Davin, fils de Vital de Carcassonne,
plus tard Arnauton de Vélorgues
bisaïeul paternel (branche paternelle)
de Nostradamus


   D avin, fils de Vital de Carcassonne, passe son enfance et son adolescence dans un climat de désolations, provoqué par les luttes incessantes entre partisans des antipapes et défenseurs des pontifes romains. Malgré une situation économique très difficile, son père ne peut que l'initier au commerce, puisque les Juifs, à cette époque et en Avignon, étaient contraint à exercer pratiquement que ces deux métiers : le négoce et le prêt à des taux dits « aimables ».

   C'est ainsi que nous rencontrons Davin engagé dans sa première transaction commerciale vers 1432. Les archives du Vaucluse nous renseignent sur son mariage, avec Venguesete ou Venguessonne. Son père Vital confirme aux deux conjoints certaines clauses de leur contrat de mariage. Notamment, pendant dix années, dont neuf sous le toit familial, gîte, couvert et habillement leur seront assurés, et la dernière année, les jeunes mariés recevront de l'argent. En retour, Venguesete, la femme de Davin, renonce en faveur du beau-père aux 150 florins de sa dot.

   Il semble que le jeune Davin, bisaïeul paternel de Nostradamus, ait eu un caractère assez coléreux et emporté. En effet, en avril 1431, il a un différent avec un chrétien, Georges Michel, de Saluces, pour avoir proféré des injures envers ce dernier. Pour éviter un procès, Davin fera des excuses au plaignant, un parent du pape Clément VII. Par la suite, à partir de 1438, et durant quinze ans, on lit en tête de presque tous les actes notariaux concernant Davin : « alias Borra », c'est-à-dire « la Rixe ». Ce surnom péjoratif est certainement une sanction des tribunaux pontificaux à l'égard du jeune juif quelque peu bagarreur.

   Les notaires avignonnais nous apprennent que Davin de Carcassonne, jusqu'en 1453, est toujours marchand de blé, d'huile ou de vin, et qu'il assure aussi des prêts modestes, jusqu'à 30 florins.

   Par testament de son père, en date du 4 août 1451, Davin doit hériter d'une vigne de 7 éminées située sur le terroir d'Avignon ainsi que d'une loge placée dans la partie supérieure de la Synagogue.

    L'éminée d'Avignon valait entre 8 et 9 ares.

   En outre, puisqu'il n'a touché que 50 florins sur les 100 promis par contrat de mariage, il commencera à percevoir ce qui lui est encore dû, une année après le décès de son père, sur la base de 10 florins par an. Si son frère Jacob meurt sans enfants mâles, ou si ceux-ci se trouvent en pupillarité, le testateur lui substitue en premier lieu Davin ou ses descendants, à défaut Mossone, leur sœur.

   Est-ce la résidence forcée dans le ghetto, les conditions de vie précaires, le port infamant de la rouelle et toutes les restrictions imposées par l'Eglise à la communauté juive qui ont amené Davin à embrasser la foi chrétienne ? On ne saurait le dire aujourd'hui.

   Mais, ce sont donc trois documents tirés des archives du département du Vaucluse qui viennent nous confirmer la conversion au catholicisme du Juif Davin de Carcassonne.

   Ainsi, à la fin de la reconnaissance d'une dette, datée du 26 octobre 1453, on peut lire :

   « l'acte... fut cancellé... avec l'accord du créancier cité plus haut, juif à l'époque de la lecture à haute voix du dit acte, maintenant chrétien, nommé Arnauton, comme marque de paiement et d'acquittement... »"

   Quelques mois après, deux nouvelles cancellations confirment et complètent la précédente. En marge de ces deux reconnaissances de dette, du 3 octobre 1452 et du 14 novembre 1454, on trouve inscrit :

   « ... Arnauton de Vélorgues, néophyte nommé tant qu'il était juif Davin fils de Vital, de Carcassonne... »

   Ainsi, l'arrière grand-père du futur astrologue salonnais hérite d'une nouvelle identité. Sans doute est-elle due à la personnalité d'Arnauton de Montjoie, conseiller du Cardinal de Foix et coseigneur de Vélorgues, qui voulu prendre sous sa protection le récent converti ?

   Sa femme, Venguesete, n'a pas voulu suivre son exemple. Il l'a donc sûrement répudiée, puisqu'il est fait mention de sa seconde épouse, Marie, en juillet 1564. Cette dernière donne sans doute à son mari au moins un garçon, Tristan, qui, en 1521, fait partie des défenseurs de Marseille, lors du siège entrepris par le connétable de Bourbon, à ce moment à la tête des troupes de Charles-Quint.

   En décembre 1455, Arnauton de Vélorgues se trouve à Carpentras, au domicile de Pierre de Nostredame, « appelé lorsqu'il était juif Vidon Gassomet ». Ce dernier institue le cardinal de Foix, légat du pape, son héritier universel, et au nombre des témoins apparaît Arnauton de Vélorgues.

   Les documents parvenus jusqu'à nous montrent l'ancien courtier juif qui poursuit ses activités de négociant en grains et de prêteur jusqu'en 1473. Après cette date, nous ne trouvons plus trace d'Arnauton de Vélorgues. On peut présumer qu'il est décédé peu après, vers la soixantaine.

   Si, depuis l'été de 1467 jusqu'à l'hiver de 1470, on perd un peu de vue, dans les actes notariés, Arnauton de Vélorgues, par contre, on retrouve son fils, un certain Pierre de Nostredame, appelé Crescas de Carcassonne avant sa conversion au catholicisme.

 

Venguessonne, première épouse de
Davin de Carcassonne


   L a mère de Crescas de Carcassonne, alias Pierre de Nostredame, était une juive nommée Venguessonne, signalée comme décédée déjà en 1468, et que son frère Walter de Falérenque s’occupait cette année-là de régler la succession.

   En effet, le 2 mai 1468, Pierre de Nostredame reçoit une procuration de son frère, Walter de Falerenque, afin de recevoir la part de la dot qui lui revient, de Venguessonne, leur mère décédée, à prendre sur l ’héritage du père défunt de Walter, ainsi qu’il résulte de l'acte d'un notaire de Genève, conservé aux archives de Vaucluse.

   Leur mère Venguesete, devenue Venguessone avec l’âge, veuve ou divorcée, avait donc déjà, au moment de son mariage avec Davin, fils de Vital de Carcassonne, au moins un enfant du premier lit.

   Le même jour, le même notaire enregistrait une donation de Walter de Falerenque à son frère Pierre de Nostredame de ses biens, meubles et immeubles, présents et futurs. Vice-versa, Pierre de Nostredame fait pareille donation audit Walter de tout ce qui lui revient du fait de sa mère, dans le cas où il viendrait à décéder sans enfants avant ledit Walter.

   C’est sans doute cet héritage de sa mère qui permit à Crescas de Carcassonne, alias Pierre de Nostredame, d’acheter, un an plus tard, l’usufruit d’une maison située en Avignon, paroisse Notre-Dame-la-Principale, dans la rue qui allait de la chapelle Notre-Dame d’Espérance vers le plateau Saint-Didier.

   Voir ci-après notre Tableau généalogique n° 2 :

Généalogie de Davin de Carcassonne

 

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