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ANALYSE

16

Contribution aux recherches biographiques
sur Michel de Nostredame

par Jacques Halbronn

    Texte reprenant pour l’essentiel notre thèse d’Etat,
Le texte prophétique en France, Villeneuve d’Ascq, Presses Universitaires du Septentrion, 2002.

    Robert Benazra a publié en 2001, aux Editions Ramkat, un dossier comportant notamment, en fac similé, des documents relatifs à la vie de Michel de Nostredame, venant de la Bibliothèque Méjanes (Aix en Provence), datant du XVIIIe siècle, mais le premier texte biographique figure en tête du Janus Gallicus, ce qui implique de nous intéresser au premier chef à ce document, le Brief Discours sur la Vie de M. Michel de Nostredame et à son auteur. Nous sommes particulièrement concerné par l’aspect biographique des études nostradamiques parce que le nom de notre aïeul maternel est Carcassonne, ce qui semble devoir nous apparenter à la lignée dont Michel de Nostredame est issu. Par ailleurs, il nous a semblé intéressant d’intervenir dans le débat entre Jean Dupébe, éditeur de la Correspondance latine de Michel de Nostredame et B. Chevignard1 sur le personnage même de Chavigny. Curieusement, Chevignard serait, quant à lui, apparenté à la famille de Chavigny. Nous aurions ainsi un débat entre descendants ou ayant droit des parties en présence.

   J. Dupèbe2 reproche à Chavigny d’avoir usurpé l’identité de Chevigny et d’avoir ainsi récupéré Nostradamus au profit des Catholiques : Nostradamus aurait “été accaparé par la Contre-Réforme à la suite de l’imposture de Jean Aimé de Chavigny”. Si nous acceptons en effet qu’il y ait deux personnes différentes sous ces noms très proches, en revanche, il semble bien, on l’a dit, que Chavigny, d’abord au service de la Ligue, comme il ressort de son commentaire des quatrains, “bascula” en faveur d’Henri IV et qu’il lui ait consacré diverses épîtres, et notamment en 1603 dans les Pléiades. En ce qui concerne le contenu des centuries, il est probable, en effet, que certaines étaient favorables aux Réformés mais d’autres l’étaient tout autant à la Ligue.3 Chavigny a accepté ces textes des deux camps au sein de son creuset exégétique. Mais Chavigny a-t-il uniquement emprunté un nom ? N’a-t-il pas en outre récupéré des documents rédigés ou rassemblés par le dit Jean de Chevigny et par d’autres tels que Dorat ?

   Chavigny rédige une Epître à Henri IV en tête de l’édition lyonnaise de 1594 du Janus Gallicus.4 La passion toute nouvelle de Chavigny pour le converti Henri IV donne quelque vraisemblance à l’idée qu’Henri IV est le nouvel Henri. Nostradamus - ou du moins le sieur de Chavigny, son interprète et son éditeur - auraient ainsi créé un mythe autour du prénom Henri - dont profitera plus tard Henri V au XIXe siècle parallèlement à celui plus ancien du Carolus.5 En quelque sorte, l’on peut se demander si ce ne fut pas alors le véritable départ de la fortune des Centuries dont il semble que l’on ait exagéré l’impact du vivant de Nostradamus. Avec la Vie de Nostradamus, qui parait peu après, l’on tombe dans une certaine hagiographie. Le fait que le Janus Gallicus soit rédigé en français et en latin nous semble être à l’imitation de l’ouvrage sur les Sibylles paru également à Lyon, chez Jean de Tournes, en 1586.

   Dans nombre d’éditions des Centuries, à partir du milieu du XVIIe siècle, le texte introductif n’est plus l’Epître à César mais le “Brief Discours” sur la vie de son père, qui aborde aussi la question de l’oeuvre. C’est qu’en effet, ce texte s’achève sur un appendice programmatique.

   Nous avons signalé ce qu’il y avait d’hasardeux à proposer une biographie de Nostradamus tant que la question de la chronologie de l’oeuvre ne serait pas résolue. La plupart des biographes font preuve à ce sujet d’une imprudence certaine, comme si l’approche biographique n’avait en fait pour objet que de justifier un statu quo bibliographique.6

   Il arrive que des versions qui paraissent plus tardivement correspondent à un état du texte plus ancien. Il semble bien que ce soit le cas avec les éléments biographiques qui sont produits au XVIIIe siècle, et qui ne sont pas une simple resucée du “Brief Discours”, inséré dans le Janus Gallicus.

   C’est au XVIIIe siècle que les éléments biographiques vont émerger dont curieusement la première “Vie” en date - Abrégé de la vie de Michel Nostradamus, suivi d’une nouvelle découverte de ses quatrains, due à Palamèdes Tronc du Condoulet (de la ville de Salon)7 - n’était plus localisée et n’avait pas été étudiée et encore moins reproduite.8 Nous l’avons retrouvée à la Bibliothèque Méjanes où elle était en effet censée se trouver sans que l’on en connût la cote, dans le Fonds Pecoul, Cote 8° 3701.9

   Cette plaquette de 12 pages imprimée à Aix en 1701 s’apparente à l’évidence avec le texte du Janus Gallicus de 1594, d’ailleurs cité nommément par Tronc du Condoulet, “comme le rapporte (le) Janus Gallicus (sic)”. (p. 2)

   Fidèle à notre méthode, nous nous demanderons si le texte de 1701 ne serait pas inspiré d’une source commune à celle du Janus Gallicus et du “Brief Discours sur la vie de M. Michel de Nostredame”.

   La comparaison est assez troublante, en effet. Le texte de 1594 fournit un certain luxe de détails dans sa première partie10 que le texte de 1701 se contente de résumer. En revanche, la suite du texte semble très abrégée dans le Janus Gallicus antérieur cependant d’un bon siècle, alors que le texte de Tronc du Condoulet de 1701 semble plus complet sinon plus exact. On en revient à se demander si c’est la Vie de 1701 qui introduit des interpolations ou bien si c’est celui de 1594 qui comporte des coupures.

