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ANALYSE |
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Réflexions sur quelques pseudonymes
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La plupart des lecteurs de Nostredame considèrent comme définitivement prouvé que les Prophéties
relateraient des faits matériels précis, comme par exemple la mort du roi Henri II lors d’un combat amical
:
|
Le lyon jeune le vieux surmontera, En champ bellique par singulier duelle : Dans cage d’or les yeux luy crevera, Deux classes une, puis mourir, mort cruelle. |
Cependant, rien ne prouve que ce quatrain décrive la mort du roi,
comme tout le monde le croit encore. Car il n’est pas écrit qu’un vieux lion (qui serait-il d’ailleurs ?) surmontera
"le lyon jeune". Dans les Centuries, le mot vieux n’est jamais utilisé comme épithète
de Lyon, alors qu’il qualifie un monarque en III-47, un cardinal en VIII-68, un ange en VIII-69,
un teccon en IX-27 (i. e. un jeune saumon), un Pere Duc en X-15 ; et l’expression vieillart Taciturne (ou Bloys, i.e. bègue) dans la Paraphrase de Galien
désigne celui qui depuis toujours ne parle jamais bien que certains l’entendent, mais de son seul
oeil voit tout du haut des cieux, ainsi qu’on le lit dans l’Interprétation des Hiéroglyphes
:
Comment ilz signifioient Dieu Signifier voulant Dieu tout puissant Ilz faisoient paingdre ung oeil hault eslevé Pour ce qu’il est de veue transperceant Voit et regarde quant il est sublevé Dieu est sur toutz les haulz astres levé Qui considère et toutes chouses voit Rien de son oieil ne peult estre clavé Car, près ou loing, il nous entend et oyd. |
Haut vieillard en V-100, il surmonterait le "lyon jeune",
frappé du haut en II-92, mais son singulier duelle serait autant un combat comme celui de Jacob surmontant
Yavhé (Genèse, 32, 25-33) ou celui de Moïse (Exode, 4-24), que l’image d’un Janus à
tête double affligé pour son bien d’un trouble, d’un fâcheux mal comitial. Dans
une cage d’or on pourrait presque voir une chrysalide,
endormie dans un sarcophage (cf. vif ensevely en III-72) où la métamorphose d’une nymphe se prépare,
et qui aura les yeux crevés par l’évidence, le ressort de I-27 ; les têtes duelles divisées
(latin classis, division) une fois réunies (latin comitatus, accompagné) en une seule,
alors la nymphe pourra mourir (sachant qu’en II-13 le séraphin voit le jour de la mort mis en nativité),
c’est à dire naître à une nouvelle vie (comme la chrysalide devenue papillon ; cf. VIII-75), ce qui
explique la mort cruelle (du latin crudus, encore rouge, saignant, cru, non cuit) : la mort d’une vie léthargique
laissant la place à une vie faite de sang coulant, comme celle d’un phénix blessé (cf. anglais
to bless, bénir, blessed, bienheureux), devenu feu vif en III-72.
D’ailleurs, cette histoire bizarre et paradoxale de mort cruelle a aussi été exposée par Guillaume
Postel : " Il faut que par deux modes il soit mort voluntairement, et par deux necessairement. Voluntairement, et
non pas necessairement mourir, c’est le rapt ou l’ecstase, qui par force voluntaire d’eslever le coeur, ou pour mieulx
la mente, l’esprit, l’anime et l’ame à contempler prier et glorifier Dieu, se faict en tele sorte et par tele douleur
que le corps demeurant du tout comme mort, soufrant d’estre taillé, rompu, brisé et bruslé sans aulchune
douleur, jusqu’à ce que l’ame, anime et esprit et mente retournant au corps, luy faict sentir les douleurs qu’alors
elles se faisoient ne se sentoient. Nécessairement et non voluntairement mourir, c’est la reele mort (...) L’aultre
et voluntaire et invisible mort, est pour rendre le bien estre de parfaicte restitution à touts les premierement
damnes que nays, en les regenerant. C’est donc la volontaire et non pas necessaire mort, qui est pour monstrer à
la vérité comment l’homme est double en substance, sçavoir est l’invisible et intérieur qui
tout se peult tirer et extraire du sensible, le laissant comme mort, et puys retourner dedens, et luy rendre la vie, le
sens et la raison, de quoy durant le rapt il est privé." (Thrésor des Prophéties
de l’Univers, Chap. XXXI). Ce passage, s’il est bien lu attentivement, montre que l’auteur parle bien d’une "mort"
figurée, passagère, ni matérielle ni définitive, ressemblant encore à celle d’une éclipse
épileptique, troublant le cerveau d’un double vécu, comme celui d’Hercules revenu du royaume d’Hadès.
