours d’interprétation” - qu’il opére un tri dans le fatras du théme natal.

   Belot a maintenu la tradition des quatrains astronomiques comme d’autres des prophéties perpetuelles18, ce qui nous permet de comprendre ce qui est annoncé dans la Préface à César. Or, à la place de ce qui est annoncé, nous trouvons des quatrains sans aucun appareil ni exégétique ni même chronologique, comme si l’on avait voulu, au pied levé, remplacer des textes par d’autres, ni vu ni connu.

   Nous pensons, en effet, que l’on a voulu donner l’impression d’une série déjà ancienne de tels quatrains dont la date de consommation était déjà périmée et qui n’étaient là que pour la figuration; on pouvait donc y mettre à peu près n’importe quoi, dans le cadre de (pseudo) prophéties perpétuelles. Seuls comptaient les quatrains indiqués pour des périodes à venir et ceux là furent conçus dans un tout autre esprit, directement en phase avec l’actualité de l’époque. C’est par exemple le cas des quatrains qui traitent à mots à peine couverts de la rivalité entre les maisons de Guise et de Bourbon.

   Il ne faudrait surtout pas minimiser l’apport de Jean Belot aux études nostradamiques. Son cas est d’aileurs à rapprocher de celui d’Antoine Crespin, en raison de la présence de quatrains centuriques dans son oeuvre alors même que Belot ne mentionne que rarement le nom de “Maistre Michel Nostradamus”.

   La seule occurrence que nous ayons trouvée à ce jour est la suivante :

   “On vérifiera ceste ancienne mais veritable Prophétie de maistre Michel Nostradamus”.

         Quand on verra un V entre deux pyramides
         Deux fois trois C, un 2 & deux siseaux ouverts
         Les Rebelles de France & les Raistres perfides
         Serviront de carcasse & de pascure (sic) aux vers.
19

   Himbert de Billy, également nostradamiste dans sa pratique des quatrains d’almanachs - il intitule certaines de ses publications Première Centurie des choses mémorables depuis l’an 1588 iusques à la fin de la 12e centurie. Présages pour 36 ans, Paris Veuve Laurent du Coudret20 avec un quatrain en page de titre - avait en 1602 fait une bréve référence à l’astrophile de Salon : “Dans cette très grande conjonction au signe du Sagittaire, le grand astrologue Nostradamus, Centurie Iere Quatrain 16, dit aussi Faulx à l’estang etc.”21, quatrain que Belot reprendra dans ses Centuries Prophétiques, 1621, mais avec la variante Ange au lieu de Auge.22

   Le quatrain “aux ciseaux” cité par Belot - non signalé par R. Benazra - appartient à la catégorie des chronogrammes à l’exemple de celui que l’on trouve à la fin de la centurie X, chez un Pierre Du Ruau :

Adiousté depuis l’impression de 1568
Quand le fourchu sera soustenu de deux paux
Avec six demy corps, & six siseaux ouvers
Le très puissant Seigneur, héritier des crapaux
Alors subiuguera sous soy tout l’univers.

   Bien entendu, cette addition a disparu dans les éditions datées de 1568.

   De tels chronogrammes sont attestés23 mais hors des éditions des Centuries comportant les années 1570 et 1593. Celui que l’on y trouve renvoie à l’année 1660 (MCCCCCCXXXXXX) alors que celui signalé par Belot comme figurant chez Nostradamus donne l’année 1622 (MCCCCCCXXII), date de la publication de Belot, alors que Louis XIII a 21 ans ; depuis 1620, il a été en conflit armé avec sa mère, Marie de Médicis puis contre les Huguenots qui finiront par être matés en 1622. On trouve chez Belot un quatrain comportant le nom de Bouillon, qui pourrait désigner le protestant Turenne (Nouvelles Centuries). Si cette référence à un texte attribué à Nostradamus est juste, ce chronogramme controuvé serait paru avant celui qui figure dans les éditions troyennes. Et il s’agirait alors d’une édition non conservée (cf. infra).