   C’est ainsi que l’on nous précise que “Monsieur & Madame la Duchesse de Savoye vinrent exprès à Sallon pour le voir”.11 L’épisode où Michel de Nostredame l’invitèrent à se rendre à Blois pour donner son avis sur les princes ne figure pas dans le Janus Gallicus : “Ils lui recommandèrent d’aller à Blois voir les Princes leurs fils & de leur en dire sa pensée”.12 Tronc du Condoulet va jusqu’à préciser que Nostradamus arriva à la Cour le 15 août 1556, alors que le texte du Janus Gallicus se contente d’indiquer l’année : “Henri II Roy de France l’envoya quérir pour venir en Cour l’an de grâce 1556 & ayant avec iceluy communiqué de choses grandes le renvoya avec présent”, voilà qui, en comparaison, semble bien elliptique. Tronc du Condoulet précise au demeurant “Henri II & Catherine de Médicis son Epouse”.

   Le texte de 1701 fournit le nom de sa seconde femme alors que le Janus Gallicus se contente d’indiquer : “Il se maria en secondes noces” (p. 3) ou “De sa seconde femme, il a laissé six enfants” (p. 6). Le nom d’Anne Ponce Gemelle13 ne figure pas davantage14 dans l’Epitaphe mentionnée dans le texte de 1594 (p. 5) lequel apparaît tronqué tant en latin (p. 10) qu’en français.15 Notons que le titre d’astrologue est clairement mis en avant dans l’inscription : “rapporter aux humains selon l’influence des astres les événemens avenir par dessus tout le rond de la Terre”.16

   Le texte de 1701 rétablit : “Anne Ponce Gemelle souhaite à son mari la vraye félicité”. Or, dans le texte de 1594, cette phrase a sauté17, cela est d’autant plus nette que la dernière ligne du texte faisant suite à la référence à Anne Ponce Gemelle est maintenue : “O Posteres, ne touchez à ses cendres et n’enviez point le repos d’icelui”.18

   Pourquoi un tel traitement de la mère même de César de Nostredame, simplement désignée comme la “seconde femme” auquel l’auteur du Janus Gallicus se réfère dans le même Abrégé ? (p. 6) Pour notre part, cette suppression serait paradoxalement un gage d’authenticité : si Chavigny est un imposteur qui n’a jamais approché Michel de Nostredame et qui aurait récupéré, on ne sait trop comment, certaines archives comme la matière du Recueil des présages prosaïques, quel besoin aurait-il d’évacuer ainsi celle qui survécut à son mari ? En revanche, si le dit Chavigny approcha Nostradamus ou en tout cas sa femme, peut-être la relation se termina-t-elle par quelque rancune qui se manifesterait ainsi de façon assez mesquine.

   Dès lors, comment le nom d’Anne Ponsarde Gemelle refera-t-il surface si Chavigny s’est évertué à l’effacer ? Le texte du Janus Gallicus ne saurait donc être la seule source des biographes du XVIIe siècle puisqu’il est défectueux, alors que celui des dits biographes ne l’est pas.19 On imagine mal que cette suppression soit due au fait qu’il s’agirait d’un abrégé. Ne s’agirait-il pas plutôt de la réapparition d’un manuscrit dont se serait servi Chavigny ? Mais il existe une explication plus simple : Giffré de Rechac, dans son Eclaircissement de 1656 nous donne des précisions qu’il a obtenu en se rendant sur place, à Salon : “Il fut enterré dans l’Eglise des Cordeliers à main gauche de la porte de l’Eglise où sa veuve fit dresser un Epitaphe, attaché à la muraille avec son portrait naturel” (p. 36). Ces détails ne doivent rien au Janus Gallicus, ils sont de première main. L’épitaphe fut détruite en 1791 lors de l’ouverture du tombeau et une nouvelle version fut mise en place vers 1809 - 1811, à la demande du conseil municipal.20

Inscription latine tombeau Nostradamus (Chavigny)    Inscription en français du tombeau Nostradamus (Chavigny)

   En revanche, Tronc du Condoulet ne prend pas la peine de nous dire combien de centuries Michel de Nostredame a produites, ce qui nous semble un point positif vu que nous pensons qu’il s’agit là d’une interpolation. Ainsi, p. 6 du Janus Gallicus : “il a escrit XII centuries de prédictions (...) dont trois se trouvent imparfaites, la VII, XI et XII. Ces deux dernières ont long temps tenu prison & tiennent encores pour la malice du temps, en fin nous leur ouvrirons la porte”. A ce propos, les centuries imparfaites c’est-à-dire incomplètes, signalées correctement dans la Vie de 1594, sont données à tort dans les multiples éditions des Vrayes Centuries et Prophéties, comme étant “la 7, 9 et 11”, point qui n’a pas été corrigé dans les multiples éditions des Vrayes Centuries et Prophéties qui se sont succédé dans la seconde partie du XVIIe siècle.21 Il ne fait pas de doute que le genre biographique peut contribuer à inclure des oeuvres qui ne sont pas d’un auteur.

   Précisons à ce propos certaines variantes dans la conclusion de la Vie lorsque l’on compare le texte de 1594, le Brief Discours sur la Vie de M. Michel de Nostredame et celui de la Vie de Maistre Michel Nostradamus22, telle qu’elle figurera un demi-siècle plus tard dans l’Eclaircissement de 165623 : là où Chavigny se réfère à “notre histoire d’environ cent ans” l’on préférera désormais supprimer la référence à ce laps de temps.

   La formule finale est supprimée, qui renvoie à un texte qui resterait à identifier :

   “Ceux-là à savoir les Centuries, s’entendent en beaucoup plus longs siècles dont nous avons parlé plus amplement en un autre discours sur la vie de ce mesme auteur qui bientôt verra la lumière où nous remettons le lecteur ensemble au dialogue latin qui ci après sera rapporté.”

   Elle devient :

   “Il avait un autre frère nommé Jean de Nostredame qui étoit procureur au Parlement d’Aix, il composa l’Histoire de Provence & la Vie des Poètes du même pays”.24

   Le parallèle entre la Vie et l’Epître à Henri II est frappant. Dans les deux cas, l’interpolation aurait servi à accréditer une certaine présentation de l’oeuvre de Michel de Nostredame.

   En fin de compte, il nous apparaît que le “Brief Discours” n’est pas un texte de première main, on y perçoit des coupures ainsi que des interpolations.