Ainsi, Nostradamus n’a donc jamais prévu la mort d’Henri II, et ceux qui le croieraient encore continueront toujours
à (se) tromper, comme (se) trompent aussi ceux qui reprochent à un auteur dyslexique (qu’il soit Nostredame,
un imitateur ou un faussaire) d’avoir écrit ces prétendues "prédictions-là-qui-n’ont-jamais-été-faites"
(celles auxquelles les gens croient ordinairement : d’obscurs complots politiques, des catastrophes en tout genre ou l’intervention
d’extra-terrestres).
" Nous avons identifié une pérégrination de Michel de Nostredame, inconnue à ce jour : la Hongrie (Pannonie)." Le mot seul ne prouve pas le voyage : donc ce n’est pas une pérégrination qui est identifiée avec le mot Hongrie (II-90, V-89, VII-9, X-62-63), mais seulement l’emploi d’un toponyme, voire d’un pseudonyme. De surcroît, la Pannonie de Nostredame (du grec Παιονια : Paeonie et Pannonie) recouvre un thème récurrent dans les Prophéties, à savoir la renaissance (procurée ici par une plante jadis utilisée dans le traitement de l’épilepsie : la pivoine, du latin paeonia, de Paeonius, le médecin des dieux ; cf. Homère, Odyssée, IV, 220-32 ; Iliade, XI, 511-15) ; cette renaissance étant entendue à l’image du phénix.
" ...que la référence à l’itinéraire
vers Budapest apparaît dans la dernière centurie, publiée en 1558, il est tentant de dater son expédition
en Hongrie de cette époque." Pour ne citer que les villes les plus éloignées les unes
des autres, Nostradamus mentionne encore Antioche (I-74), Corinthe (II-52, III-3), Memphis (X-79),
Fez (VI-54-80), Thunis (I-73, VI-53-54, VIII-50, IX-42, X-56), Augsbourg, Francfort, Londres
(I-26, II-16-51-68, IV-46-89, VI-22, VII-6, IX-49, X-66), Lubecq (IX-94), Nuremberg (III-53, VI-15), Wittemberg
(6-15), Gand (II-16-50, IV-19), Liege (IV-19), Mitilene (III-47), Syracuse (III-97), Bisance
(I-40, II-49, V-25-54-70-80-86, VI-21-53, VIII-83, IX-30), et pour les fleuves : Araxes (III-31), Ganges
(IV-51), Hister (II-24, IV-68, V-29), Tag (II-60, III-12, VIII-61) : pensez-vous sérieusement qu’il
se soit rendu dans tous ces lieux si éloignées les uns des autres ? D’ailleurs Ganges et Londres
sont certainement plus proches l’une de l’autre que la plupart des commentateurs ont pensé : ce sont deux villes
de l’Hérault (avec Saint-Martin et Notre-Dame-de-Londres), employées pour leur étymologie,
quelle soit populaire ou non. Ganges (Agantico en latin, parfois Aganthicum) est situé au
confluent de la rivière Vis et de l’Hérault, qui est un fleuve aurifère comme le fleuve indien du
même nom (Gesner, 1544), sujet à de subites et violentes crues, et débouchant
à Agde (du grec αγαθη θυχη : la bonne fortune confondu
avec le grec αχατης, latin achates, français agate elle
même un petit "trésor" : gaza en latin, du grec γαζα, du persan
ganzhi ; cf. hébreu GAN, jardin, enclos, et grec θησαυρος
: dépôt, trésor, prison souterraine). La double situation de la cité, aurifère et fluviale,
pourrait peut-être expliquer la confusion entre les deux mots, sachant que l’agate est une pierre précieuse
trouvée dans un fleuve sicilien du même nom, de même que la pierre de Gagas (grec γαγατης
: jais), et que le Gange indien, aurifère lui aussi, ressemble à ce mot grec, avec un redoublement du gamma
prononcé "an" (Γαγγης), comme dans gangrène (grec
γαγγραινα). Ganges a été associé par
d’autres auteurs au grec "acanthe" (ακανθος : arête,
épine), une fleur hermaphrodite symbolisant l’androgynie et la renaissance (qui sont les deux qualités d’un
phénix), comme l’illustre cette histoire légendaire de la corbeille de Callimaque rapportée par Vitruve