   Un cas intéressant dans l’oeuvre de Jean Belot est la présence d’un quatrain de la XIIe Centurie. Or ce quatrain - qui traite de la Savoie (Eiovas) et des entreprises de son duc Emmanuel qui leva le camp devant Genève- est donné incomplet dans le Janus Gallicus, se situant d’ailleurs en dernière position, correspondant à l’année 1589 (n° 347) avant les additions :

EIOVAS proche, eslongner Lac Leman
Fort grands aprests. retour. Confusion.
Loin des nepveux, du feu grand Supelman
Tous de leur suite.
(pp. 274-276)

   Chez Belot, ce quatrain (XVII, pour 1623) se présente ainsi :

Eiovas ce voudra monter au Lac Léman
Fort grand après ce fait fortune décolore
Quatre, neuf, unze & six avecques Supelman
Et ne feront pourtant leurs fortune encore.
24

   Voilà en tout cas un quatrain que Belot n’associe pas à 1589. On est au début de la Guerre de Trente Ans.

   Belot, à l’instar du Janus Gallicus n’hésite pas à voir dans Loin une référence à Louis mais ce n’est pas le même Louis - c’était dans le JG un Condé - bien que déjà un Bourbon.

XIII
Le croissant Ottoman de Gog voudra scavoir
Lespoir & son pouvoir mais LOIN plein de courage
Arrestera le cours de son puissant pouvoir
Souz l’espoir que par Tros ils sont de parentage

   Signalons encore chez Belot une façon originale voire facétieuse de recycler l’anagramme Norlaris (pour Lorrains, les Guises), décodé par le JG. (Epître à d’Ornano, “De l’advénement à la Courronne de France de Henry de Bourbon Roy de Navarre”, p. 286) :

XV : Les Nord Laris du Nord
XVI : Lors ces Laris du Nord

   Ajoutons la prédilection de Belot pour les mots remplacés par des initiales ou pour les mots écrits dans une autre police au sein d’un quatrain, coutumière du JG.

   Belot donc, commentateur et paraphraseur assez libre du Janus Gallicus - ensemble paru en éditions bilingues (français/latin) en 1594 puis sous un autre titre, uniquement en français, en 159625 - plutôt que lecteur d’une édition disparue des Centuries ? Nous ne pensons pas qu’il ait existé vers 1618-1622 une édition comportant un quatrain de la Centurie XII, uniquement attestée dans le Janus Gallicus. En 1620, paraissait un Petit Discours ou commentaire sur les Centuries de Maistre Michel Nostradamus imprimées en l’année 1555. Le terme “Centuries” désigne-t-il ici un quatrain ou une série de 100 quatrains ? Belot, pour sa part, utilise le mot centurie comme synonyme de quatrain. Il faudra pour cela attendre les éditions troyennes. A la différence de Crespin, voire de Morgard également imprégnés de nostradamisme26, il ne semble pas que la production de Belot ait été intégrée dans le canon nostradamique. Reste la question du chronogramme pour 1622. Quel besoin Belot avait-il, lui qui multipliait les quatrains sans se référer à Nostradamus, de citer nommément ce dernier à ce propos : “On vérifiera ceste ancienne mais veritable Prophétie de maistre Michel Nostradamus” ? Il ne semble pas qu’il faille prendre un tel procédé trop au sérieux d’autant qu’un tel quatrain est par trop marqué par des enjeux immédiats, ce qui nous ramène au problème des quatrains associés à une année précise, le cas du chronogramme étant un cas extréme plus décodable en tout cas qu’une référence à des configurations astronomiques dont les quatrains de Belot sont truffés.