   Pour clore le XVIIe siècle, signalons, en 1693, la Concordance de Balthazar Guynaud25, inspirée de l’Eclaircissement de 1656 de Giffré de Rechac et bien entendu du Janus Gallicus26, nom sous lequel il désigne Chavigny.27

   Ci-dessous, nous donnerons un exemple montrant que Guynaud connaît Chavigny à travers Giffré de Rechac.

   Chavigny : “On grava cette Epitaphe sur son sépulcre faite à l’imitation de celui du grand Tite Live Historiographe Romain qui se void aujourd’hui en l’Eglise des Cordeliers de Salon où son corps fut inhumé honorablement voici comme je l’ai traduite du Latin en François”

   Giffré de Rechac : “Il fut enterré dans l’Eglise des Cordeliers à main gauche de la porte de l’Eglise où sa veuve fit dresser un Epitaphe sur une table de marbre, attachée à la muraille avec son pourtrait au naturel, dont voicy les paroles qui estoient au dessus”

   Guynaud : “Il fut enterré solennellement dans l’Eglise des Cordeliers de Salon à main gauche de la porte où sa veuve fit mettre son portrait au naturel & ses armes avec une Epitaphe sur une table de marbre attachée à la muraille dont voici les paroles”

   Guynaud s’adresse à Louis XIV comme un siècle plus tôt Chavigny s’adressait à Henri IV.28 Il reconnaît qu’il a dû élaguer son ouvrage (fin de la Préface, 1693, p. 19) : L’auteur “a trouvé bon de retrancher non seulement plusieurs choses dans l’Explication des Préfaces, mais encore d’ôter comme il a fait de sa troisième partie 39 prophéties dont il donnait comme des autres les lumières & l’interprétation au public, le temps présent ne lui permettant point encore d’en parler”

Le Manuscrit 1167 (1085) de la Méjanes

   En fait, il importe pour progresser dans une telle investigation concernant les éléments biographiques relatifs à Michel de Nostredame, de prendre connaissance du manuscrit de la Bibliothèque Méjanes d’Aix en Provence intitulé Abrégé de l’Histoire de Michel Nostradamus par M. Palamède Tronc du Coudoulet (ou du Condoulet), que nous venons de signaler pour l’imprimé de 1701. La comparaison avec la Vie et Testament, édition parue en 1789, à la veille de la Révolution29, met pleinement en évidence les similitudes entre les deux versions. Des pages entières sont strictement identiques et les variantes sont moins dues à des ajouts qu’à des coupes. Les divers textes se concluent, malgré leurs approches sélectives par la même formule latine.

   Michel Chomarat attribue30 cette Vie et Testament de 1789 à Pierre de Haitze, il est vrai que la ressemblance est également forte mais pour une raison très simple : la Vie de Nostradamus de 171131 est également inspirée du même texte de Tronc du Coudoulet sans parler bien évidemment du petit fascicule de 1701 qui était certainement accessible à Pierre Joseph de Haitze. Autrement dit, nous disposons de trois dérivés d’un même document, comportant chacun des éléments différents mais presque toujours repris littéralement.32

   Curieusement, à la fin du manuscrit orné d’un portrait de Michel de Nostredame sous lequel l’inscription funéraire figure avec la mention d’Anne Gemelle, on trouve écrit en 1854 la formule : “la fin de mon manuscrit a été empruntée à une brochure intitulée Vie et Testament de Michel Nostradamus (1789)”. Il va de soi que c’est exactement l’inverse et que c’est cette publication parue l’année de la Révolution Française qui doit tout à ce manuscrit d’ailleurs fortement marqué par le début du XVIIIe siècle.

   En effet, si le manuscrit n’est pas aisément datable, en revanche, nous pouvons nous appuyer sur les éditions aixoises de 1701 (Condoulet) et de 1711 (Haitze) lesquelles comportent, on l’a dit de larges extraits du manuscrit bien avant 1789.

   Le texte de Haitze, au demeurant, n’emprunte au manuscrit aucun des nombreux commentaires des quatrains à une exception près, ce qui n’est pas le cas, dix ans plus tôt, de l’imprimé de 1701 qui en est truffé. Il est très largement identique à l’impression de 1789 pour l’essentiel de la première partie découpée en paragraphes numérotés en chiffres romains. Le parti pris de Pierre Joseph semble donc avoir été de ne pas prendre en compte ces commentaires à moins qu’en 1711 la seconde partie n’ait point encore existé.

   On peut évidemment supposer une division en deux du texte du manuscrit : une première partie peut être plus ancienne ayant valeur biographique et une seconde constituée d’exégèses marquées par les événements de la fin du règne de Louis XIV et bien entendue plus tardive.

   Dans les versions dérivées du manuscrit, nous trouvons une sorte de préambule qui va jusqu’à la page 6 pour le texte de 1711.

   Le manuscrit cite le Janus Gallicus, ce qui nous amène à penser qu’il s’agit de toute façon d’une rédaction postérieure à 1594.

   Parfois l’ordre des “explications” de quatrains n’est pas le même.

   Le titre de Vie et Testament de Nostradamus tient au fait que l’on y trouve un “sommaire du testament de Nostradamus” présent également dans le manuscrit de la Méjanes.33

   En ce qui concerne l’inscription funéraire, ajoutons que dans certains cas l’on fournit le texte latin et dans d’autres, la seule traduction française.

   L’inscription commence dans le manuscrit non pas par “D. M.” mais par “D. O. M.”.34

   Une erreur s’est glissée dans le passage concernant Anne Pons Gemelle : “optat veram felicitatem” (dans le manuscrit) généralement rendu en abrégé “V. F.”. Le manuscrit est en fait le seul document qui rende le sens de ces deux initiales. Une version rend l’abréviation “conjugi optat V. F.” par “opt. V. F.” et une autre par “conjugi optimo V. F.”.

   Mais entre le Janus Gallicus de 1594 et l’Abrégé de 1701 de Palamèdes de Tronc du Condoulet, il importe de s’arrêter sur le dix-septième siècle qui vit véritablement naître les études nostradamiques. D’ailleurs plusieurs auteurs de cette époque sont cités dans le Manuscrit de la Méjanes.