(IV, 1, 9), faisant naître une plante sur la tombe d’un mort. Quoi qu’il en soit, utilisé dans le contexte
nostradamien, Ganges convient à la bonne fortune d’une pépite, comme au renouveau procuré
par une inondation, voire par l’acanthe elle-même. Londres (de l’occitan *lona, lundris ,
lagune, mare ; cf. Loundris, in Onomasticon, Gesner, 1544), est aussi le pseudonyme de "marais",
une zone bien inondée, comme Maiotes (du grec Μαιωτις, de μαιοω
: accoucher, enfanter, allaiter, nourrir) désignant le Palus Méotide, un marais propice à la naissance
d’une race, depuis l’Ancien Testament (" Toutefois un flot montait de terre et arrosait toute la surface du
sol. Alors Yavhé modela l’homme avec la glaise du sol ", Genèse, 2-7) jusqu’à Hésiode
(" Ainsi parla Zeus... Il ordonna à l’illustre Héphaistos d’humidifer de la terre avec de l’eau, le
plus vite possible, d’y mettre une voix et une vigueur humaine,.." ; Théogonie, 570-591) ou Ovide ("
Cette terre le fils de Japhet la mélangea aux eaux pluviales et la façonna à l’image des dieux qui
règlent toutes choses " ; Métamorphoses, I, 78-88).
Ce qui vaut pour la Pannonie vaut également pour la Mesopotamie nostradamienne qui n’est évidemment
pas située entre le Tigre et l’Euphrate. J’écrivais dans Logodaedalia
(p. 205) "La Mefopotamie nostradamienne serait une sorte de promontoire entre deux mers
en I-77, voire une Anglaquitaine en IX-6". Car il faut encore se rappeler la Génèse (I,
6-8) : « Dieu dit : Qu’il y ait un firmament au milieu des eaux (...) et Dieu appella le firmament ‘ciel’. »
Pour élevé qu’il soit, ce firmament, ce promontoire est aussi céleste que spirituel, avec néanmoins
une correspondance matérielle, terreste et humaine, dans l’esprit du bibliophile de Salon : " ce que parauant
eftoit & eft grande cité, comprenãt le Pempotam la mefopotamie de l’Europe à
quarante cinq,& autres de quarante vng, quarantedeux, & trente fept,
" (Lettre à
Henry Second, p. 18). Ces lignes désignent assez parfaitement la situation allégorique de la péninsule
romaine berceau de l’Occident chrétien et de la Renaissance située entre deux mers : l’Adriatique
(du grec hadros, fort) et la mer de Ligure (du grec liguros, clair, mélodieux) qui donna son nom
au golfe du Lion. (Le Nord de l’Italie est à 45° de latitude Nord par Venise, Milan et Turin, tandis que le
Sud de la botte ne dépasse pas 38°, la Sicile au milieu de 37°, et entre 41 et 42° Rome se trouve à
41°53 minutes). Pempotam est une néoformation (par le grec pempas, pemptos, cinq, cinquième,
et potam, eau) qui pourrait être comprise ici comme la Cinquième Eau, la quintessence, ou comme une
puissance pompeuse (par le latin pompa, cortège, accompagnement quasi comitatus, et potens,
pouvoir) changeant le pompotans [pempotans] en VIII-97, d’un impotens Prince en IV-4. Et en X-100
ce pempotam se trouverait au sommet d’une Angleterre, une terre élevée à plus haut
sens, quasi pneumatique, entourée de Lufitains
pas contens (i. e. ni contenus
ni contestés ; Godefroy, 1885).
Enfin, rien ne prouve que les quelques villes françaises ou italiennes réellement visitées par Nostradamus aient nécessairement contribué aux Prophéties. Mais pour le voyage en Italie, dont personne n’a encore contesté l’existence, il aurait été intéressant par exemple de rechercher, et de savoir, s’il y aurait rencontré Guillaume Postel (lui-même, ou d’autres cabalistes), car c’est moins la fréquentation de la ville en elle-même que les expériences vécues et les idées rapportées qui comptent.