   Il conviendrait de rappeler que dans les années 1580, nombreux sont les almanachs à comporter des quatrains mensuels, et le libraire lyonnais Benoist Rigaud publie de tels almanachs.27 Si Nostradamus a fait école, ce n’est pas en imposant ses quatrains mais en lançant la mode des quatrains et ses disciples ne sont pas tant ceux qui reprennent les dits Présages - terme qui désigne au demeurant les quatrains d’almanachs commentés dans le Janus Gallicus - mais bien ceux qui en produisent de nouveaux. Alors que l’on ne vienne pas nous parler du style inimitable de Nostradamus. Le nombre de quatrains d’almanachs, ceux d’un Himbert de Billy, d’un Jean Belot, qui n’ont pas été admis dans le canon nostradamique est considérable. Quant à ceux de ces quatrains que l’on affirme être pris des Centuries, ceux de Crespin, ceux des Colony, il convient d’être extrémement prudents car il est fort probable que dans bien des cas ce sont des quatrains qui ont été récupérés au sein des dites Centuries. Quant au mot “centurie”, il va assez vite désigner une suite de quelques quatrains voire un seul quatrain. Il convient donc d’être prudent quand dans les Significations de l’Eclipse de 1559, il est question de “l’interprétation de la seconde centurie de mes Prophéties”, si l’on admet que cette contrefaçon reprenne en partie un texte réellement paru. On ignore en quoi pouvait avoir consisté un tel commentaire et il semble que personne ait tenté de montré le lien qui pouvait exister entre le texte des Significations et les quatrains de la seconde Centurie telle que nous la connaissons, l’idée même d’un commentaire des Centuries nous semble d’ailleurs relativement tardive. On relèvera toutefois ce passage de l’Epître centurique à Henri II qui nous semble faire écho :

   “La plupart des quatrains prophétiques (à distinguer des quatrains astronomiques de la Préface à César) sont tellement scabreux que l’on n’y scauroit donner voye ny moins aucuns interpréter” et plus loin “que si je voulois à un chacun quadrin (sic) mettre le dénombrement du temps (il) se pourroit faire mais à tous (il) ne seroit agréable, ne moins (encore) les interpréter”. Il est donc bien question d’interpréter non pas une centurie mais des quatrains.

   On trouve le mot commentaire pour la première fois dans les productions de Jean Aimé de Chavigny28 :

Lyon 1594 : “extraite et colligée des Centuries des Centuries et autres commentaires de M. Michel de Nostredame”

Paris 1596 : “Commentaires du Sieur de Chavigny sur les Centuries et Pronostications de feu M. Michel de Nostradamus”

   Curieusement, dans un cas, c’est Nostradamus qui aurait fait des Commentaires et dans le second cas c’est Chavigny.

   D’ailleurs, si l’on revient sur le passage concerné des Significations, que lit-on ? “Les Roys, princes et monarques (...) devroient aviser que (...) tel autre & beaucoup plus sinistre & calamiteux aviendra l’an 1605 que combien que (bien que) le terme soit fort long, ce nonobstant les effets de cestuy ne seront guère dissemblables à celuy d’icelle année comme plus amplement est déclaré à l’inteprétation de la seconde centurie de mes Prophéties & combien qu’il y ait un trine aspect de Iupiter a Venus etc” On voit que l’auteur de ce passage s’efforce de recycler le pronostic exprimé pour les années 1559-1560 au profit d’un pronostic pour 1605. Comme on dit, dans une enquéte criminelle, on a bien là un mobile à savoir alimenter une prédiction pour 1605 et nous serions donc tentés de placer cette contrefaçon dans les années qui précédent la dite année 1605. Rappelons que l’Epitre à Henri II - également datée de 1558 comme les Significations, comporte un procédé assez semblable :

   “Mesmes de l’année 1585 & de l’année 1606”.29

   Nous n’excluons pas d’ailleurs que Nostradamus ait découpé ses vraies Prophéties -celles qui se vendaient sous ce nom de son vivant30 en centuries et qu’il les ait “interprétées”. Rappelons que le terme Prophéties pour désigner les Centuries n’est attesté que tardivement : il n’est pas utilisé dans les éditions parues à Rouen en 1588-1589 ni à Anvers, en 1590. Il est en revanche en usage dans les éditions parisiennes de 1588 et au delà ainsi que dans l’édition de Cahors 1590. Ce n’est, apparemment, qu’à cette époque, sous la Ligue, et à Paris, que l’idée de désigner les Centurie de quatrains sous le nom de Prophéties s’est imposé, récupérant ainsi un terme désignant un tout autre type de travail, beaucoup plus chronicisé, produit, effectivement, par Michel de Nostredame. Il n’est pas indifférent que ces mêmes éditions parisiennes, du moins celle de la Veuve Nicolas Roffet et de Pierre Ménier, soient les seules à comporter des vignettes représentant un personnage dans son cabinet à l’instar des éditions antidatées de 1555 et 1557. On notera que le Janus Gallicus de 1594 et sa réédition partielle de 1596 ne comportent même pas en leur titre le mot Prophéties. Il est vrai que cela peut avoir été du à la censure à laquelle il est fait allusion en tête de la Première Face du Janus François.