   En fait, Balthazar Guynaud, dans sa Concordance de 1693, fournit (pp. 26 - 27) semble-t-il l’intitulé le plus complet : “D(ei). OPT. M (ax).”, le O ayant donc le même sens qu’à la fin du texte “conjugi optimo veram felicitatem”. Dans le texte de 1656, on trouve simplement D. M. à rapprocher du quatrain 66 de la huitième centurie :

“Quand l’escriture D. M. trouvée
Et cave antique à lampe descouverte”.

   Ce quatrain pourrait être directement inspiré de l’inscription funéraire puisque, selon notre thèse, il relève de centuries posthumes.

   Il reste que la forme D. O. M. - Dei optimo maximo - figure généralement en tête des épitaphes.35

   Mais comment a-t-on pu compléter, au cours du XVIIe siècle, ce que ne comportait pas le Janus Gallicus, sinon en allant directement sur place, à Salon, examiner l’inscription ?

   En outre la formule consistant à présenter un quatrain et à le faire suivre d’une “explication” se retrouve déjà chez Guynaud, 8 ans avant la publication abrégée de Tronc du Condoulet de 1701 (cf. infra).

   Mais Guynaud, en réalité, ne fait que se conformer au style de l’Eclaircissement de 1656 de Giffré de Réchac : une vie suivie d’un commentaire comportant quatrains et “explication”.

   En fait, entre 1594 et 1656, nous n’avons connaissance d’aucun nouveau travail sur la vie de Michel de Nostredame. En 1650 est bien parue dans certaines éditions des Centuries - celles intitulées Vrayes Centuries et Prophéties - une “Vie de l’auteur”, mais celle-ci reprend mot pour mot le texte de 1594 avec quelques omissions apparemment involontaires. Or, en 1656, une biographie remaniée est publiée.36

   Rappelons enfin qu’en 1709, une nouvelle édition de la Concordance paraît et qu’en 1710, est publiée la Clef de Nostradamus, ouvrage accompagné d’une “critique touchant les sentimens & interprétations de ceux qui ont ci-devant écrit sur cette matière”37 lequel pose un certain nombre de “paradoxes” : son auteur Jean Leroux n’admet pas que les présages - nom sous lequel on désigne au XVIIe siècle les quatrains des almanachs de Nostradamus - puissent ne concerner que l’année de leur publication, il pense que l’Epître à Henri II ne vise pas uniquement ce souverain, et il soutient, contre l’auteur de l’Eclaircissement de 1656, que les sixains font partie intégrante du canon nostradamique, en d’autres termes, il opte pour une vision très ouverte de cette littérature, tout en refusant que l’on se permette, à la façon de Giffré de Rechac, de modifier le texte : “sous ombre de corriger ces quatrains, il les corrompait souvent”. Leroux lance l’idée qui sera reprise au XIXe siècle selon laquelle seuls certains élus seraient voués à déchiffrer les quatrains : “L’Epître à César aussi bien que les Centuries qui la suivent ne s’adressent qu’à celui là seul qui en doit être le véritable interprète”.38

Les aïeux de Michel de Nostredame

   La différence entre la Vie et Testament de 1789 et le texte de 1711 ne se réduit nullement au commentaire d’une série de quatrains, elle concerne des éléments biographiques que l’on retrouve dans le Manuscrit de la Méjanes qui reste une source directe de la Vie et Testament, sans que Pierre de Haitze ait eu à servir de relais, ce dernier ayant vraisemblablement puisé à la même source.

   Nous en donnerons pour exemple le passage du “petit astrologue” qui figure en 1789 et non point en 1711. Ce passage fait partie intégrante de la partie de la Vie liée à l’enfance de Michel de Nostredame sur laquelle nous souhaitons nous arrêter.

   Le biographe de l’auteur des Centuries, quel qu’il soit, accorde une importance certaine au rôle des grands parents dont nous rappellerons qu’ils étaient juifs ou en tout cas récemment convertis.39

   Le texte de 1594 comporte une tournure maladroite :

   “Son père fut Jacques de Nostredame notaire du lieu : sa mère Renée de Saint- Rémy, dont les aïeuls paternels & maternels furent personnages bien versés aux sciences de Mathématique & Médecine : comme médecins qu’ils étoient l’un de René Roy de Hierusalem & de Sicile, Comte de Provence & l’autre de Jean Duc de Calabre, fils dudit Roy René.”

   On comprend, à lire Chavigny, qu’il est question des aïeux de la mère de Michel de Nostredame, Renée de Saint-Rémy et non des aïeux de celui-ci. Or, toutes les autres vies rétabliront le texte : il s’agit bien des grands parents de Michel de Nostredame tant du côté du père que de la mère. Le texte de 1594 fournit en marge d’ailleurs le nom des dits aieux : “L’un s’appelait Pierre de Nostredame, l’autre Jean de Saint-Rémy40, ce qui lève en effet l’ambiguïté. Malheureusement, cette indication en marge échappera à ceux qui intégrèrent cette Vie dans le corpus des Vrayes Centuries. Il semblerait que le petit Michel ait été placé sous la garde de son aïeul maternel qui lui aurait donné le “goût des célestes sciences”.

   Or, le Manuscrit de la Méjanes développe une autre thèse, favorable à l’aïeul paternel :

   “Le premier connaissant la disposition que son petit fils Michel avoit pour les Lettres (...) recommanda à Jacques son fils de n’épargner rien pour son éducation”.

   Le doute n’est pas permis quant à l’intention du manuscrit de privilégier le rôle de la lignée paternelle. Mais l’on peut penser qu’il s’agit d’une variante et le texte de 1789, qui par ailleurs est si fidèle au manuscrit, ne le suit pas sur ce point et préserve le rôle du grand père maternel au point que l’on puisse douter qu’il se soit servi du dit manuscrit et supposer l’existence d’une version légèrement différente.

   Toutefois, R. Benazra, dans une étude biographique41 précise qu’Avignon où le petit Michel se rendit en premier (avant de poursuivre pour Montpellier) était la “ville d’origine de son grand père, Pierre de Nostredame”.

   Quant à l’épisode du “petit astrologue”, il fait partie de cette période de l’enfance. Mais alors que dans le manuscrit, les talents d’observateur du ciel - astrologue signifiant alors aussi astronome - sont signalés à la suite du rôle accordé au bisaïeul, en 1789, curieusement, cette information est fournie avant même qu’il soit traité de la naissance de Michel de Nostredame en 1503 à Saint-Rémy de Provence.