"La conséquence est que toute interprétation
isolée d’un des quatrains est une faute méthodologique grave. La généralisation de cette conclusion
est que l’exégèse suppose un regroupement des quatrains par thème." C‘est
bien ce que j’ai déjà longuement démontré dans Logodaedalia,
mais la généralisation de cette conclusion - sur l’exemple des énigmes logiques de Lewis Carroll
- m’a conduit à ne plus retenir que quelques thèmes, deux ou trois au maximum, voire un seul : à
savoir la renaissance de la religion après sa lente agonie (cette dernière ayant débuté à
la Renaissance précisément, pour finir pendant la période de la Révolution française)
avec élection ultérieure d’un nouveau messie, et tout le reste découlerait de cette unique prophétie,
comparable à celle que faisait Guillaume Postel lui-même dans plusieurs de ses ouvrages.
Jacques Halbronn :
" En ce qui concerne lannonce de la mort
dHenri II, il faut bien avouer, comme nous y invite « Connetable », que la référence explicite
à Gabriel dOrges (Montgomery), au quatrain (III.55), est suspecte" :
|
En l’an qu’un oeil en France regnera, La court fera à un bien fascheux trouble Le grand de Bloys fon ami tuera: Le regne mis en mal & doute double. |
En rappelant ce qui a été dit précédemment, que pour être grand et borgne
le taciturne ne pourrait être Dieu lui-même,
à l’image de Yavhé tentant de faire mourir son ami Moïse, troublé mais franchissant un
passage entre deux eaux. Le recours aux Ecritures permet ainsi au bibliophile de se passer de la petite histoire,
pour ne se consacrer qu’à la grande.
" Signalons enfin quil serait éminemment souhaitable, de la part de ceux qui veulent répliquer
efficacement, de prendre connaissance du contenu de notre thèse dEtat (Le texte prophétique en France,
formation et fortune, Presses Universitaires du Septentrion et sur microfiches dans toutes les bibliothèques
universitaires) où lon trouvera des arguments qui ne figurent pas dans les Documents Inexploités,
notamment en ce qui concerne le recours à des mots en majuscules dans les éditions Macé Bonhomme de
1555."
Peut-être..., mais chaque auteur qu’il soit simple soldat ou capitaine d’université a apporté une contribution, même modeste, voire plus ou moins erronée (sans épargner les plus savants). C’est ainsi que tous les éxégètes, même les plus enfadassés, ont contribué depuis l’origine à maintenir un intérêt soutenu pour l’auteur des Prophéties. Mais plus le temps passe, plus on approche, et maintenant à grands pas, d’une solution logique de l’énigme, et moins les interprétations fantaisistes et non démontrées pourront se maintenir sans friser le ridicule.
" Sait-on ainsi de quand date la première mention en français et en anglais dun quatrain des Centuries et notamment du verset consacré au Sénat de Londres ? Nous avons trouvé ce document. Avis aux chercheurs !"
C’est bien d’avoir trouvé un document, mais dans les Prophéties
le "Senat de Londres" n’est pas sur la Tamise, pas plus que les "Ifles Britanniques"
ne sont outre-Manche, et Ganges sur l’Ocean Indien. Pour le savoir, on devra appliquer le conseil précédent
: lire, retenir et méditer dans une étude approfondie, les bons auteurs in extenso, qu’ils soient
en bibliothèque, ou même sur le Web. Je viens moi-même de trouver récemment un document permettant
de remonter à l’origine d’un quatrain latin, commençant par "Volventur saxa..." dans la
Paraphrase de Galien,
reproduit dans un ouvrage cartographique d’Abraham Ortelius publié en 1570. Chacun pourra maintenant le consulter,
gratuitement et sans se déplacer, à ces pages en
latin, ou traduit en
français. Et on comparera la traduction française faite en 1584, avec celle que donna dans une étonnante
édition le perspicace Brind’Amour (Droz, 1996, p. 277) curieusement indifférent à l’ablatif
absolu et au subjonctif présent pensant que le médecin de Salon comprenait moins bien que lui les
auteurs latins (alors que le sisyphéen bibliophile a probablement dû reconnaître deux fleuves aurifères
dans le Gange et le Tage, chacun roulant leurs pépites aux deux extrémités de l’univers précolombien).