   Nous signalerons à Theo Van Berkel31, si passionné des chronologies figurant dans l’Epître centurique ou plutôt canonique à Henri II, qu’il y a de fortes chances que celles-ci émanent d’almanachs, sous une forme plus ou moins corrompue, d’autant que nombre d’entre eux comportent des épitres de bonne tenue, souvent truffées de citations latines, généralement en italique, à l’instar des épitres centuriques à César et à Henri II. En effet, il n’est pas rare, par ailleurs, qu’un almanach comporte une chronologie assez consistante, à commencer par l’Almanach de Nostradamus pour 1566, Lyon, A. Volant & P. Brotot.32 En fait, les chronologies tout comme les quatrains seront des traits récurrents des almanachs des décennies durant ; on pense ainsi à celle figurant en tête de l’Almanach pour l’an MDLXXXVII, de Himbert de Billy parue chez nul autre que Benoist Rigaud.33 Dans une section intitulée “Observation sur la présente année 1587” on lit : “Et depuis la création du monde suivant la vraye & parfaite supputation des Chronographes l’an 5549”. Evidemment, les chiffres changent avec le temps qui s’écoule. Or, dans l’Epître à Henri II; la seconce chronologie comporte la formule suivante : “Et depuis l’edification du Temple iusques à Jesus-Christ, selon la supputation des hierographes, passèrent quatre cens nonante ans” alors que pour la première chronologie de l’Epître à Henri II, c’est bien le mot chronographes qui est employé. (“selon aucuns chronographes”). Pourquoi alors parler, plus loin, de “la supputation des hierographes” alors que la formule consacrée et constamment reprise dans ce type de chronologie est “supputation des chronographes” ? En fait, selon les sondages que nous avons effectués, hiérographes pourrait être une déformation d’historiographes ; on trouve aussi chronolographes.34 Mais on ne peut exclure de trouver un jour la forme hiérographes, à savoir ceux qui écrivent sur les choses sacrées.

   On a bien là cependant, au sein d’une même Epître un signe d’hétérogénéité des sources et la marque d’un probable manque de connaissance du sujet de la part d’un rédacteur stipendié. Cette variante nous fournit en tout cas un moyen de distinguer les deux chronologies, la première “chronographes”, la seconde “hiérographes”. Jusqu’à preuve du contraire, il nous semble qu’il s’agit là d’une formule inhabituelle qui pourrait être le fait d’une coquille de la part d’un copiste, mélangeant son grec, cela dénote un travail bâclé et jamais revu. Le fait que l’on recourt à chaque fois à la forme “selon la supputation” ou “suivant la vraye & parfaicte supputation des Chronographes” comme dans l’Almanach des almanachs le plus certain pour l’an bissextil MDXCI de Cormopéde, Lyon Jean Pillehotte35 dont le calendrier est agrémenté de quatrains dans le style nostradamique - encore un auteur oublié des nostra-bibliographes lyonnais à l’instar des Coloni, pourtant bien conservés à Lyon ou encore d’un Jean Petit, qui publie à Paris, chez Pierre Ménier des Prédictions pour cinq années des choses plus mémorables, ouvrage dédié à Louis XIII, avec des quatrains pour chaque mois pour les années 1617 à 162136 nous semble en tout cas indiquer que l’on a a affaire à un même genre de document. En fait, tout au lond du XVIIe siècle, on ne compte plus les almanachs comportant un quatrain mensuel et il conviendrait de les recenser pour déterminer les convergences, les emprunts au canon nostradamique, on pourrait parler d’une poétique du calendrier inaugurée par Nostradamus et qui se développe en paralléle avec les éditions canoniques des Centuries qui en sont, de toute façon, mais d’une autre manière, également issues. On notera que le mot Centurie est également revendiqué pour désigner ces quatrains mensuels ou annuels dans le sens de quatrain prophétique ou divinatoire. Si les quatrains des centuries font l’objet de commentaires en prose, en revanche les “centuries” des almanachs servent plutôt à illustrer un discours en prose, de façon en quelque sorte mnémotechnque. C’est probablement cette dernière fonction qui fut la première en date, le canon centurique n’étant en fait qu’une compilation déchronicisée - et largement interpolée - de quatrains divinatoires, articulés sur une chronologie.