   Le manuscrit est assez facilement datable au demeurant puisqu’il fait référence aux enfants et petits enfants de Louis XIV lesquels vont décéder, à l’exception de Philippe V, avant leur père et grand père. Seul un des arrière-petit-fils de Louis XIV survivra, né en 1710, ce sera Louis XV.

Une version manquante de la Vie

   Toutefois, nous sommes amenés à penser que le manuscrit conservé à la Méjanes n’est pas la matrice de ces diverses publications. La comparaison avec la Vie et Testament de 1789 fait apparaître certes une très grande similitude qui disqualifie tout à fait l’attribution à Pierre Joseph, mais aussi quelques lacunes du manuscrit qui ne sauraient guère pouvoir être mises sur le compte d’une interpolation tardive.

   Les quatrains manquants, quatrain III de la centurie V et XXXIX de la centurie V, se rapportent à Don Carlos, donc au début du XVIIIe siècle.

   Par ailleurs, ce manuscrit de la Méjanes semble avoir servi pour établir le texte de la Vie et Testament. On y retrouve notamment certains passages rayés qui recoupent les suppressions du texte de 1789. Dans la même page du manuscrit, un développement a été barré et remplacé par la formule “on assure que (...). On assure aussi” à moins que l’un des possesseurs du manuscrit l’ait modifié pour correspondre à l’édition de 1789 dont le manuscrit en tout état de cause comporte en marge la référence. Il y a toutefois des passages barrés du manuscrit qui sont restitués par le texte de 1789 (Quatrain 74 de la IVe centurie).

   Nous avons localisé en outre un passage de notre manuscrit qui a été omis par l’ensemble des textes abordés : il s’agit du commentaire du quatrain 28 de la centurie III. Il y est question, selon le commentateur, du règne de Sixte Quint et d’Elisabeth d’Angleterre qui mit à mort ses adversaires.

   Le texte de 1789 serait donc la réédition d’un texte rédigé une cinquantaine d’années plus tôt. Il se présente d’ailleurs comme la reprise d’un texte de Jean Aimé de Chavigny42, alors qu’il s’agit de l’Abrégé de l’Histoire de Michel Nostradamus de Palamèdes Tronc du Condoulet.

   Mais si le manuscrit de la Méjanes est postérieur à 1701, comment aurait-il pu être à la source du texte de 1701 et pourquoi l’ “Abrégé” de 1594 n’est pas précédé d’un texte plus ample ? Est-ce que le texte de 1701 ne serait pas plutôt une esquisse du manuscrit de la Méjanes ? Le manuscrit lui même se réfère à 1720 et n’aurait donc été achevé qu’au delà de cette date, tout en comportant des explications rédigées antérieurement et non mises à jour notamment en ce qui concerne la descendance de Louis XIV.

   En 1701, la Vie est réduite à la portion congrue : un recto verso tandis que la “nouvelle découverte de ses quatrains” couvre 5 pages. Palamèdes Tronc du Condoulet obéit ici au modèle “rechaquien” de 1656 associant “vie” et “explications”.

   Le Salonais n’aurait-il songé à un travail biographique plus ample que dans un deuxième temps ? Et au demeurant, faut-il attribuer à Tronc du Condoulet lui-même la paternité du manuscrit ou bien s’agit-il d’un manuscrit qu’il aurait repris à son compte ?

   L’Abrégé de 1701 rétablit un certain nombre de lacunes en s’appuyant sur des sources correspondant vraisemblablement à celles que l’on pourra trouver dans le manuscrit de la Méjanes. Certes, il se réfère à/au Janus Gallicus (terme sous lequel on désigne en fait l’auteur de l’ouvrage du même nom). Le passage ainsi signalé par Tronc du Condoulet comme ayant été pris du Janus Gallicus est assez étonnant, puisqu’il s’agit précisément de l’un de ceux qui pose problème, s’agissant de l’omission du nom d’Anne Ponce Gémelle dans l’Epitaphe. Or, Tronc du Condoulet ne suit justement pas Janus Gallicus sur ce point : “Il prédit sa mort, disant hic prope mors est, comme le rapporte Janus Gallicus, car il mourut le 2 juillet 1566”. Suit la description de l’épitaphe. Nous disposons de deux explications : soit Tronc du Condoulet se voulait en fait ironique à propos du Janus Gallicus, le citant précisément là où il est en défaut, soit il se réfère à un autre document également intitulé ou attribué à un Janus Gallicus et dont nous n’aurions pas connaissance.

   Ne pourrait-on au demeurant envisager la thèse suivante : Chavigny aurait repris un texte portant déjà le nom ou le titre de “Janus Gallicus” et auquel Tronc du Condoulet aurait eu accès, et de la sorte il aurait cité un texte comportant les points qui apparaissent dans le texte de 1701 et qui font défaut à celui de 1594. Le Janus Gallicus, à deux reprises, renvoie à un autre texte : dans la “Vie sommaire”, l’on trouve entre parenthèses : “ainsi qu’avons éscrit ailleurs amplement” et in fine : “dont nous avons parlé plus amplement en un autre discours sur la vie de ce mesme Auteur”. On est en droit de penser que ce texte plus ample n’est pas trop diffèrent du manuscrit de la Méjanes.

   En fait, l’Abrégé de la Vie de Michel Nostradamus, paru à Aix, en 1701 - à distinguer de l’Abrégé de l’Histoire de Michel Nostradamus, manuscrit de la Méjanes43 - semble avoir été repris par les biographes modernes, notamment Michaud, qui y ont notamment trouvé l’indication d’un Traité d’Astrologie du au fils aîné Michel, ce qui pourrait venir de la parution d’ouvrages sous le nom de Michel Nostradamus le Jeune.