" Un autre problème lié à la Centurie IV est relatif à la ville
de Tours, ... le 46e de cette Centurie - « Garde toy Tours de ta proche ruine » ". Là
encore Tours, comme Paris ou Bloys, n’est qu’un pseudonyme (latin turris, édifice élevé)
servant d’antithèse c’est, avec le pléonasme, une des figures préférées de Nostredame
(cf. mer Tyrrenne en III-62, Angleterre en X-100, ifle de Samos dans la Paraphrase)
à une ruine, un prolapsus comitial de ce divin mal dont le médecin recommande de se
"garder", c’est-à-dire, non pas d’éviter, mais de faire attention, d’attendre, de surveiller,
de conserver, de protéger (du francique *wardon, allemand warten, anglais to ward ; DMD,
1993), sinon de guérir (du francique *warjan, allemand wehren, protéger). Cette acception
démodée du vieil langage (VI-4) est nécessaire pour expliquer les autres occurences du verbe
garder :
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Garde toy Roy Gaulois de ton neueu Qui sera tant que ton unique filz Sera meurtry a Venus faifant voeu, Accompagné de nuict que trois & fix. |
Mot-clés : garde : protège, occupe toi de ...; ton neveu : du latin nepos, petit-fils ; unique fils : le nom égyptien du phénix a été transmis par les hébraïsants de langue latine jusqu’à la Renaissance, pour désigner un fils éternel et unique, lumineux et igné : " Ben. filius vel filiatio. ; Benir. filius incêdês vel filius lucidus feu filius luminis aut filius igneus. ; Bennum. filius feruus vel filius pifcis fiue filius vnicus aut filius sempiternus. (Jérôme, 1513, Interpretationes Nominum Hebraicorum) ; " vel quod sit in toto orbe singularis et unica. Nam Arabes singularem "phoenicem" vocant. " (Isidore, Etymol., XII, 7, 22) ; meurtry à Vénus faisant voeu : blessé d’amour pour sa fiancée (femme efpoufée en I-88, vnion faincte en VI-20), une conception que chacun peut épouser (adulterine d’ame en VIII-70) dans la foi (cf. Denys Aréopagite, Les Noms divins, III, 11-17) ; accompagné : (cf. latin comitatus, servus) esclave de Dieu dans une "comitiale agitation Hiraclienne".
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Romain Pontife garde de t’approcher De la cité qui deux fleuues arroufe, Ton fang viendra auprès de là cracher, Toy & les tiens quand fleurira la rofe. |
Mots-clés : garde, protège ; la cité
qui deux fleuves arrouse, c’est la Mésopotamie nostradamienne, la Jérusalem céleste, le firmament
entre deux eaux ; le sang, c’est le symbole sacré de la génération ; cracher c’est
quasi éjaculer le crachat divin d’Atoum (Cf. Rabelais, Briefve Declaration : " Fol.15. b. Si
Dieu y eust pissé. Cest une maniere de parler vulgaire en Paris & par toute France entre les gens simples,
qui estiment tous les lieux avoir eu particuliere benediction, es quelz nostre seigneur avoit faict excretion de urine,
ou aultre excrement naturel, comme de salive est escript Joannis 9. Lutum fecit ex sputo. ") ; la rose,
symbole accompagnant le mariage, la naissance, et la résurrection des morts (c’est pendant les rosaria du
mois de mai, fête du culte des Manes, que les Romains fleurissaient les tombes avec des roses).
De ces deux quatrains, mêlant le sang à l’amour, on pourrait rapprocher ce texte de Gertrude d’Helfta, mystique
allemande du XIIIème siècle (Oeuvres spirituelles I) : "Vox Christi
: In spiritu sancto meo desponsabo te, inseparabili unione ad me astringam te. Tu eris hospes mea, et ego te recludam
in mea vivida dilectione. Vestiam te nobili purpurea mei pretiosi sanguinis
; coronabo te auro electo meae amarae mortis". (Dans mon esprit sain, je t’épouserai, je te lierai à
moi par un lien inséparable. Tu seras mon invitée, et je t’enfermerai dans
mon amour vivant. Je te vêtirai de la noble pourpre de mon précieux sang,
je te couronnerai de l’or choisi de ma mort
amère.)