   On voit en tout cas à quel point un texte ne peut être correctement analysé et perçu dans sa singularité délibérée ou accidentelle que par la méthode comparative, d’où l’importance qu’il y a à élargir tout corpus, dans le temps et dans l’espace. Notons qu’encore en 1647 on trouve la vignette d’un personnage à sa table, à la Lune non visagée, figurant dans les éditions Pierre Ménier des Prophéties (1589 et sans date) en frontispice dans les almanachs de R. Le Tilleur et de Mittanour.37

   Nous souhaitons ajouter les observations suivantes à propos des deux chronologies de l’Epître à Henri II et ce sans aucunement entrer dans la question du nombre d’années écoulées entre tel et tel événement. C’est ainsi que nous sommes frappés par la différence de traitement, à quelques pages de distance concernant Jésus Christ :

Chronologie “chronographes” :
“Puis après entre le temps de David & le temps de nostre sauveur & redempteur Jésus Christ, nay de l’unique vierge, ont este (selon aucuns Cronographes (...) Et depuis le temps de l’humaine redemption etc.”

Chronologie “hiérographes” :
“Et depuis l’édification du temple iusques à Iesus Christ selon la supputation des hierographes (...) Or de Iesuchrist (sic) en ça par la diversité des siècles etc.”

   Le contraste est frappant entre le traitement du personnage christique dans les deux cas, dans le premier un développement assez considérable et dans l’autre un développement minimal. Deux sources bien différentes dans leur style, on en conviendra, l’une apparemment plutôt catholique et la seconde plutôt protestante. On sent qu’il s’agit là de passages recopiés et probablement sans trop se préoccuper du contenu chronologique. Il s’agissait là avant tout de se conformer assez maladroitement aux apparences d’un certain genre.

   Même dans la façon dont le Déluge est signalé, on trouve des différences assez significatives d’une chronologie à l’autre et quo sont probablement pas le fait d’un seul et même auteur :

Chronologie “chronographes” :
“Après Noë, de luy & de l’universel déluge”

Chronologie “hiérographes”
“Et depuis la naissance de Noë, iusques à la parfaicte fabrication de l’arche approchent de l’universelle inondation. Noé entra dans l’arche pour estre sauvé du deluge & fut iceluy deluge universel sus la terre”

   Cette fois, c’est la seconde mouture qui est, de loin, la plus étoffée des deux tant et si bien que l’on pourrait qualifier la première chronologie de christique et la seconde de noachique.

Epître à Henri II
Les 2 chronologies dans l'Epître à Henri II :
Le cas “Noé” et “hiérographes” et le cas “Jésus” et “chronographes”.

   On fera donc la même observation, avec Theo Van Berkel, à savoir que tant les Significations de l’Eclipse de 1559 que l’Epître canonique à Henri II sont des documents hybrides, un épithéte qui convient également, bien entendu, aux Centuries elles-mêmes.

   Dans ses plus récentes études (en anglais) consacrées à la première et à la seconde chronologies (sur Espace Nostradamus), Van Berkel note que chaque chronologie précède une prévision couvrant un certain laps de temps : le point de départ de la première étant 1557 (“The first biblical Chronology”) et celui de la seconde étant 1606 (“The second biblical Chronology”), année qui est concernée par une série de positions planétaires dont le détail est donné dans l’Epitre. Il s’agit donc de cette même année 1606 dont nous disions (cf. supra) qu’elle avait été placée à côté de l’an 1585, au début de la dite Epître. Juxtaposition de deux années - 1585 et 1606 qui fait pendant à la juxtaposition des deux chronologies.