   Qu’en est-il de cet “Abrégé de l’Histoire” orné d’un portrait du prophète entouré d’une formule latine “Clarissimus Michael Nostradamus Regius Consiliarius et medicus etc.”, et qui semble avoir servi, sous une forme assez proche de celle que nous connaissons, pour l’édition de 1701 et pour le “Brief discours” du Janus Gallicus de 1594. L’Abrégé de l’histoire serait donc antérieur à cette dernière date. Il y est question, entre autres, du quatrain “Le Lion etc.” censé se référer à la mort d’Henri II en 1559.44 Mais ce manuscrit mériterait une étude en soi.45

   Entre 1594 et 1701, le texte du Brief Discours sur la Vie de M. Michel de Nostredame allait connaître bien des vicissitudes. La version des éditions hollandaises qui paraissent à partir de 1650 est sensiblement différente de celle du texte de 1594 tout en n’en étant qu’une paraphrase. On y remarquera que le recours à la première personne du singulier, de la part du narrateur, y est moins marqué. C’est précisément ce ton de vérité à la première personne qui rend perplexe46, car il implique que Jean Aimé fut également un proche de Nostradamus à moins qu’il ne se serve d’un texte laissé par Jean de Chevigny. Il pourrait s’agir non pas cette fois du nom d’un texte comme en 1594 mais d’un pseudonyme, d’où la formule utilisée par Tronc du Condoulet qui parle de Janus Gallicus comme d’un auteur. Jean Aimé de Chavigny pourrait au demeurant avoir choisi comme nom de plume “Janus”, proche de son prénom.

   Si l’on place en vis à vis un passage de 1789 - très proche du manuscrit de la Méjanes - et un passage portant sur le même sujet de 1701, l’on perçoit fort bien que Tronc du Condoulet a réalisé un abrégé (p. 78 de la Vie et Testament) :

   “En cette dernière entrevue, le roi, désirant lui donner personnellement des témoignages de sa royale bienveillance, lui fit un présent de deux cents écus d’or, accompagné d’un brevet de médecin ordinaire de sa personne. La reine mère ajouta à cette libéralité encore cent écus d’or.” (p. 2 de l’Abrégé de 1701)

   “Charles IX venant en Provence eut la curiosité de l’envoyer quérir d’Arles, il luy a donné 200 Ecus d’Or & la Reine 100 avec un Brevet de Médecin ordinaire de Sa Majesté & les appointements.” (pp. 3 et 4 du “Brief Discours” de 1594)

   “Quelques ans après Charles IX, son fils visitant ses provinces (que fut 1564) & rangeant sous la douceur de la paix ses villes mutinées, entrant en Provence, ne voulut faillir de visiter ce Prophète & vrayement héros & usant envers luy de liberalité Royalle l’honnora de l’estat de Conseiller & sien Médecin ordinaire.”

   On voit donc que les détails fournis en 1701, notamment à propos des sommes versées, ne peuvent avoir été empruntés au texte du Janus Gallicus de 1594.

   En conclusion, revenons sur le fait que désormais il n’est pas recommandé d’inclure les éditions contrefaites des Centuries dans la biographie de Michel de Nostredame, du genre “en 1555, il publia chez Macé Bonhomme les Prophéties” et tout à l’avenant. Le biographe dépend ici largement du bibliographe et l’affaire des Centuries appartient, nous apparaît-il, à la fortune posthume de l’oeuvre de notre auteur ; il serait préférable de se contenter d’anticiper en précisant que les quatrains des almanachs préfigurent ceux des Centuries qui seront élaborés dans les années qui suivront le décès du Mage de Salon. On retiendra ce point essentiel que nous confirme la pierre tombale, c’est qu’il n’y est nullement indiqué que Michel de Nostredame était prophète mais uniquement, qu’il oeuvrait, pour “tracer et rapporter aux humains les événements à venir (…) selon l’influence des astres” ou pour prendre la version latine du Janus Gallicus “ex astrorum influxu”. C’est ainsi qu’en 1566, Michel de Nostredame était censé passer à la postérité et non par le truchement de quatrains diposés en centuries - non au sein d’almanachs astrologiques - et qui n’avaient pas, et pour cause, encore fait sa gloire.

Jacques Halbronn
Paris, le 9 avril 2003

Note additionnelle

    Il est intéressant d’étudier la genèse de la biographie nostradamique. Dès 1572, on trouve dans un ouvrage en langue allemande l’esquisse d’une biographie dont nous ne connaissons pas l’original français. M. Chomarat signale ces Michaelis Nostradami (...) zwey Bücher, parus à Augsbourg, chez G. Willers, (British Library), mais sans s’arrêter sur l’Epître dédicatoire dédiée par Jeremias Mertz (Martius), à une certaine Christine de Suède - qui n’est évidemment pas la célèbre princesse qui vécut au siècle suivant, du temps de Descartes - dans laquelle on trouve quelques dates de la vie de Michel de Nostredame liés à ses séjours à Montpellier et en Provence (fol. A II verso et seq). Chomarat ne précise pas davantage qu’il s’agit de la traduction de l’Excellent & moult utile opuscule à tous nécessaire, qui désirent avoir cognoissance de plusieurs exquises receptes, divisé en deux parties etc. Mais les deux textes ainsi introduits étant à caractère médical ou pharmaceutique, il n’y est pas question de ses activités prophétiques. On peut se demander si après la mort de Michel de Nostredame, sa biographie ne fut pas publiée en français, en accompagnement, éventuellement, d’un lot de centuries posthumes. On rappellera qu’au XVIIe siècle, la Vie de Nostradamus figurait bel et bien avec les Centuries et qu’il peut s’être agi du maintien ou de la réminiscence d’une pratique ancienne. Voilà qui achèverait de montrer que nous ne disposons pas des véritables éditions posthumes parues vers 1568, celles existant ne comportant aucun élément biographique. On notera que dans l’édition prétendument datée de 1566, chez Pierre Rigaud (sic), censée parue l’année de la mort de Michel de Nostredame, figure la reproduction du texte de la pierre tombale alors que les éditions datées de 1568 ne comportent étrangement rien qui fasse référence à sa carrière.

Traité des Confitures (1572)    Traité des Confitures (1572)

Traité des Confitures (1572)    Traité des Confitures (1572)

Quelques pages de l'édition allemande
du Traité des Fardements et Confitures (1572)

   Dans sa Vie de Nostradamus (in Janus Gallicus, 1594), un Chavigny ne fournit aucune date pour les publications des Centuries, tandis qu’en 1656, l’Eclaircissement des véritables quatrains, n’introduit pas davantage d'éléments bibliographiques datés.47 Mais on ne peut exclure que le J. G. ne s’inspire d’une précédente biographie qui aurait été perdue et dont on aurait une trace dans l’épître allemande susnommée, dès 1572.