" En ce qui concerne la réponse de « Connetable » à nos travaux, il ne semble pas quelle ait été nourrie par une étude approfondie de nos arguments, la preuve étant quil développe des points que nous avions réfutés par avance dans nos Documents Inexploités, mais a-t-il lu cet ouvrage ou sest-il contenté de ce qui est paru sur les websites ?"
Nous n’avons pas l’intention de soutenir qu’il n’y a jamais eu de faussaires, ni d’imitateurs, ni même de réutilisations politiques toujours réitérées des Prophéties. Donc, en cela le travail de Jacques Halbronn reste intéressant, sinon indispensable. Cependant ses conclusions finales sur le texte des Prophéties (qu’il s’agirait de seules contrefaçons) ne sont pas probantes, car elles se fondent sur des interprétations du texte elles-mêmes toutes erronées. Avant la publication de Logodaedalia par mes soins, l’hypothèse de seules Prophéties contrefaites pouvait encore être plaidée, sur la base de ces interprétations incohérentes, mais aujourd’hui ces dernières s’écroulent une par une, sauf dans la tête de quelques irremédiables hallucinés. Et il faudra bien que Jacques Halbronn reconsidère tôt ou tard ses orientations : ou bien se limiter à l’étude politologique voire sociologique des anciennes interprétations matérialistes jusqu’à ce jour toutes impertinentes (c’est un travail d’historien tout à fait honorable), ou bien accepter de nouvelles interprétations, radicalement différentes et novatrices, à l’issue d’une véritable analyse lexicale éloignée d’une lecture strictement politicienne, et les élever à plus haut sens, beaucoup plus haut.
En conclusion, il faudrait maintenant faire un effort pour porter sur le Web les meilleures études possibles sur Nostradamus, plutôt que les cantonner à des cercles confidentiels d’initiés. La raison principale est que trop de navrants et stériles propos sur les Prophéties et leur auteur (en particulier sur les sites anglophones, atteignant un délire sans pareil, démesuré) continuent de circuler partout sans contrepoids sérieux, et il conviendrait que les lecteurs entendant exactement la langue de Renaissance du médecin salonnais osent s’exprimer, après avoir pris connaissance du contexte mental spirituel et dyslexique de leur auteur. On regrettera donc que certains lettrés approuvant les interprétations matérialistes historiques laissent ainsi le champ libre aux ignorants, mais probablement ont-ils peur de se faire remarquer en se commettant avec un sujet sulfureux, ou craignent-ils un amalgame injustifié avec des bonimenteurs, alors qu’ils pourraient contribuer à enrichir nos études, tout en élevant leur réflexion. Car nous avons désormais ouvert le seul chemin qui conduise à une solution compréhensible de l’oeuvre nostradamienne dans son ensemble : celui de son analyse systématique, lexicale et psycholinguistique. Laissez-donc tomber toutes ces interprétations matérialistes ou magiques, aspirez à plus haut sens, ouvrez la porte, suivez le chemin et rejoignez-nous.
Dr. Lucien de Luca
Bibliographie
DENYS L’AREOPAGITE
Oeuvres complètes du Pseudo-Denys l’Aréopagite. Traduction, commentaires et notes par Maurice de Gandillac.
1943 AUBIER
DUBOIS J., MITTERAND H., DAUZAT A.,
Dictionnaire étymologique et historique du français.
1993 Larousse
GESNER Conrad
Onomasticon propriorum nominum, virorum, mulierum, sectarum, populorum, idolorum, syndrum, ventorum, vabium, marium, fluviorum,
montium, et reliquorum, ut sunt vici, promontoria, stagna, paludes, etc. / nunc primum cum ex Calepini, tum ex aliorum
doctorum dictionariis partim à Conrado Gesnero Tigurino,...
1544 Basileae
http://gallica.bnf.fr/scripts/ConsultationTout.exe?O=N093864&E=0
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GERTRUDE D’HELFTA
Oeuvres spirituelles.
1967 Cerf
GODEFROY Frédéric
Dictionnaire de l’Ancienne Langue Française et de tous ses dialectes, du IXe au XVe siècle.
1885 F. VIEWEG Editeur; 1983 Slatkine
POSTEL Guillaume
Le Thrésor des Prophéties de l’Univers.
Manuscrit publié, avec une introduction et des notes, par François Secret.
1969 Martinus Nijhoff, La Haye
VITRUVE
Les dix livres d’architecture de Vitruve / Corrigez et trad... en françois
1673 , J.-B. Coignard
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