Edition Delarue 1866
Réédition Delarue 1866 avec l’Epître à Henri II (Benoît Rigaud, 1568)
Les années vont de 28 en 28 ans : 1557 - 1585

   Or, Théo Van Berkel semble ne guère s’intéresser à l’année 1585 qui figure pourtant non loin de l’année 1557 dans l’Epistre : “espérant de laisser par escrit les ans, villes, citez, regions où la plupart (des quatrains prophétiques et non astronomiques comme dans la préface à César (cf. supra) adviendra, mesmes (en particulier) de l’année 1585 & de l’année 1606, accomençant depuis le temps présent, qui est le 14. de Mars 1557 & passant outre bien loing iusques à l’advènement qui sera aprés au commencement du septiesme millénaire etc.” Nous proposerons de mettre de côté 1606 qui nous apparaît comme un raccord renvoyant à la seconde partie de l’Epître. On a alors deux dates 1585 et 1557. Quel lien existe entre ces deux dates ? Si l’on se réfère aux Prophéties Perpétuelles (version 1740), on note qu’elle figurent toujours l’une à la suite de l’autre, la différence entre les deux étant 28. Dans la série Continuo, soit le neuvième nombre solaire, nous trouvons les années suivantes : 1529, 1557, 1585, 1613 etc avec des Prédictions générales et des Prédictions Particulières. Dans la version nostradamique qui débute en 1560, on ne trouve évidemment pas l’année 1557 et 1585 appartient cette fois au 25e nombre solaire, Garitier, les années suivantes étant les mêmes puisque tout le système est bâti sur le même écart. Nous aurions donc là, nous semble-t-il une forte présomption d’une référence à un cycle de 28 années :

Prophéties Perpétuelles (Livre premier) :
“Le soleil (...) fait son tour par vingt-huit nombres qui contiennent vingt-huit années (...) La première année qui aura cours l’an mil cinq cent soixante (autre version : l’an douze cent soixante-neuf) et les autres années comprises sous ce même nombre solaire (Fer).”

   Dès lors, il semble bien que la première partie de l’Epître à Henri II ait utilisé des éléments appartenant aux Prophéties Perpétuelles, auxquelles s’est bel et bien frotté Michel de Nostredame. En revanche, la seconde partie renvoie à des données plus réellement astronomiques, prises dans les Ephémérides, telles que l’Ephemeridum de Leovitius. La présence de 1606 à côté de 1585 et 1557 vise à conférer une unité factice à l’ensemble alors que 1606 n’appartient pas, en effet, à la série 1557-1585-1613. On notera d’ailleurs que l’on trouve dans nombre d’éditions du XVIIe siècle (Du Ruau, Amsterdam) 1547 au lieu de 1557, c’est visiblement une erreur car cette année ne s’inscrit pas dans la même série numérique que 1585. On voit donc qu’à côté de la grille des grandes conjonctions et du cycle (trithémien) de 354 ans, il convient probablement de prendre en ligne de compte les années se succédant de 28 ans en 28 ans, ce que le regretté Pierre Brind’amour ne semble pas avoir proposé. Etrangement, c’est dans la Préface à César qu’il est question de perpétuelles vaticinations alors que c’est dans l’Epître à Henri II qu’on en donne une illustration, comme si des éléments de la Préface à César avait servi à composer une partie de l’Epître centurique au Roi.

   Il nous semble opportun de revenir sur la différence entre les quatrains astronomiques de la Préface à César et les quatrains prophétiques de l’Epître au Roi. En effet, l’épithète qui accompagne le mot quatrain n’est pas, on l’a vu, le même dans les deux textes en prose. Le terme quatrain prophétique nous semble plus tardif et probablement ne pas appartenir au vocabulaire de Michel de Nostredame. En revanche, il correspond mieux à ce que sont les quatrains centuriques tels que nous les lisons dans le canon nostradamique, c’est-à-dire comme il est dit plus haut : dépourvus de tout commentaire et de toute chronicité. On pourrait se demander si sous l’effet de la censure, le texte prophétique ne se trouvait pas ainsi contraint de présenter une mine aussi austère en laissant ainsi le beau rôle aux commentateurs patentés et surveillés.