Paris, le 20 juin 2003

Notes

1 Cf. son introduction à son édition du manuscrit du Recueil des Présages Prosaïques, Vol. 1, Paris, Ed. Du Seuil. Retour

2 Cf. Art. “Nostradamus” in Dictionnaire Universel des Littératures, Paris, 1994, p. 2593. Retour

3 Voir Halbronn 1998.1. Retour

4 Cf. aussi Pronostication pour 1595, “Pronostication de l’advènement de Henri roi de Navarre”, Paris, Sevestre, Bib. Mazarine, 37264 ou 37254 (signalé par Ph. Renouard, Fichier manuscrit, article Nostradamus, BNF, Réserve). Retour

5 Colette Beaune, a mis en évidence l’importance du prénom. C’est ainsi que Saint-Louis aurait été handicapé par son prénom, alors que son frère Charles d’Anjou s’inscrivait mieux dans un schéma prophétique. Retour

6 Cf. récemment l’ouvrage de J. Ch. De Fontbrune, Ed. de l’Archipel. Retour

7 Le nom de Pierre Tronc du Condoulet “bourgeois de Salon“ figure dans le manuscrit de la Méjanes, parent vraisemblablement de ce Palamèdes. Un Pierre Tronc de Codolet aurait épousé une des filles de Michel de Nostredame, Jeanne, voir M. Marin, Nostradamus, le prophète de la Renaissance, Paris, J. Grancher, 1998, p. 192 [NDE : En fait, ce Tronc de Codolet n’épousa pas une fille de Michel de Nostredame, mais une fille d’un frère à Michel, Bertrand, laquelle se prénommait Jeanne. Voir Benazra, Abrégés, 2001, p. 7, note 1]. Retour

8 Benazra signale correctement le titre et l’éditeur mais ne le cite qu’à travers l’article de Buget dans le Bulletin du Bibliophile de 1860, sans fournir de cote (RCN, p. 282) [NDE : Peu de temps après la publication du RCN, R. Benazra retrouve la trace de l’imprimé de 1701 et des manuscrits de Coudoulet, qu’il publie en 2001]. Quant à P. Brind’amour, dans son travail biographique (op. cit.), il ne consacre pas d’étude aux différentes “vies” de Michel de Nostredame parues entre 1594 et 1789. Retour

9 Voir à cette même bibliothèque le manuscrit d’une Vie de Nostradamus par le même auteur, ouvrage beaucoup plus considérable bien que portant toujours le titre d’Abrégé : Abrégé de l’Histoire de Michel Nostradamus, publié par Benazra en 2001. Retour

10 C’est ainsi que Chavigny note que Launay, dans son Théâtre du Monde, aurait rédigé un texte “selon les vrais rapports qui en luy furent faits par nostre Auteur” à propos de la peste d’Aix (1546). Il conviendrait donc d’attribuer cette pièce du Théâtre en partie à Nostradamus. Retour

11 Nostradamus dédiera son Almanach pour 1561 à la duchesse de Savoie, Marguerite (1523 - 1574), soeur d’Henri II, épouse d’Emmanuel Philibert, depuis le traité de Cateau-Cambrésis de 1559. Retour

12 Ce point est important par rapport à la mort de François II rapportée par la correspondance vénitienne en 1560. Retour

13 Le mariage date du 11 novembre 1547. “Anne Ponsard, femme du célèbre Michel Nostradamus”, Histoire de la Ville de Marseille de A. de Ruffi, Marseille, 1696, Vol. 2, Livre XIV, Ch3, 32, BNF, Res Fol Lk7 4622A. Anne Ponsarde était veuve de Jean Beaulme. Retour

14 Voir E. Platel d’Amorc, MD, Ed. Verso, 1994, p. 33. Retour

15 Le Pelletier (Tome I des Oracles de Nostredame, op. cit.) a relevé cette anomalie : “Je transcris ici comme étant plus correct que celui du Janus Gallicus le texte de l’épitaphe de Nosqtradamus telle qu’elle se trouve dans le Benoist Rigaud de 1568”, Reed. Paris, J. de Bonnot 1976, p. 34. Retour

16 Cf. Ruzo, 1982, planche de l’épitaphe de Nostradamus après la p.286. Brind’amour, 1992, pp. 60 - 61, signale que le texte inspiré d’une épitaphe sur le sarcophage qu’on pensa contenir la dépouille de Tite Live, figure chez César de Nostredame dans son Histoire et Chronique de Provence, Lyon, 1614, p. 804. Retour

17 Les éditions du XVIIIe siècles, à l’enseigne de Pierre Rigaud, comportent en frontispice le texte complet de la pierre tombale. Retour

18 Noter qu’en 1716 parait à Avignon une gravure représentant Michel de Nostredame à 62 ans, peint par son fils César, “pinxit filius ejus”, comme le note en 1701 Tronc du Condoulet, peu avant sa mort et comportant l’épitaphe latine complète avec sa traduction française; reproduction in Testament de Ruzo (1982), planche en vis à vis de la p. 286, identique à celle du manuscrit Méjanes 1167. Ce pourrait être une copie manuscrite de cette gravure, mais la traduction française ne figure pas et le blason est placé au dessus du texte dans le manuscrit au lieu d’en dessous. Par ailleurs, il est indiqué “delineavit” et non “delineavit et sculpsit”. Retour

19 Voir reproduction photographique de l’épitaphe, inscrite dans une église de Salon, in Randi (1993), face à la p. 93. Retour

20 Information fournie par Jacqueline Allemand, Maison de Nostradamus, Salon de Provence. On recherche actuellement le procès verbal des délibérations du dit conseil. En 1789, on pouvait donc encore avoir accès à l’épitaphe d’origine. En 1820, Boisprémaux raconte dans Mon oncle le Crédule, un voyage à Salon, où un des héros décrit l’épitaphe. Il s’agit vraisemblablement de celle qui fut rétablie sous l’Empire. [NDE : D’après les Chroniques de la ville de Salon par Louis Gimon, 1882, p. 708, une délibération municipale fit graver une inscription “l’an troisième de la Liberté”, afin de rendre hommage à leur concitoyen, et ce n’est qu’en 1813 qu’on la remplaça par l’épitaphe originelle d’Anne Ponsard, cependant reconstituée avec quelques variantes.] Retour