   Un des auteurs qui a le plus traité des particularités de l’Epître centurique à Henri II est probablement Jean Le Roux, ancien curé de Louvicamp, dans sa Clef de Nostradamus, Paris, 1710, ouvrage auquel Robert Benazra consacra une étude assez ample38 sans semble-t-il s’attarder sur l’analyse qui est faite de la dite Epitre, si ce n’est que Le Roux veut que celle-ci ait été dédiée... à Louis XIV. “D’où vient, demande l’abbé (pp. 440 et seq) que l’Oracle de la France a supposé trois différents âges qu’avoit le monde, lorsque le Verbe s’est incarné (Selon) un premier calcul (on a ) 4757 à 4758 ans. Et dans un autre dénombrement qu’il en fait trois ou quatre feuillets plus loin, il fixe et arreste luy même cet âge du monde à quatre mille cent septante-trois ans & huit mois ou environ (...) Cependant si on vient à calculer toutes les parties de son second dénombrement (...) on trouvera que le total ne monte juste qu’à quatre mille nonante-deux ans & deux mois.” Et Le Roux de donner sa solution à une telle énigme : “Par le premier qui est de 4758 ans & 8 mois ou environ, il veut nous marquer l’Epoque de l’advénement des deux premiers Rois d’Aquilon, encore sur la fin du commencement du second septiesme millénaire. Enfin par le troisième, qui n’est que de 4092 ans & deux mois, il veut aussi nous marquer l’Epoque du troisiéme Roy d’Aquilon, accompagné ou immediatement suivi de l’Antéchrist, toujours sur la fin du commencement de chaque septiesme millénaire etc.” Comme note R. Benazra, “les méthodes de déchiffrement des Centuries (...) s’inspireront en grande partie des travaux du curé de Louvicamp, qui fut donc le premier à appliquer un certain nombre de régles ou de clefs de déchiffrement pour trouver un sens aux quatrains des Centuries” (p. 290). On pense notamment aux recherches de Patrice Gunard39 à savoir un “Quatrain où l’Oracle a fait le dénombrement des Pièces Prophétiques qu’il a laissées au Public” (p. 355) sur le nombre de quatrains et la succession des éditions, à partir du Testament laissé par Michel de Nostredame40 quand on lit ce passage de la Clef de Nostradamus (p. 355) en réponse aux interrogations sur le contenu du canon nostradamique, remis en question notamment en 1656 par l’Eclaircissement des véritables quatrains de Maistre Michel Nostradamus : “J’achèverais de démontrer tout ceci plus clair que le jour si je voulois sortir des bornes où je me suis renfermé & si je voulois en même temps expliquer le Quatrain où l’Oracle (Nostradamus) a fait le dénombrement des Pièces Prophétiques qu’il a laissées au Public.”

Clef de 1710
Extrait de la Clef de 1710
Frontispice et extrait de la “Clef” de Jean Le Roux (1710)

   Il semble bien qu’il y ait eu une grande réticence de la part des nostradamologue à accepter que Nostradamus ait recouru à des Prophéties Perpétuelles, ce qui correspond à une astronomie fictive, autrement dit ne s’inscrivant pas dans un mouvement planétaire réellement observable. Mais n’en est-il pas de même pour les règnes planétaires à la façon trithémienne, qui ne correspondent à aucune réalité astronomique41 ? Il nous semble probable que ces Prophéties Perpétuelles purent impresssionner les esprits du fait précisément qu’elles étaient censées avoir été produites depuis fort longtemps, ce qui n’est pas le cas des almanachs. On peut ainsi raisonnablement supposer que ce qui fit la popularité de Nostradamus, de son vivant, aurait pu tenir au fait que telle année, dans le tableau utilisé de séries d’années, allant de 28 en 28, aurait correspondu à tel pronostic et que ce pronostic se serait avéré juste. Il est également possible que les pronostics en question aient pu prendre la forme de quatrains, un par an, peut-être plus, mais toujours associés à des années précises, à la différence de ce que l’on peut observer dans le canon centurique, ce qui d’ailleurs correspond au décalage entre la dimension chronologique des Epîtres centuriques et le caractère généralement déconnecté par rapport à une quelconque chronologie obvie des Centuries canoniques. En tout état de cause, le succès des Prophéties Perpétuelles a du tenir à leur visibilité, à leur maniabilité permettant à tout lecteur de s’y retrouver, ce qui n’est nullement le cas pour les dites Centuries canoniques.