21 Des éditions des Centuries comportant la Vie de Michel de Nostredame comportent des erreurs VII, IX, X ou VII IX, XI au lieu de VII, XI, XII. Or, les centuries IX et X sont complètes. Retour

22 Le texte de Chavigny de 1594 précise que Michel de Nostredame servit trois rois tandis que sa version plus tardive ne se réfère qu’à Henri II. Retour

23 Voir Benazra, 1990, pp. 231 - 233. Retour

24 Sur ce frère, voir compte rendu des Vies des plus célèbres et anciens poètes provençaux (1913) de Jean Anglade par C. Pitollet, Revue des Langues Romanes, 1914, pp. 343 et seq. A l’instar des procédés, pratiqués au siècle précédent par Symon de Pharès, dans son Recueil des Astrologues, révélés par J. P. Boudet (op. cit.), il y est précisé (p. 348) : “Là apparaissent les personnages inventés par Nostredame (en 1575 ). Chabaneau a très ingénieusement découvert que le Moine des Isles d’Or est tout simplement l’anagramme de Reimond de Solies ou de Soliers, ami de (Jean de) Nostredame (...) De Haitze a écrit sa biographie et le personnage a beaucoup de traits communs avec le portrait que Nostredame a dessiné de son moine imaginaire.”. Retour

25 Editions 1693 (BNF, Ye 7377) et 1709 (BNF, Ye 7378), chez Jacques Morel. Retour

26 Au début du XVIIIe siècle paraîtront d’autres versions de la Vie de Nostradamus. Retour

27 Nous avons retrouvé le manuscrit de la Préface de la Concordance qui portait alors le nom de “Petit Abrégé de Nostradamus” (Bib. Institut, MS 820). Aucune différence notable sinon au début où l’imprimé comporte quelques pages qui manquent au manuscrit. Mais il est possible que ces pages aient disparu, car le manuscrit commence abruptement en milieu de phrase. Voir aussi in Catalogue de la succession de l’Abbé Rigaux, au n°14, un manuscrit du XVIIIe siècle intitulé : “La preuve des prophéties de Nostradamus” signé I.A.P., et comprenant entre autres la concordance des prophéties de ? Retour

28 Guynaud parle de l’ “Histoire des Guerres Civiles” de Chavigny, nom sous lequel était désigné le Janus Gallicus de 1594. Retour

29 Voir Benazra, 1990, pp. 329 - 330, notre Livre I et Abrégés, 2001, p. 55. Retour

30 Dans le catalogue du Fonds Chomarat, BM Lyon, et vraisemblablement dans la suite non publiée de sa Bibliographie Nostradamus. Retour

31 Parue à Aix, chez la veuve de Charles David & chez Joseph David. En 1664, Charles David avait fait imprimer à Aix l’Histoire Chronologique de Provence d’Honoré Bouché, BNF, Fol Lk2 1390. On y trouve des références à Nostradamus, voir Benazra, 1990, p. 236. Retour

32 C’est ainsi que Pierre Joseph a changé l’ordre de certains développements, ce qui pouvait donner l’impression, lors d’une première comparaison avec le manuscrit, qu’il avait rédigé les premières pages. En réalité, celles-ci se retrouvent en grande partie dans le cours du manuscrit. Cela nous évoque notre étude à propos de Merlin (reprise sur le Site Ramkat.free.fr). Retour

33 Voir Ruzo, 1982, p. 21, Archives départementales des Bouches du Rhône, Fonds 375 E n°2 (Giraud) des notaires de Salon registres 676, folios 507 à 512 et 675, non folioté. Retour

34 Sur la forme D M, voir aussi (VIII, 66) : “Quand l’escriture D.M. trouvée”. [NDE : César de Nostredame a reproduit le texte de l’épitaphe dans son Histoire et Chronique de Provence>, 1614, p. 804 A, et il utilise la forme D. M.] Retour

35 Voir l’épitaphe de H. Ottobonus, parent du pape in Election du Pape Alexandre VIII faite le 6 octobre 1689 etc., reproduit par C.F. Ménestrier, 1689, op. cit. Retour

36 Voir Benazra, 1990, p. 232. Retour

37 Cf. BNF, Ye 7379, voir Benazra, 1990, pp. 284 et seq. Retour

38 Cf. Premier “paradoxe”, p. XLV. Retour

39 Sur la famille de Nostradamus, voir E. Leroy, Nostradamus, Bergerac, 1972. Voir également l’article de R. Benazra, “Les Ascendants de Michel Nostradamus“ sur le Site du Cura.free.fr. Retour

40 Saint-Rémy est la ville de Provence où naquit Michel de Nostredame en 1503. Retour

41 Préface à la réédition des Prophéties, Lyon, 1555, Les Amis de Michel Nostradamus, Lyon, 1984, p. 7. Retour

42 On peut lire dans le Janus Gallicus : “Ceux là savoir les centuries s’étendent en beaucoup plus longs siècles dont nous avons parlé plus amplement en un autre discours sur la vie de ce mesme auteur qui bientôt verra la lumière où nous remettons le lecteur : ensemble au dialogue latin cy après sera rapporté”, ce qui semble renvoyer à un texte de l’ampleur de l' “Abrégé” de Tronc du Coudoulet. Retour

43 Voir l’édition des Abrégés aux Editions Ramkat. Retour

44 On y trouve copie de son Testament, texte qui conduisit Daniel Ruzo (1982) à diverses hypothèses. Retour

45 Curieusement, le manuscrit de la Bibl. Méjanes comporte certains passages biffés, alors que le texte de 1789 reproduit les dits passages. On peut donc penser que ce n’est pas ce manuscrit qui a été utilisé ou bien que le manuscrit a été biffé par la suite. Voir Benazra, Abrégés, 2001, p. 55. Retour

46 L’édition des Centuries, 1780, rétablira le texte de 1594, sans les variantes hollandaises, voir Halbronn, 1994.2. Retour

47 Cf. l’introduction de R. Benazra à l’Abrégé de la vie et de l’Histoire de Michel Nostradamus par Palamède Tronc de Coudoulet, Feyzin, Ramkat, 2001. Retour



 

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