Jacques Halbronn
Paris, le 30 avril 2005

Notes

1 Cf. La vie astrologique. Années Trente-Cinquante, Paris, Trédaniel-La Grande Conjonction, 1995. Retour

2 Cf. notre étude “Histoire des prophéties. Les Vaticinations perpétuelles. De l’agriculture au politique (sur Thomas Joseph Moult)” sur le Site CURA.free.fr. Retour

3 Cf. M. Chomarat, Bibliographie Nostradamus, planches, pp. 95-97. Retour

4 Cf. travaux de Gérard Morisse. Retour

5 Cf. notre étude sur le Site du CURA, op. cit. Retour

6 Cf Nostradamus. Les Centuries du Sud, Portet sur Garonne, Ed. Loubatières, 2002. Retour

7 Cf. RCN, p. 230. Retour

8 Voir notre étude à paraître sur l’oeuvre de Jean Belot. Retour

9 Cf. BNF microfilm V 30057. Retour

10 Cf. RCN, p. 181. Retour

11 Cf. la notice Belot dans le CATAF, CURA.free.fr et “Les variations d’impact des “comètes” en France. Etude bibliographique (fin Xve - fin XVIIIe siècles)”, Colloque La cométe de Halley et l’influence sociale et politique des astres, Bayeux, 1991, pp. 76-78. Retour

12 Cf. “Jean-Aimé de Chavigny, le premier commentateur de Nostradamus”, Scienze, credenze occulte, livelli di cultura, dir. P. Zambelli, Florence, Istituto Nazionale di Studi sul Rinascimento, 1982. Retour

13 Cf. notre étude Astrologie et Prophétie, Merveilles sans images, Paris, Bibliothèque Nationale, 1994. Retour

14 Cf. RCN, p. 182. Retour

15 Cf. RCN, pp. 205-230. Retour

16 Cf. RCN, pp. 247-249. Retour

17 Cf. RCN, pp 284-290. Retour

18 Cf. notre étude sur CURA.free.fr. Retour

19 Cf. Les Nouvelles Centuries et estranges predictions du curé de Milmonts sur la venue des Reistres & nouveaux Remuements de France, Paris, pour l’autheur, 1622, BNF Lb36 2027 A. Retour

20 Cf. BNF réserve pR 119. Retour

21 Cf. Prédictions pour cinq années, Paris, Nicolas Rousset, BNF, Réserve, pV 217. Voir RCN, pp. 151-152. Retour

22 Cf. notre étude, “Décryptage de la pseudo genèse du processus centurique”, Espace Nostradamus. Retour

23 Cf. RCN, pp. 157-159. Retour

24 Cf. Discours astrologique et description géographique et topographique du cométe apparu le 27. novembre & défalli le 28 de decémbre l’Année dernière 1618, Paris, N. Rousset N. Bourdin 1619, BNF R 28141. Retour

25 Cf. RCN, pp. 142-143. Retour

26 Cf. Documents Inexploités sur le phénoméne Nostradamus, Feyzin, Ed. Ramkat, 2002. Retour

27 Cf. le recueil BNF Réserve pV 385-386. Retour

28 Cf. RCN, pp. 130 et 142. Retour

29 Cf. nos Documernts Inexploités sur le phénomène Nostradamus, Feyzin, Ed. Ramkat, 2002, p. 85. Retour

30 Cf. l’exposé de Gérard Morisse au Colloque MAU “L’astrologie et le monde”, en novermbre 2005. Voir Site grande-conjonction.org. Retour

31 Cf. son Site Nostradamus, Astrology and the Bible. Retour

32 Cf. RCN, p. 71. Retour

33 Cf. BNF Gallica Numm. 79086, Bib. Lyon La Part Dieu. Retour

34 Cf. collection d’almanachs de la B. Mazarine, pour le milieu du XVIIe siècle, 30181 à 30189. Retour

35 Cf. Bibliothèque de Lyon La Part Dieu. Retour

36 Cf. Bibl. Mazarine, Réserve 37220 (13). Retour

37 Cf. recueil Bibl. Mazarine 30181 (4) et (5). Retour

38 Cf. RCN, pp. 284-290. Retour

39 Sur Espace Nostradamus et sur le site CURA.free.fr. Retour

40 Cf. aussi D. Ruzo, Le testament de Nostradamus, Monaco, Le Rocher, 1982. Retour

41 Cf. notre article “Les maisons des dieux chez Manilius et Ptolémée” Encyclopaedia Hermetica, rubrique Astrologica. Retour



 

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